Les dirigeants du monde doivent investir massivement dans l’agriculture afin d’éviter la catastrophe alimentaire imminente d’ici 2050. C’est ce qui ressort d’une lettre ouverte* sans précédent publiée le 14 janvier par 153 lauréats des prix Nobel et du World Food Prize.
« Toutes les preuves pointent vers un déclin croissant de la productivité alimentaire si le monde continue comme aujourd’hui. Avec 700 millions de personnes déjà en insécurité alimentaire, et 1,5 milliard de bouches supplémentaires à nourrir d’ici 2050, nous faisons face à un monde profondément inégal et instable. » souligne Cary Fowler, coordinateur de cet appel et co-lauréat du World Food Prize 2024.
Les défis auxquels fait face le secteur agricole sont nombreux, avec en première ligen, le changement climatique. L’Afrique est la région la plus touchée par ce phénomène qui induit une baisse de rendement des cultures essentielles telles que le maïs.
« Les augmentations futures des températures seront les plus extrêmes dans les pays déjà confrontés à une faible productivité, exacerbant les niveaux existants d’insécurité alimentaire. Dans ces pays à faibles revenus, où la productivité doit presque doubler d’ici 2050, la réalité est qu’elle n’augmentera probablement que de moins de moitié. Nous avons seulement 25 ans pour changer cela. » affirme Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement et lauréat du World Food Prize en 2017. D’autres facteurs, tels que la dégradation des sols, la perte de biodiversité, les pénuries d’eau et les conflits, s’ajoutent à cette liste de menaces pesant sur la sécurité alimentaire.
La lettre plaide pour des efforts technologiques ambitieux pour révolutionner la production alimentaire et répondre aux défis actuels et futurs.Il s’agit notamment d’améliorer la photosynthèse dans les cultures de base comme le riz et le blé pour optimiser leur croissance. Les scientifiques pourraient développer des céréales capables de fixer l’azote sans engrais, ce qui contribuerait à une meilleure préservation des terres. Les cultures indigènes, riches en nutriments et assez négligées pourraient également être promues.
Les signataires appellent également à innover dans le stockage et dans la conservation des fruits et légumes. La création d’aliments riches en nutriments à partir de microorganismes et de champignons est également recommandée.
Brian Schmidt, lauréat du prix Nobel de physique en 2011, insiste sur le caractère abordable et réalisable de ces efforts : « Ce problème est tout à fait solvable, relativement peu coûteux, avec des bénéfices pour l’ensemble de l’humanité. » Les solutions existent, mais leur mise en œuvre nécessite une volonté politique et des investissements financiers significatifs. La lettre appelle les décideurs à reconnaître la gravité de la situation et à agir avec l’urgence nécessaire.
Mashal Husain, présidente entrante de la Fondation World Food Prize, a comparé cet appel à un moment de vérité pour l’humanité.« Si nous avons pu envoyer un homme sur la Lune, nous pouvons certainement rassembler les fonds, les ressources et la collaboration nécessaires pour mettre suffisamment de nourriture dans les assiettes ici sur Terre. Avec le bon soutien, la communauté scientifique peut fournir les percées nécessaires pour éviter une insécurité alimentaire catastrophique dans les 25 prochaines années. » affirme-t-elle.
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