La Commission européenne projette pour la première fois de réduire de 5% le budget de la Politique agricole commune – une annonce qui a provoqué une levée de boucliers en France.
Les premiers éléments du budget de la Commission européenne ont été dévoilés ce mercredi dernier dans la première épure du budget pluriannuel à venir. Ce nouveau budget est marqué par le départ du Royaume-Uni, qui s’accompagne d’une perte de 10 milliards de contributions britanniques sur un budget annuel d’environ 160 milliards. Aussi, pour la première fois, la Commission projette de couper dans les aides directes aux agriculteurs en baissant le budget global de la Politique agricole commune (PAC).
Il s’agit d’une « réduction modérée du financement de la Politique agricole commune et de la politique de cohésion, de 5% environ dans les deux cas, afin de tenir compte de la nouvelle réalité d’une Union à 27 », a fait valoir le commissaire en charge du Budget, Günther Oettinger. Si la proposition de budget pour 2020-2027 est globalement conforme à la vision française pour l’Europe, ce point promet un contentieux tendu et d’âpres négociations. La France, soutenue par les autres pays les plus agricoles européennes (Irlande, Pologne, Italie) s’oppose en effet à toute réduction de la PAC.
Le ministère de l’Agriculture français a vivement réagi à cette annonce. Il a jugé ces propositions « inacceptables » dans un courrier très remonté. « Une telle baisse, drastique, massive et aveugle, est simplement inenvisageable » et « la France ne pourra accepter aucune baisse de revenu direct pour les agriculteurs », fait savoir Paris. Cette baisse fait porter « un risque sans précédent sur la viabilité des exploitations en impactant dangereusement les revenus des agriculteurs, pour qui les aides directes constituent un filet de sécurité essentiel » a détaillé Stéphane Travert.
« Si nous voulons répondre aux attentes des consommateurs et plus largement des citoyens, il nous faut préserver le revenu des agriculteurs et donc maintenir un budget de la Pac à la hauteur de cette ambition », a déclaré le ministre. « La PAC va être sabordée pour financer d’autres politiques. La Commission utilise en effet des arguties budgétaires pour avancer masquée : (…) elle cache la baisse annuelle liée à l’inflation qui automatiquement mènera à une baisse supplémentaire des paiements directs de 5,8% en 2022, 7,6% en 2023… jusqu’à 15% en 202 7 » s’alarme quant à lui Michel Dantin, eurodéputé français PPE.
Pour rappel, la France est la principale bénéficiaire des aides directes – près de 54 milliards d’euros pour le cadre financier 2014-2020.