Un nombre croissant d’importations agroalimentaires ne respectent pas les normes environnementales et sanitaires françaises.
Un rapport sur l’agriculture française publié jeudi dernier par le Sénat français révèle une information troublante : une large partie des produits agroalimentaires importés en France ne respecteraient pas les normes sanitaires du pays. Ce serait entre 8 et 12% des denrées importées des pays non européens ne respectent pas les normes européennes de production – par exemple le thé de Chine (13%), les piments de la République Dominicaine (16%) et les pistaches des Etats-Unis (20%).
Mais la fraude la plus vaste concerne les produits animaliers : 17 % pour les viandes fraîches de boucherie, 13 % pour les viandes fraîches de volaille, 25 % pour les produits à base de viande, 21 % pour le lait cru ou les produits à base de lait. Les produits biologiques sont eux aussi très concernés par ce type d’abus, avec 17 % des produits contrôlés déclarés non conformes par la Direction de la concurrence et des fraudes.
« Nous consommons aujourd’hui en France, plus d’un jour par semaine, des produits qui sont uniquement des produits importés dans nos assiettes. (…) Le pire, c’est que dans cette alimentation qui provient d’ailleurs, un quart ne respecte pas les normes que nous imposons aux agriculteurs français », a réagi le sénateur LR de la Haute Loire, Laurent Duplomb. « Nous n’assurons pas le contrôle nécessaire pour que les produits qui rentrent de l’étranger correspondent à ce que nous demandons aux producteurs français », ajoute-t-il. De fait, les taux de contrôle physique des marchandises sont aujourd’hui situés entre 3 et 7%.
« Chaque année, ce sont entre 5 et 10 milliards d’euros de produits illégaux qui seraient vendus en France et exerceraient une pression à la baisse sur les prix des produits français », souligne le rapport. Aussi, ses auteurs s’inquiètent de la « perte de compétitivité de l’agriculture française ». De fait, « l’excédent commercial agricole français a été divisé par deux en moins de cinq années » note le document, et ce alors qu’elle était le troisième exportateur mondial de produits agricoles en 2005.
« Prétendre vouloir sauver l’agriculture française uniquement par la montée en gamme est une illusion » prévient le rapport. « Cela exclut de facto les ménages les moins aisés qui n’auront que le choix de s’approvisionner en produits importés, moins onéreux, mais de moins bonne qualité », ajoutent les sénateurs.