Deux ans après le vote du Brexit, les champs de Grande Bretagne sont en sous-effectif du fait de départs massifs de travailleurs d’Europe de l’Est. Une évolution qui inquiète le secteur de l’ agriculture britannique.
Le Brexit n’est prévu que pour le 29 mars 2019, mais ses effets commencent déjà à se faire sentir au Royaume-Uni. « Les récoltes pourrissent faute de main-d’œuvre », alerte la NFU, premier syndicat agricole du Royaume-Uni. Après une baisse de 12 % des effectifs de saisonniers l’an dernier, les candidatures de cueilleurs ont chuté de 50% cette année, si bien qu’il manque 4 000 travailleurs sur les champs britanniques.
Un développement logique, quand on sait qu’un salarié agricole sur cinq au Royaume-Uni est un immigré européen, d’après l’Agriculture and Horticulture Development Board. Mais dans certaines exploitations maraîchères, jusqu’à 90 % des saisonniers viennent de l’est de l’Europe – dont les deux tiers de Roumanie et de Bulgarie. Ces derniers, découragés sur les incertitudes qui accompagnent le risque d’un Brexit « dur », tournent de plus en plus leur attention vers d’autres pays.
« Nous savons que les travailleurs européens quittent le pays à cause de l’incertitude à laquelle ils doivent faire face », indiquait au journal Kevin Green, le président de la Confédération du recrutement et de l’emploi. « Nous avons besoin de clarté quant au futur système d’immigration. Sinon la situation se détériorera et les employeurs devront faire face à un manque de main d’œuvre encore plus grand » estime-t-il.
Mais ce désintérêt croissant s’explique aussi par d’autres facteurs. « La chute de la livre sterling, depuis le vote du Brexit en 2016, a rendu le travail au Royaume-Uni moins attractif pour les étrangers », estime Philip Daniels, professeur de sciences politiques à l’université de Newcastle. « Ce phénomène est accentué par l’amélioration relative des conditions d’emploi pour ces travailleurs dans leurs propres pays. »
« Le Brexit renvoie l’image d’un pays nettement moins accueillant », déplore M Daniels. C’est dans les régions agricoles de l’est que le vote pro-Brexit a été le plus fort, observe-t-il. « La main-d’œuvre européenne y est pourtant vitale. » Un avis partagé par la NFU, qui annonce que beaucoup d’exploitations « seraient incapables de survivre » à un Brexit dur.