Le virus de la peste porcine africaine fait des ravages en Asie. En Europe, l’épidémie est encore contenue à la Belgique et les pays de l’est.
Alors que la peste porcine africaine s’est diffusée comme une traînée de poudre dans les élevages de porcs chinois depuis plusieurs mois, l’Europe s’inquiète. Cette maladie virale hémorragique généralement mortelle qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers pourrait de propager à d’autres pays frontaliers, notamment la France.
La maladie, qui a été découverte sur le continent africain s’est d’abord étendue de l’Ukraine à la Russie, avant d’entrer dans l’Union européenne en 2014 (Lituanie, Lettonie, Pologne), puis en 2017 en République tchèque et en Roumanie. Son virus « est en train de devenir endémique » dans « certaines parties de l’Europe de l’Est et dans certaines parties de l’Union européenne », selon Matthew Stone, le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé animale.
La Belgique a en effet récemment découvert 657 sangliers tués par le virus. Certains d’entre aux se trouvaient à deux kilomètres à peine de la frontière française. « Nous avons construit une barrière de 112 kilomètres infranchissable et nous avons fait un vide sanitaire total » expliquait le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume en mai dernier, pour rassurer les agriculteurs frontaliers.
Si l’Hexagone est touché, « ce sont toutes les frontières qui se ferment, c’est l’effondrement d’une filière, ce sont 300 millions de pertes par an (…). Cela serait une vraie catastrophe pour l’élevage français, car cela voudrait dire une fermeture totale des frontières et l’effondrement des cours » prévient Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
L’épidémie a étrangement épargné l’Allemagne, pourtant sur le passage des bêtes qui sont encore à l’Est de l’UE. Cela serait dû à l’introduction de sangliers polonais destinés à la chasse, pratique illégale en Belgique, explique Lionel Delvaux, chargé de mission agriculture et biodiversité de l’association Inter-environnement Wallonie (IEW).
A l’heure actuelle, il n’existe ni traitement ni vaccin contre la peste porcine africaine. « Nous dépendons donc totalement des dispositions relatives à l’abattage », constate Matthew Stone. « Tous les pays doivent renforcer leur sécurité biologique, tous les pays doivent réfléchir sérieusement à leur chaîne d’approvisionnement et à la gestion de la sécurité biologique », prévient-il.
Pour l’heure la vigilance est donc de mise. Un avis partagé par Christine McCracken, analyste à la Rabobank : « C’est un virus très difficile à éradiquer. Il peut contaminer les sols, l’eau et la viande. Il y aura toujours un risque de réinfection tant qu’il y aura de la viande contaminée en circulation ».