Avec des rendements élevés et une bonne qualité de grain, tout semble au beau fixe pour le secteur du blé français en 2019. Et pourtant, les prix dégringolent.
Beau score pour le blé français : avec 76,1 q/ha de rendement en blé tendre, selon les dernières estimations du service statistique du ministère de l’agriculture, cette année est de fait l’une des plus rentables depuis longtemps. Malgré un gros coup de chaud au mois de juin, qui avait provoqué certaines frayeurs, la quantité et la qualité sont là. Avec une récolte estimée à 38,2 Mt 2019 voit une augmentation de 12 % sur un an et de 8,1 % par rapport à la moyenne 2014-2018.
« La moisson s’avère être bonne, voire exceptionnelle, tant au niveau des rendements que de la qualité », s’est félicité, le 20 août, Eric Thirouin, le président de l’Association générale des producteurs de blé. « Avec les 38,2 millions de tonnes de blé tendre estimées par Agreste, voire plus de 39 selon nos dernières estimations, et la très bonne qualité du grain, la France devrait pouvoir rivaliser avec ses principaux concurrents sur le marché international », note-t-il.
Mais le tableau n’est pas non plus tout rose pour les agriculteurs hexagonaux. « La conséquence directe de l’augmentation de la production mondiale c’est que les prix restent faiblement rémunérateurs. Au vu des baisses de prix affichées aujourd’hui, nos résultats ne devraient s’améliorer que très légèrement cette année ! Ils étaient de 15 000 euros l’année dernière soit à peine un SMIC mensuel », a tempéré Eric Thirouin. En effet les cours du blé tendre ont dévissé de plus de 10 €/t en 15 jours en août. Et ce alors que la production de blé dur baisserait sur un an de 17,7 %, du fait des diminutions des surfaces.
Les résultats ne sont en effet pas que bon en France ou en Europe – la concurrence des productions venues de la Mer noire impacte également le marché. Il s’agit de l’exact situation inverse à celle de l’an passé, où la récolte de blé tendre avait été en recul par rapport à l’année précédente à cause des aléas climatiques, et où les prix avaient en conséquence bondi (200 €/t sur le marché à terme Euronext).