La Cour des comptes européenne a audité le système de contrôle des produits biologiques au sein de l’Union européenne. Si des progrès ont été réalisés depuis la dernière étude, en 2012, des progrès restent à faire en matière de traçabilité.
Le 14 mars, la Cour des comptes européennes a publié un nouvel audit sur le système de contrôle des produits biologiques, mis en place par l’Union européenne. Elle y constate un certain nombre de défaillances et des fraudes, malgré des progrès en matière de traçabilité. « Nous avons constaté que, même si le système de contrôle s’était amélioré depuis notre précédent audit et que nos recommandations avaient généralement été mises en œuvre, certains défis restaient à relever » explique le rapport.
« Quand les consommateurs achètent des produits de l’agriculture biologique, ils s’attendent à ce que les règles du bio s’appliquent à tous les niveaux de la chaîne de production, qu’il s’agisse ou non d’aliments produits au sein de l’UE », souligne Nikolaos Milionis, membre de la Cour des comptes et auteur du rapport. Si la traçabilité, l’une des meilleures garanties pour le contrôle des produits biologiques, a connu une certaine amélioration au cours des six dernières années, la hausse de vente de produits bio (+69 %, passant ainsi de 18,1 milliards d’euros 34,3 milliards d’euros en 2017) donne du fil à retordre aux autorités nationales.
Rappelons qu’un produit issu e l’agriculture biologique est vendu jusqu’à 150% plus cher que leurs équivalents traditionnels. Aussi la tentation de la fraude est importante faute de contrôles afficaces. En 2012, la Cour avait publié un premier rapport peu réjouissant sur l’état du bio en Europe : sur l’ensemble des produits analysés, les parcours de seulement 40 % ont pu être retracés jusqu’au producteur. « Les autorités compétentes des États membres que nous avons auditées ont pris des mesures pour améliorer leurs systèmes de contrôle », notent cette fois les « sages ». Ils déplorent cependant que certaines des faiblesses constatées en 2012 sont encore bel et bien présentes.
Des problèmes demeurent du fait de la multiplicité de systèmes de contrôles. En Italie, « les deux organismes de contrôle (…) audités ont effectué de nombreuses visites d’inspection vers la fin de l’année, à un moment où elles sont moins efficaces, du moins pour les cultivateurs » note ainsi la Cour de comptes. En Espagne, les contrôles sont insuffisamment documentés d’après le rapport. En France, certains organismes de contrôle ne diffusent pas les critères des certificats biologiques mis à jour, « ce qui réduit la transparence et ralentit les contrôles de traçabilité ».
En France, la Direction générale de la consommation (DGCCRF), dans son plan annuel de contrôle pour l’agriculture biologique, déplore elle aussi « des problèmes d’étiquetage, de pratiques commerciales trompeuses et, dans une moindre mesure, de traçabilité des produits et de tromperies à l’égard des consommateurs ». S’il s’agit principalement d’ « anomalies mineures » (des produits non conformes, car pas certifiés), le taux d’anomalies s’élève à 28% sur tous ses contrôles. « Il ne faut pas oublier que nos contrôles sont toujours ciblés, et ne sont pas forcément représentatifs du marché », précise toutefoisAlexandre Chevallier, directeur adjoint de la DGCCRF.