
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur créé la colère chez les agriculteurs européens, qui y voient la porte ouverte à une concurrence déloyale.
Un nouveau point de tension est apparu dans les négociations entourant l’accord UE-Mercosur. Les agriculteurs européens ont manifesté contre l’accord commercial qui doit être négocié entre l’UE et les pays du Mercosur (Paraguay, Uruguay, Argentine, Brésil) ce lundi – en l’état, l’accord inquiète la profession. Alors que les commissaires européens à l’Agriculture Phil Hogan et au Commerce Cecilia Malmström doivent en effet reprendre les pourparlers avec leurs confrères d’Amérique latine aujourd’hui, la profession estime qu’ « aucun accord vaut mieux qu’un mauvais accord ».
« C’est la mort pour le secteur européen, sachant que les coûts de production sont déjà beaucoup trop élevés par rapport au prix de vente », explique Hugues Falys, vice-président de la Fugea, syndicat agricole belge. « Introduire des quantités de viande supplémentaires sur le marché européen ne fera que renforcer ce problème. » Par ailleurs, « cette viande bovine ne correspond pas aux standards de la production européenne, » assure-t-il.
La Copa-Cogeca, coopérative agricole européenne, estime que l’UE « a beaucoup trop donné sur le chapitre de l’agriculture aux pays du Mercosur, sans obtenir grand-chose en retour ». Le Mercosur est déjà le plus grand exportateur de viande bovine vers l’Europe –250 000 tonnes de bœuf tous les ans, soit environ 75 % des importations totales. Dans le cadre de l’offre actuelle, l’UE s’ouvrirait à 70 000 tonnes supplémentaires d’importations exemptes de droits de douane.
Le secteur est déjà très inquiet face aux conséquences du Brexit – un départ du Royaume-Uni sans accord diminuerait substantiellement sa clientèle. Les agriculteurs ont trouvé un soutien de poids dans leur croisade : le Premier ministre Charles Michel a estimé mardi matin que l’accord « n’est pas acceptable dans son état actuel ». Le Premier ministre « défend une mondialisation équitable pour nos agriculteurs et soutient un libre-échange avec des règles » dans un courrier adressé écrit à Jean-Claude Juncker. Il a demandé que le point soit évoqué au prochain Conseil européen.
Pour rappel, le secteur agricole européen emploie 44 millions de personnes et contribue à un excédent d’exportation de 20 milliards d’euros du secteur agroalimentaire.