Il n’y aura finement pas d’interdiction progressive du glyphosate d’ici 2021 contrairement aux annonces du gouvernement français. La majorité parlementaire française a décidé, en accord avec l’exécutif ont décidé de retarder l’inscription dans la loi de cette échéance.
L’interdiction du glyphosate ne figurera finalement pas dans la loi Travert. Cet herbicide – le plus utilisé dans le monde – s’était retrouvé au cœur des débats l’an dernier, et si l’UE avait décidé de renouveler sa licence d’exploitation pour une durée de 5 ans, le Président français Emanuel Macron avait, lui, promis que le glyphosate serait interdit en France « dès que des alternatives auront été trouvées, au plus tard dans trois ans ».
Au cœur d’un large débat sur son hypothétique dangerosité, le glyphosate divise toujours autant. Jugé cancérigène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), il a été reconnu comme ne posant pas de risque avéré par les autres organes de contrôle. Malgré cela, Paris s’était engagé à l’exclure de ses cultures. Il envisage toutefois désormais des « exceptions » pour les agriculteurs qui auraient besoin de plus de temps.
« L’interdiction du glyphosate n’a jamais figuré dans le projet de loi. Il existe un amendement (…) qui n’a pas été adopté en commission », a détaillé le Ministre de l’agriculture français Stéphane Travert sur Twitter. La FNSEA, principal syndicat d’agriculteurs français, demandait en effet plus de flexibilité dans la mise en œuvre de cette interdiction. Le gouvernement s’est par ailleurs opposé à l’adoption d’un amendement consacrant l’interdiction d’ici trois ans.
« La législation contre le glyphosate ne sera utile que si on arrive à convaincre suffisamment de partenaires européens. Si cela reste franco-français ça sera de la sur-transposition, on va gréver nos producteurs avec des conséquences lourdes… », a constaté le député La République en marche Jean-Baptiste Moreau.
Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, reste toutefois confiant. « Dans trois ans, on interdit le glyphosate (…) On a un objectif qui n’est pas remis en cause. J’aurais préféré que ce soit inscrit dans la loi mais la seule chose qui compte c’est qu’on le fasse. (…) Dans trois ans, on interdit le glyphosate », assure-t-il. Ce dernier explique malgré tout que l’abandon de l’herbicide n’est « pas facile du jour au lendemain ».
L’ancien animateur souligne également une évolution des mentalités au niveau européen : « Avant que j’intervienne, l’Europe s’apprêtait à réautoriser, sans autre prescription, pour 10 ou 15 ans, le glyphosate. Au niveau européen, on est passé à cinq ans ».