
Les mesures de protection des eaux contre la pollution causée par les nitrates agricoles ont permis de progresse, mais de grandes disparités entre les états ternissent ce bilan.
Afin de garantir la qualité de l’eau, une des pierres angulaires de la politique environnementale de l’Union européenne (UE), Bruxelles a décidé de prendre des mesures de réduction graduelles de l’usage de certains fertilisants minéraux et azotés dans la directive « nitrates ». L’objectif est de maintenir l’équilibre des écosystèmes. En effet, si l’azote est un élément nutritif vital qui participe à la croissance de la plante et des cultures, sa concentration trop élevée provoque un développement trop important de la biomasse aquatique (les « marées vertes » qui touchent notamment les côtes bretonnes) et est nocive pour la santé humaine et la nature.
Ainsi, elle a imposé un plafond de 170 kg d’azote organique par hectare et par an – avec des limitations plus strictes dans l’épandage d’engrais à proximité de l’eau ou sur des pentes afin de réduire le risque de pollution – bien que certains états rechignent à transcrire cette seconde mesure en droit national. Malgré une application parfois laborieuse, la directive de 1991 a permis de faire chuter les concentrations en nitrates dans les eaux superficielles dans 70 % des sites contrôlés entre 2004 et 2007. Mais le problème est pour autant loin d’être résolu : chaque année entre 19 000 et 24 000 m3 d’algues vertes sont ramassés en Europe, pour la bagatelle de 700 000 €.
Un rapport publié par la Commission cette semaine a permis d’établir que 9,2 kilotonnes de fumier animal azoté ont été épandues entre 2012 et 2014 – un progrès, bien que celle-ci déplore « des efforts inégaux » d’un pays à l’autre. « La définition des normes d’application d’engrais qui assure une fertilisation équilibrée reste l’une des mesures les plus importantes et les plus difficiles », explique la Commission. La « légère amélioration » observée depuis 2012, est en effet très disparate, avec par exemple l’Irlande, la Finlande et la Suède qui ne comptent aucune station en dépassement, quand Malte, l’Allemagne et l’Espagne sont dans le rouge dans respectivement 71%, 28% et 21,5% des cas.
Pour Karmenu Vella, le commissaire européen à l’environnement, les agriculteurs européens doivent « trouver les moyens pour gérer le cycle des nutriments de manière plus durable ».