Confrontée à une disparition massive de sa population insectes, la ministre de l’Environnement allemande prépare une loi pour les protéger.
La population mondiale d’insectes connait un déclin important. D’après une récente étude publiée dans la revue Biological Conservation, plus de 40% des espèces d’insectes sont menacées d’extinction. En Allemagne, la situation serait encore pire, avec une perte de 3 insectes sur 4 depuis le début des années 90, une autre étude publiée dans PlosOne. « Nous constatons que ce déclin est apparemment sans lien avec le type d’habitat, et que les changements météorologiques, d’affectation des sols et les caractéristiques des habitats ne peuvent expliquer ce déclin dans son ensemble », explique ce document datant de 2017.
Parmi les espèces les plus touchées, on retrouve les trichoptères (mites), les lépidoptères (papillons), les hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons, fourmis), les coléoptères (scarabées, coccinelles, hannetons…) ainsi que plusieurs spécimens d’insectes aquatiques. Leur disparition pose des problèmes aux écosystèmes, en particulier pour leurs prédateurs et pour la pollinisation, pour laquelle les insectes jouent un rôle crucial.
« Nous, êtres humains, avons besoin des insectes, ils ont besoin d’être protégés avec une loi spécialement pour eux », expliquait la ministre de l’Environnement allemande, Svenja Schulze, à l’hebdomadaire dominical Bild am Sonntag, pour justifier cette initiative. Elle propose ainsi de débloquer un financement annuel de 100 millions d’euros, dont 25 millions consacrés à la recherche. EN outre, le gouvernement allemand planifie « une réduction significative » de l’utilisation des pesticides « et d’autres substances nocives dans les habitats des insectes ».
La ministre sociale-démocrate devra toutefois convaincre les membres de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel, avec qui elle forme la coalition au pouvoir en Allemagne. La CDU s’est historiquement montrée sceptique quand aux grandes réformes écologiques susceptibles de peser sur l’économie nationale.
Pourtant, il existe une vraie demande de réforme écologique en Allemagne, comme l’a rappel le succès de la pétition appelant à la protection des abeilles, organisée en Bavière la semaine dernière (1,75 million de signatures). Cette initiative portée par le parti écologiste ÖDP demande que 20% de terres arables biologiques en 2025 (30% en 2030), la transformation de 10% des espaces verts en prairies fleuries et une protection cours d’eau contre les pesticides et des engrais.