Réagissant à une proposition de l’industrie sur l’étiquetage des boissons alcoolisées, un groupe de parlementaires appelle la Commission à revoir la transparence à la hausse.
Seize eurodéputés sociaux-démocrates (S&D) et du Parti populaire européen (PPE) ont saisi par courrier la Commission européenne sur la question de l’étiquetage des bouteilles d’alcool. Ils critiquent la proposition de réforme mise en avant par l’industrie, l’estimant « décevante ». Actuellement, les informations nutritionnelles soient fournies par portion de 100 ml pour la plupart des aliments. Pour autant, au titre du règlement de l’UE concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires (nº 1169/2011), les boissons alcoolisées bénéficient d’une exemption.
A contrario, les bouteilles de soda ou de jus de fruit doivent obligatoirement mentionner la composition des boissons qu’elles contiennent dans le détail. « La situation actuelle a créé des disparités sur le marché intérieur, où un producteur de lait a une charge administrative plus lourde qu’un producteur de vodka. Nous pensons que l’UE devrait permettre à tous les opérateurs économiques de jouer à armes égales et ne pas favoriser les producteurs d’une catégorie de marchandises », explique la missive.
« Les institutions européennes devraient aligner les règles sur les boissons alcoolisées sur la réglementation de l’UE en matière d’information des consommateurs sur les aliments » préconisent les élus.
Leur appel fait écho à des signaux envoyés par l’exécutif européen, qui avait estimé que l’autoréglementation proposée par les fabricants n’était pas satisfaisante. Ainsi, en mars 2017, la Commission a décidé « d’inviter le secteur des boissons alcoolisées à élaborer dans un délai d’un an une proposition d’autoréglementation pour généraliser la mention des ingrédients et des informations nutritionnelles sur toutes les boissons alcoolisées ». C’est cette proposition, instituant une information nutritionnelle « hors étiquette » (en ligne ou via une application) que les élus critiquent.
« L’information non indiquée sur l’étiquette priverait des millions d’Européens de leur droit de savoir ce qu’ils consomment. Moins de deux tiers des Européens utilisent des smartphones et la proposition d’introduire un site web, via des codes QR comme alternative à l’étiquetage devraient être rejetés par tout organisme public », expliquent les parlementaires. Il rappelle qu’à réception de la proposition, le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis n’était « pas satisfait de la proposition » et enjoignent la Commission à tenir sa ligne.