L’Europe peine à faire face au vieillissement de la population agricole, malgré une attention croissante accordée à cet enjeu. Certaines initiatives, nationales ou privées, montrant néanmoins la voie à suivre.
L’agriculture européenne souffre d’une importante baisse démographique. Et pour cause : près d’un tiers des agricoles de l’UE sont gérées par des agriculteurs de plus de 65 ans. Plus alarmant encore, 90 % des agriculteurs approchent de l’âge de la retraite et les jeunes agriculteurs ne représentent en tout et pour tout que 6 % de la communauté agricole européenne. Aussi se pose une question cruciale : comment assurer la relève dans un secteur peu attractif, et pourtant en plein bouleversement.
« Aujourd’hui les jeunes agriculteurs se sentent seuls et bien souvent, même s’ils sont préparés d’un point de vue académique, ils ne parviennent pas à imposer un changement de cap à l’exploitation familiale. Même s’ils sont propriétaires sur le papier, dans les faits, ce sont leurs parents qui continuent à prendre les décisions », explique Giuseppe Savino, fondateur du hub rural VàZapp’, qui met en contact des jeunes agriculteurs.
Ces difficultés sont présentes partout en Europe. Unrapport de la Banque mondiale sur l’état de l’agriculture croate, note ainsi que transformation structurelle en cours dans le secteur agroalimentaire a engendré un exode rural considérable — en particulier au sein de la jeune génération. Et ce en dépit du fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).
« Au vu des grands changements qui ont marqué la situation économique croate ces dix dernières années, les producteurs doivent réagir rapidement. S’associer est très probablement la clé du succès. Mais, le manque de respect mutuel et l’absence de main d’œuvre dans le secteur restent encore une grande difficulté à surmonter », souligne Josip Vrbanek, membre de la chambre croate de l’agriculture.
Si Bruxelles n’a pas encore trouvé la panacée, le renouvellement générationnel est pressenti comme étant une des 9 grandes problématiques de la nouvelle politique agricole commune (PAC). Avec des mesures comme des aides au revenu, une plus grande flexibilité administrative, la facilitation de l’accès et des transferts de terres et surtout la facilitation d’accès au crédit l’Union européenne tente de contrer cette bombe à retardement démographique.
Mais certains états membres prennent les devants. En Italise, par exemple, a pris le taureau par les cornes, avec des mesures comme l’« aide au démarrage d’entreprises pour les jeunes agriculteurs ». Résultat, les jeunes sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure (on compte aujourd’hui 55 000 exploitations dirigées par des agriculteurs de moins de 35 ans). Une entreprise nouvelle sur trois y est dirigée par un jeune.
Au peut également citer le récent programme Erasmus +, qui permet déjà aux élèves agriculteurs de quitter leur pays d’origine pour aller compléter leur formation dans un autre état membre. Les initiatives de la société civile permettent également de redorer l’image du secteur, de rompre avec l’isolement des exploitants et de partager les bonnes pratiques, à l’image de VàZapp’.
« Notre rôle est d’abord d’écouter. Je suis moi-même agriculteur et je sais qu’aujourd’hui, les paysans se sentent seuls et ne sont pas écoutés. C’est pourquoi nous avons inventé les « Contadinner » (la contraction des termes « contadino », qui signifie paysan en italien et « dinner », dîner en anglais), des dîners organisés chez les agriculteurs, au cours desquels chacun est libre d’exprimer des idées, des problèmes, des visions », explique Giuseppe Savino.