Un parasite du blé venu d’Amérique latine est en train de se développer dans certains stades de football en Europe, ce qui fait craindre pour nos cultures.
La nouvelle pourrait faire sourire, mais le problème est potentiellement grave : le football menace-t-il les cultures de blé européennes ? Plus précisément, la pyriculariose – une maladie du blé – trouverait-elle un abri dans le gazon des terrains de football ? Ce parasite se développe en effet dans un hôte végétal, et a en effet récemment été diagnostiquée dans nos stades. « Nous devons donc désormais nous consacrer à la surveillance du champignon pour détecter rapidement s’il y a un nouveau saut d’hôte sur le blé européen », redoute Françoise Petter, directrice adjointe de l’Organisation pour la protection des plantes européennes et méditerranéennes (OEPP).
Ce parasite est apparu pour la première fois en 1985 au Brésil, avant de s’étendre à d’autres pays d’Amérique du Sud (Bolivie, Paraguay, Argentine). Il s’est ensuite développé au Bangladesh en 2016, à cause de semences de blé contaminées. En 2017 année, 10 à 15 % des champs, dans 11 des 66 districts que compte le pays, ont été infectés. La maladie a provoqué des pertes de rendement moyennes de 60 %, mais elles sont atteintes 100 % à certains endroits. L’Europe, qui produit chaque année 250 millions de tonnes de blé sur 62 millions d’hectares – des cultures généralement très concentrées – et est à ce titre très vulnérable au parasite.
« Présent sur les Lolium, famille de l’herbe des gazons mais aussi des herbes communes, le champignon Magnaporthe oryzae a affecté soudain le blé, générant une maladie qui a fait perdre 30% de rendement au Brésil dès 2010 », d’après Didier Tharreau, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Ce dernier craint aujourd’hui un « saut d’hôte » à partir de ray-grass contaminé. En France, la maladie est apaprue sur certains terrains en 2016, tout comme dans plusieurs stades de villes étrangères, notamment en Espagne, en Italie et en Suisse.
Selon Didier Tharreau, la menace n’est pas à négliger. Il est urgent de mesurer l’avancée de la contaminsation, et analyser les risques de transfert : « il faut informer le public et les décideurs, prévenir toute introduction de la pyriculariose du blé par des semences contaminées, et vérifier s’il n’y a pas déjà des épidémies naturelles sur du « ray-grass » sauvage ».