Afin d’anticiper les mutations économiques inévitables engendrées par le Brexit, le Royaume-Uni veut s’appuyer sur l’agrotechnologie afin de renforcer son secteur agricole et agroalimentaire.
Lors d’un évènement organisé par l’Agriculture & Horticulture Development Board’s (un organisme public non ministériel britannique qui défend le développement du secteur agricole) le 19 octobre dernier, le secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et du Commerce international Liam Fox s’est livré à un véritable plaidoyer pour le développement de l’agrotechnologie au Royaume-Uni. Le Global Britain: Exploring Agricultural Export Opportunities a en effet été le terrain pour discuter des visions stratégiques relatives au secteur avec les représentants de ses principaux acteurs (AGCO, Alltech, BASF, Bayer Crop Science, Calysta, Elanco, Marine Harvest, MSD, Syngenta, Vitacress et Zoetis) et de réaffirmer les ambitions britanniques dans le domaine.
« Nous pouvons vendre les produits mais aussi notre savoir-faire », a souligné le Ministre. « Notre goût pour les innovations dans l’économie du savoir, a permis à la Grande Bretagne de disposer d’une grande capacité et d’un important savoir-faire ». Dans son discours, il a insisté sur l’importance de maintenir le secteur en pole position : « Notre pays est à la pointe de l’innovation en matière d’agrotechnologie et nombre de producteurs internationaux veulent avoir accès à notre expertise. Par conséquent, il sera aussi important de vendre nos services que nos produits sur plusieurs de ces marchés ».
Une semaine auparavant, le gouvernement britannique s’était engagé à verser 30 millions de livres (34 millions d’euros) au Countryside Productivity Small Grants scheme – un programme qui aide à l’achat de l’équipement de pointe et au renforcement de l productivité agricole. A ce propos, le Ministre de l’environnement, Michael Gove, avait rappelé que « l’exploitation des technologies agricoles permet aux fermiers les plus déterminés d’être encore plus productifs, tout en réduisant leur empreinte écologique ». Ce dernier notait également que le Royaume-Uni « voit déjà les bienfaits des investissements l’agrotech ».
De fait, le Royaume-Uni dispose d’une longue tradition dans le développement agricole grâce aux innovations technologiques. Pionnier de la révolution agricole du 18ème siècle (avec, par exemple, l’assolement et les presses à chevaux) le pays a également été un des principaux acteurs développement de nouvelles méthodes de cultivation au cours des années 60 et 70, doublant ainsi sa production de blé. Sa production représente aujourd’hui près de 7% du marché agricole européen, avec un secteur évalué à 14 milliards de livres (15,8 milliards d’euros) et 500 000 emplois directs, et sert de socle à un secteur agroalimentaire maousse (112 milliards, pour près de 4 millions d’emplois).
Malgré les remous pressentis du fait du Brexit, le gouvernement britannique a prouvé son intention de s’appuyer sur le secteur pour rebondir – et au vu des récentes annonces, il semble en tout cas s’en donner les moyens. « Nos investissements vont créer de nouveaux emplois dans les zones rurales du pays » s’enthousiasmait Fox. Un pari, jusque-là, gagnant.