La Commission européenne et les États membres ont ré-autorisé l’utilisation du cuivre comme produit de traitement agricole biologique – une décision très controversée du fit de la dangerosité avérée du produit.
En Europe, les règlements entourant l’agriculture bio permettent un recours à des composés du cuivre, dont le sulfate de cuivre, afin de traiter les cultures. Ce minéral sous sa forme ionique est le principal pesticide autorisé dans les cultures bio – l’UE permet un recours à des substances dérivés de sources naturelles qui n’ont pas été mêlées à des produits chimiques. Le principal représentant de ces bactéricides et fongicides « bios » est la bouillie bordelaise – un mélange de sulfate de cuivre et de chaux.
Le Comité permanent des plantes, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (SCOPAFF), qui se compose de la Commission et des États membres a créé la surprise ce mercredi, en délivrant autorisation d’utilisation pour les composés du cuivre. En 2015, en effet, ces substances avaient été inscrites sur la liste des « candidats à la substitution », tant la toxicité du minéral n’est plus à prouver, et leur licence devait expirer le 31 janvier 2018.
D’après la Commission elle-même, ces pesticides sont « particulièrement préoccupants pour la santé publique ou l’environnement » – et ce d’autant que le cuivre ne se dégrade pas. L’EFSA (Autorité européenne pour la sécurité alimentaire) et l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) avaient également toutes deux estimé que l’utilisation de cette substance comportait certains risques pour les agriculteurs, les oiseaux, les mammifères et les organismes du sol.
Les dérivés du cuivre s’accumulent en effet dans les sols et sont responsables des résidus les plus communément retrouvés dans l’alimentation bio. Mais le minéral est aussi responsable d’atteintes à ses écosystèmes. « Il existe des centaines d’études qui montrent que le cuivre affecte les communautés microbiennes des sols et des composants de la microfaune comme les collemboles », rappelle Didier Andrivon, pilote scientifique de la restitution de l’expertise collective (Esco) pour l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Il existe une croyance selon laquelle les dérivés naturels ont un moindre impact sur l’environnement et la santé. Un vœu pieux qui met en lumière un paradoxe : les agriculteurs peuvent utiliser des pesticides certes dérivés de sources naturelles et sans traitement approfondi, mais dont le caractère nocif est établi, alors qu’il existe une batterie de produits, certes chimiques, dont l’impact sur la santé et l’environnement est inexistant ou très restreint.