La Commission européenne veut donner plus de flexibilité aux états membres dans la mise en œuvre de la politique agricole commune de l’UE – une approche très critiquée par la France.
Fin novembre, après une longue attente, la Commissions européenne a présenté sa vision pour le renouveau de la politique agricole commune (PAC) pour la période 2021 – 2027. Cette dernière vient en aide aux 22 millions d’agriculteurs européens, via un aide au revenu, des mesures de marché et des aides au développement durable adaptées aux besoins de chaque état membre.
Les états et les agriculteurs européens se sont souvent plaints de la complexité de PAC. Aussi, Bruxelles veut instituer plus de « flexibilité » et une PAC « simplifiée » qui donnerait « une plus grande liberté » aux pays de l’UE dans la gestion des fonds européens. « Cette annonce, c’est la Commissions, qui à force d’entendre ‘la PAC est trop complexe’ dit aux états de la gérer eux-mêmes », explique Luc Vernet, conseiller sénior du think tank Farm Europe.
« La formule unique, applicable à tous, n’est visiblement pas adaptée à une Union de plus de 500 millions de citoyens », explique le commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan. « C’est pourquoi nous avons décidé de nous lancer et de donner plus de subsidiarité aux états membres. »
Ce plan de simplification et de redistribution des compétences de l’Union vers les états a suscité les inquiétudes de la France. Paris à mis en garde contre les risques liés à une « renationalisation de la PAC ». Dans une annonce inhabituellement intransigeante, Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a estimé que « les aides versées au titre de la PAC doivent rester des aides européennes ». « C’est une ligne rouge pour la France », a-t-il ajouté.
Jusqu’ici, le budget de la PAC était divisé entre deux « piliers ». Les aides du « premier pilier », qui représentent environ 80% de l’enveloppe totale étaient jusqu’ici pilotées par Bruxelles, tandis que celles du « second pilier » étaient réparties par les gouvernements. Or, il a été question de changer ce système dans la nouvelle mouture de la PAC.
La France est actuellement le premier bénéficiaire des aides agricoles européennes. Aussi, elle a beaucoup à perdre dans une réforme de « renationalisation » de la PAC. Toutefois, ses critiques ne sont pas infondées : des mesures une renationalisation et une renégociation de la PAC à outrance seraient porteuses d’inégalités et de distorsions au sein du marché unique.
This post is also available in: EN (EN)DE (DE)