
Les agriculteurs des pays baltes demandent à Bruxelles une distribution plus juste des aides lors de la révision de la PAC prévue pour 2021.
Les agriculteurs de Lettonie, de Lituanie et d’Estonie ont profité du sommet européen du 13 et 14 décembre afin de pousser un cri du cœur. Ils s’estiment traités comme « des citoyens de seconde zone » par Bruxelles, compte tenu d’inégalité « flagrantes » dans l’organisation de la Politique agricole commune (PAC). « Les agriculteurs des pays baltes manifesteront pour appeler à un calcul juste des paiements directs de la PAC, puisqu’ils continuent à recevoir les versements les plus bas de toute l’UE », expliquent-ils dans lettre de doléances adressée au Conseil européen.
« Nous continuons à recevoir les paiements directs les moins élevés de l’UE, environ 60 % de la moyenne européenne, alors que nos coûts de production sont bien au-dessus de la moyenne de l’UE (129 % en Estonie, 112 % en Lituanie et 113 % en Lettonie) », regrette Maira Dzelzkalēja, vice-présidente de l’association des agriculteurs lettons, une de figures de prouve du mouvement. « Les dirigeants européens promettent depuis des années de régler cette anomalie, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Si nous voulons un marché unique juste, cet écart doit être comblé lors des négociations sur le budget de l’UE. »
« La PAC verse des subventions beaucoup moins importantes aux agriculteurs des nouveaux États membres par rapport à ceux des États membres plus anciens. On nous a promis que cela allait cesser, mais 16 mois plus tard, les mots n’ont toujours pas été traduits en actions », ajoute Arūnas Svitojus, président de la chambre d’agriculture de Lituanie.
La région dispose d’une solide tradition agricole, renforcée par les années passées au sein du bloc soviétique, lors desquelles elles servaient de base de production à Moscou (principalement pour de l’orge, du blé, de l’avoine, du seigle, la pomme de terre, le lin, des porcs et des bovins). Au début de la décennie, en Estonie l’agriculture occupe 6% de la population active et contribue pour 3,5% au PIB du pays – et les lignes ont depuis très peu bougé. En Lettonie, ce secteur occupe 15,1 % de la population active et représente 3,1% du PIB. Et en Lituanie, 9% des emplois 4,5% du PIB.
L’appel n’est pas passé totalement inaperçu lors d’un sommet encore une fois centré autour de grandes questions de gouvernance (notamment le Brexit). « Parvenir à une juste distribution des paiements est une priorité pour la Commission qui a proposé de faire un pas de plus vers l’égalité des paiements directs » a réagi l’exécutif européen. « Là où la plupart des États membres subiront une baisse de leur enveloppe de paiements directs de 3,9 %, les paiements directs des pays baltes augmenteront de plus de 4 % par rapport à l’allocation de base », a-t-elle souligné.