La pêche à la coquille Saint-Jacques est au cœur de vives tensions entre les pêcheurs français et britanniques.
Depuis la nuit du lundi 27 août au mardi 28 août 2018, des « heurts ont opposé des pêcheurs normands à leurs homologues britanniques. En cause, le début de la saison des pêches fixée le lundi 1er octobre 2018 pour les coquillards, alors que les anglais n’ont pas à suivre de calendriers spécifiques (en France, la pêche est limitée à la période du 1er octobre au 14 mai). Ils se ruent donc généralement sur les stocks de coquilles Saint-Jacques de la Baie de Seine les français leurs reprochent de pêcher trop et trop tôt, et de ne pas leur laisser de quoi maintenir leur activité.
Plus largement, il existe une multitude de règles encadrent la pêche à la coquille en France afin d’en protéger la reproduction et de maintenir les stocks : les marins doivent avoir une licence de pêche, ils ont l’obligation d’utiliser une balise satellitaire de positionnement, ont des quotas de pêches journaliers et hebdomadaire par bateau et ont un nombre de sortie en mer limité. Aucune restriction n’existe outre-manche pour les navires de moins de 15m. Or, au-delà des 12 miles nautiques d’eaux territoriales françaises, ils peuvent pêcher librement. De fait, des navires plus larges en profitent pour accéder aux gisements.
Protestant contre ces « injustice », trente-cinq bateaux normands ont cherché protéger un gisement de coquilles Saint-Jacques qu’ils tentent de préserver, en faisant barrage à la flotte anglaise. Ces derniers ont tenté de forcer le barrage en emboutissant les navires français. Mike Park, chef de l’association des producteurs de poissons blancs écossais, a qualifié de « piraterie » les altercations avec les navires français. « Nous en avons parlé avec le gouvernement britannique et avons demandé la protection de nos navires, qui pêchent légalement » a-t-il noté.
La zone de pêche en question est réglementée « au niveau national, et ces dernières années des mesures communes de gestion ont été convenues entre la France, le Royaume-Uni et l’Irlande », a confirmé Daniel Rosario, porte-parole de la Commission européenne. Mais la signature d’un accord est primordiale car si l’existence de la coquille Saint-Jacques n’est pas menacée dans la Manche, sa pêche intensive fragilise grandement les ports français. Aussi, le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Normandie demande quant à lui la création d’une zone sensible permettant de gérer la pêche des coquilles de façon durable et commune.
Pour le Ministre de l’agriculture français, Stéphane Travert, « on ne peut pas continuer dans cette situation-là ». « Les pêcheurs anglais sont plutôt des Brexiters, et il faut reconnaître que les tensions se ravivent à l’approche du calendrier de sortie du Royaume uni » note-t-il. Aussi un accord global sur la pêche doit être trouvé avec le Royaume-Uni au nom des 27. Pour l’heure, la Marine française s’est dite « prête à intervenir » pour éviter de nouveaux « heurts ».