Quelque 15.000 tonnes de kiwis italiens ont été vendus en France comme s’ils étaient français en trois ans, soit environ 10% des volumes annuels du marché.
Depuis trois ans, 12 % des kiwis vendus en France comme produits nationaux venaient en réalité d’Italie. Il aura fallu un an d’enquêtes à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes française) pour mettre à jour ce vaste réseau de fraude. En trois ans, ce sont quelques 15.000 tonnes du petit fruit vert qui ont été vendues sous une étiquette trompeuse, explique l’autorité.
Ce système « permet[tait] de vendre ces produits plus cher (…) alors qu’ils ont été achetés nettement moins cher », précise Virginie Beaumeunier, directrice générale de la DGCCRF. L’Italie bénéficie en effet d’une part d’une main-d’œuvre moins onéreuse. Elle autorise d’autre art l’utilisation de produits phytosanitaires, interdits en France. Aussi, lorsque l’Italie produit 400.000 tonnes de kiwis par an, la filière française n’en produit que 45.000.
« Nous n’utilisons pas de fongicide anti-pourriture après récolte, contrairement aux Italiens, pour garantir la conservation des fruits pendant plusieurs mois, donc nous avons plus de pertes dans les chambres froides, ce qui augmente nos coûts de production » précise François Lafitte, président de Kiwis, Fruits de France, l’association qui réunit les 1 100 producteurs de kiwis en France
De fait, le kiwi tricolore se vend autour de 0,70 centimes contre 0,50 pour le fruit italien. Aussi, on estime à six millions d’euros le magot total généré par cette fraude. Cinq grossistes français ont ainsi profité de cette « rente indue ». En revanche, ces fruits respectaient les doses maximales d’adjuvants à la culture fixées par la réglementation européenne – et sont donc sans danger pour les consommateurs qui ont été trompés.
« Le kiwi français est riche d’une valeur gustative et d’une valeur d’origine forte, car il répond à des normes sociales, fiscales et environnementales élevées » estime le BIK (Le Bureau Interprofessionnel du Kiwi). « Cette fraude est une concurrence déloyale pour les producteurs français et une tromperie pour le consommateur, qui se répercute une second fois sur les producteurs français si le consommateur est déçu et se détourne du kiwi français ». Ce dernier demande « des sanctions exemplaires »