La production française de blé tendre en 2016 n’a atteint que 28,47 millions de tonnes – soit une chute de 30,3% par rapport à l’année précédente. Une étude à mis à jour les causes de ce mauvais rendement, qu’elle impute à des conditions climatiques qui pourraient devenir plus fréquentes à l’horizon 2050.
En France, l’année 2016 a été marquée par une moisson de blé tendre désastreuse. Un bilan qui a inquiété les acteurs de la filière, le pays étant le premier producteur de blé tendre de l’Union européenne. Avec à peine 28,47 millions de tonnes, cette année avait été marquée par une baisse comprise entre 20 % et 50 % dans le principal bassin de production français. EN outre, le poids spécifique des épis était lui aussi « particulièrement bas » – il faut donc plus de blé pour avoir la même quantité de farine.
« Nous n’avons pas enregistré de tels rendements depuis 1983 », avait à l’époque commenté Michel Portier, directeur général d’Agritel, société indépendante spécialiste en stratégies des marchés agricoles et agro-industriels. « De tels résultats ne se produiraient que tous les 1500 ans. » Un résultat pour le moins alarmant tant d’un point de vue alimentaire qu’économique : « une ferme céréalière moyenne de 120 ha pourrait perdre de l’ordre de 60 000 € ».
Aussi, un groupe d’agronomes de l’INRA et des climatologues du LSCE ont étudié les conditions qui ont mené à cette chute substantielle de production. Pour ce faire, ils ont analysé les événements climatiques extrêmes et leur impact sur la production de blé au cours de la période 1958 – 2016. Ils ont recoupé les résultats sur les années de faible rendement, afin d’identifier les phénomènes – et la saison durant laquelle ils se sont produits. Ils ont ainsi pu déterminer quelles avaient en commun un niveau de précipitations printanières et des températures de l’automne anormalement élevées.
Ils ont observé qu’une réduction de moitié du nombre de jours entre 0°C et 10 °C en automne (ils sont normalement 20 en moyenne, mais sont passés à 10 les années où les plus hautes pertes de rendement ont été enregistrées) s’accompagne de précipitations nettement supérieures à la moyenne en automne. Ces conditions climatiques qui sont amenées à être de plus en plus communes du fait du changement climatique – en particulier à l’horizon 2050. Cela s’accompagnera par une vulnérabilité accrue des cultures de blé.