
Une meilleure compréhension des impacts du changement climatique sur l’agriculture passe par le développement d’Indicateurs AgroClimatiques fiables.
L’impact du changement climatique est particulièrement visible sur le monde agricole. Aussi, l’anticipation d’une météo parfois dure à lire est un élément clé pour le maintien de la production agricole et de la sécurité alimentaire dans un contexte évolutif et face à une population croissante. Le climat plus chaud et plus sec, plus variable et plus extrême, la montée en fréquence d’années atypiques, voilà autant d’enjeux auxquels sont confrontés nos paysans.
« La température en Champagne a grimpé de 1,2 °C en trente ans, 2018 étant l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les récoltes sont avancées de 18 jours. En 2003, 2007, 2011, 2017, 2018, on a commencé à vendanger en août ! Cela n’était arrivé qu’une fois auparavant, en 1893 ! », notait ainsi Gilles Descôtes, le chef de cave de la maison Bollinger lors du colloque Solutions for the Wine Industry à Porto en mars dernier. Pour lui, il est nécessaire de mieux comprendre ces changements.
A cette fin, le partage et l’analyse données météorologiques est le nerf de la guerre, et permet de développer des Indicateurs AgroClimatiques (IAC) pour aider nos agriculteurs au quotidien. Ces donnes permettent en premier lieu d’adapter les outils qui sont utilisés dans nos champs. Et ce d’autant que les IAC se basent sur des données très précises – les mêmes ont servi à la rédaction des rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)
Les IAC sont déterminés grâce aux données calculées « station par station ». Ces dernières sont « très précises, et produit donc des méthodes de projection réalistes par secteur géographique » explique Olivier Tourand, agriculteur actif dans la région de la Creuse (France). « Ainsi chaque agriculteur peut anticiper et savoir dans quelle direction faire évoluer son système. C’est un conseil localisé. Par exemple, pour les sécheresses, si ces événements deviennent plus fréquents, on peut prendre des décisions à intégrer dans nos pratiques ».
Rendre toutes ces donnes accessibles et intelligibles permet de faire le bilan de l’année grâce à des indicateurs pour les céréales, le maïs, la vigne… Ils vont du nombre jours de gel au stress hydrique, et aident les agriculteurs à prendre de bonnes décisions sur leurs terrains. En outre, la recoupe de plusieurs indices permet d’anticiper les phénomènes à venir – par exemple la première gelée d’automne avec la température et la pluviométrie, la pousse de l’herbe.
Elle permet aussi plus largement d’anticiper les scénarios d’évolution climatiques pour des régions d’agriculture. Les personnes qui y travaillent ne seraient ainsi plus seulement dans la réaction face aux aléas climatiques (températures, précipitations, évapo-transpiration potentielle) ils auront une vision des cycles climatiques en cours, mais aussi des perspectives qui s’offrent à l’échelle parcellaire et en fonctions des types de cultures qui y sont pratiquées.
Pour Olivier Tourand : « En 2019 et 2020, l’objectif sera aussi de faire prendre conscience au maximum d’acteurs du développement agricole qu’il est souhaitable de prendre en compte ces données ».