
La renégociation des accords commerciaux entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis après le Brexit pourrait se traduire par un recul de la sécurité alimentaire. Une version des faits vivement démentie par Washington, qui accuse l’Europe de conservatisme.
Après le Tafta, c’est au tour de Brexit de susciter un questionnement sur la sécurité alimentaire des européens – ici des britanniques, en passe de quitter l’Union européenne. Le Royaume-Uni prépare en effet les futurs accords commerciaux qui régiront ses relations commerciales une fois sortis du cadre négocié par Bruxelles. Un des pays avec lequel Londres compte beaucoup pour compenser ses pertes sur le marché européen du fait du Brexit est l’ami américain. Les Etats-Unis ont en effet vocation à devenir un partenaire de premier plan pour le Royaume-Uni.
Dans cette perspective, l’Administration américaine fait connaitre les préalables à la négociation à venir autour d’un accord de libre-échange avec Londres. Or, au chapitre des biens agricoles, Trump demande aux britanniques « d’éliminer les pratiques déloyales qui diminuent les opportunités d’accès au marché des produits américains ou distordent les marchés agricoles ». Il poursuit en demandant « des engagements spécifiques pour les produits agricoles issus des biotechnologies ».
Une demande soutenue par l’ambassadeur américain au Royaume-Uni dans une tribune publié le 1er mars dernier. Pour Robert Wood Johnson, il faut remettre en question le « musée de l’agriculture » de l’Union européenne. « On vous présente une fausse alternative », dénonce-t-il. « Soit garder les directives européennes, soit vous retrouver noyés sous les produits américains de basse qualité ». Une vision, qui, d’après lui présente une image erronée des produits issus de l’agriculture américaine.
D’après lui, la position européenne écarte les innovations d’une agriculture moderne, basée sur des progrès technologiques. Elle est basée sur un conservatisme regrettable. Son plaidoyer n’a toutefois pas convaincu la Première ministre Theresa May. Cette dernière a réagi dans un communiqué, précisant « qu’il a toujours été très clair que nous n’abaisserions pas nos standards alimentaires lors d’un futur accord commercial ».
Même son de cloche pour les éleveurs britanniques de poulets du National Farmers Union (NFU), vent debout contre le risque de voir du poulet au chlore revenir au Royaume-Uni (il a été interdit par un texte européen datant de 1997). « Produisez une nourriture selon nos standards et alors nous aurons un accord commercial » assénait ainsi Minette Batters, représentante du syndicat agricole. Ces derniers avancent également des défaillances en termes de bien-être animal, outre-Atlantique.
Pour rappel, en 2005 l’Agence européenne de la sécurité des aliments avait rendu un avis estimant que « l’utilisation des solutions antimicrobiennes ne remplace pas de bonnes pratiques hygiéniques ». En France, l’AFSA (aujourd’hui Anses) concluait également que « le recours au traitement antimicrobien des carcasses de volailles ne paraît pas justifié au regard du danger Salmonella ».