La robotisation permet de repenser l’agriculture et libère du temps pour que les exploitants puissent se concentrer sur des tâches qui nécessitent tout l’intelligence humaine.
Des robots dans des champs. L’idée peut faire sourire, mais l’image du semeur solitaire su son champ n’est plus la réalité de l’agriculture aujourd’hui. Sur les quelques 850.000 agriculteurs que compte la France, 79% d’entre eux utilisent Internet dans leur vie professionnelle, et 70% ont recours à des applications professionnelles, sur leur téléphone ou tablette, pour les aider au quotidien. Et cette demande a un impact sur le marché des innovations. Ainsi, l’AgTech concentre 27% des investissements en robotique (rapport DigitalFoodLab, Sopexa, Vitagora) dans l’Hexagone.
Les récentes innovations ouvrent en effet une piste pour remplacer la chimie – pesticides en tête – par des méthodes mécaniques. Elles aident également à la prise en charge de tâches répétitives et fastidieuses, permettant aux exploitants de se concentrer sur des travaux de gestion et de supervision qui requièrent toute leur attention. Et le développement de l’intelligence artificielle permet de mieux adapter leurs services aux spécificités des différents terrains, climats et écosystèmes afin de minimiser l’impact sur l’environnement, les couts d’engrais et de pesticides et maximiser le rendement agricole.
Aussi, le développement de la robotique change le visage de l’agriculture européenne. Entre les drones-sondes de la société Airinov – ils survolent les champs à basse altitude afin d’analyser les cultures et l’état du terrain en détail, les robots « désherbeurs » de la start-up Naïo Technologies et les capteurs météorologiques de précision développées par Sencrop, l’écosystème des start-up hexagonales ont désormais un pied dans les champs. L’idée est de « faciliter l’accès pour les agriculteurs à des services que le monde urbain connaît déjà bien », explique Romain Faroux, fondateur d’Airinov.
Mais les innovations similaires florissent également dans le reste de l’Europe. En Angleterre, le comté du Shropshire accueille la première ferme où tous les travaux agricoles sont réalisés par des machines (drones, véhicules autonomes, modules montés…). Ce projet (Hands Free Hectare) est né de la collaboration entre une équipe de chercheurs de l’université britannique Harper-Adams et la société Precision Decisions. « Notre projet visait à prouver qu’il n’existe aucun obstacle technologique pour qu’un domaine agricole soit exploité sans intervention humaine directe sur le terrain » note Martin Abell, de Precision Decisions.
« La moissonneuse-batteuse utilise des systèmes très similaires à ceux que nous avons établis sur le tracteur utilisé pour les travaux précédents, des semis aux traitements. Un grand nombre de capteurs permet de déplacer et contrôler tout le système » explique le co-fondateur du projet. « L’activité humaine n’est pas simplement supprimée, mais bien transformée : les agriculteurs pourraient se consacrer à la surveillance de leur culture, en devenant analystes et gestionnaires de flottes robotiques. »
De même, la robotique devrait jouer son rôle pour faire face à la demande alimentaire croissante. Des chercheurs de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, ont ainsi mis au point un robot qui épluche la laitue – une tâche simple mais chronophage. Il permet ainsi de retirer la couche externe de feuilles sans abîmer le légume, grâce à un système d’aspiration développé par les chercheurs. En outre, le procédé peut facilement être adapté à d’autres légumes, comme le chou-fleur, explique Luca Scimeca, un des auteurs de l’étude.