Mis à mal par l’importation de miel frelaté ou coupé au sirop de sucre, les apiculteurs européens demandent un plan d’aide à la Commission européenne.
D’après le rapport sur le marché mondial du miel alimentaire (2014-2024) la production mondiale est au beau fixe. Le marché mondial de miel alimentaire atteindra ainsi un million de dollars US en 2024. Mais en Europe, les signaux ne sont pas tous au vert, loin s’en faut. Le marché communautaire est en effet jugé « critique et extrêmement volatile » par ses acteurs réunis à la Copa-Cocega, une association d’agriculteurs, le 14 février dernier. Ils mettent en garde contre la constante hausse des importations à bas prix de miel, souvent frelaté (20 %) – ni plus ni moins du sucre amélioré.
Le secteur apicole représente un marché de 14,2 milliards d’euros dans l’Union européenne. Mais à l’heure actuelle, l’UE ne produit pas assez de miel pour subvenir aux besoins de ses consommateurs et en importe environ 40 % de pays tiers. Et pour cause : le prix moyen du kilo de miel chinois s’élevait à 1,24 €, contre 3,90 € en Europe. D’après un nouveau rapport de la Copa-Cocega, « seul l’ajout important de sirop de sucre peut expliquer [cette différence de prix] ». « Il coûte moins cher à produire et est difficilement détecté lors des contrôles aux frontières en Europe ». « Cette méthode de production chinoise du miel n’est pas conforme aux standards européens ».
Conscients de ce déclin, les eurodéputés se sont engagés à protéger la production européenne en mars 2018. Ils ont ainsi annoncé une augmentation des contrôles en qualité à l’entrée pour en finir avec le miel frelaté ou coupé au sirop de sucre. Michel Dantin, président de la Semaine européenne des abeilles et des pollinisateurs s’était alors fendu d’un « Nous appelons la Commission européenne et les États membres à soutenir sans tarder des politiques ambitieuses avec un budget solide ». Deux ans plus tard, force est de constater que cet appel est resté sans réponse.
Étienne Bruneau, le président du groupe de travail sur le miel de la Copa-Cocega, affirme que « si la situation du marché ne s’améliore pas, les apiculteurs européens qui dépendent en grande partie des revenus provenant de l’apiculture ne pourront continuer leurs activités ». Une précarité qui menace directement « l’existence de plus de 10 millions de ruches à travers l’UE ». Mais en plus de ruches c’est tout un écosystème qui est menace : 84 % des espèces végétales et 76 % de la production alimentaire en Europe dépendent de cette pollinisation. « Parallèlement aux pollinisateurs sauvages, l’apiculture et la pollinisation (…) sont essentielles en Europe pour l’agriculture (…) », note Étienne Bruneau.
Lors du dernier Conseil « Agriculture et pêche » de l’UE en janvier, 16 États membres – la Bulgarie, la République tchèque, Chypre, l’Estonie, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et l’Espagne – ont rejoint les demandes des apiculteurs et appelé la Commission européenne à revoir la directive relative au miel afin de clarifier les règles sur l’étiquetage d’origine des mélanges du miel. « Le pays d’origine du produit doit être indiqué, tout comme le pourcentage de miel en provenance d’Europe et d’autres [pays] », a conclu le ministre hongrois de l’Agriculture, István Nagy.