
L’innovation dans la lutte contre les nuisibles en agriculture suppose des innovations techniques au-delà de l’affinement des produits phytosanitaires. Les constructeurs s’intéressent aussi à la taille de la gouttelette pulvérisée ce qui va contribue sensiblement à la qualité de la pulvérisation.
L’utilisation plus efficace des engrais et une meilleure prise en compte des données de rendement sont des enjeux très importants pour l’avenir de l’agriculture et pour nourrir une planète de plus en plus peuplée. On comptera en effet 9 milliards d’habitants dans 30 ans, ce qui suppose une augmentation de 70 % de la production agricole, alors que la surface des terres arables n’augmenterait que de 15 %. Aussi, l’agriculture numérique sera un outil déterminant afin de pérenniser le rendement des cultures tout en respectant les nouvelles contraintes environnementales et économiques.
Un des domaines où des progrès significatifs sont en train d’être réalisés est la pulvérisation des produits phytosanitaires. Théo Leeb, directeur de la société HORSCH Leeb Application Systems la qualité de la pulvérisation est, elle aussi, devenue « un enjeu stratégique » pour l’agriculture. Elle le sera encore davantage dans les années à venir. Dans ce contexte, l’optimisation de la taille des gouttelettes pulvérisées par les buses des engins agricoles européens a fait l’objet de recherches de plus en plus pointues. L’enjeu est le suivant :
Les gouttelettes fines sont :
- plus nombreuses et impliquent donc un potentiel d’impacts plus élevé avec la cible ;
- plus sensibles à la dérive et à l’évaporation.
Les gouttelettes épaisses sont :
- moins nombreuses d’où un potentiel d’impacts plus faible avec la cible ;
- moins sensibles à la dérive et à l’évaporation ;
- plus sensibles au lessivage (perte au sol).
Il Les gouttelettes issues des buses à injection d’air (« gonflées » artificiellement pour obtenir un effet d’étalement lors de l’impact avec la cible) :
- le nombre d’impacts avec la cible est inférieur comparé aux gouttelettes fines, mais la couverture est correcte (phénomène d’étalement) ;
- la sensibilité à la dérive et à l’évaporation est moins importante ;
- mais celle au lessivage est plus forte (perte au sol).
Différents systèmes développés pour faire face à plusieurs types de terrains et de météo, et maintenir une pulvérisation adaptée. Après une série d’essais conduits en partenariat avec Arvalis et Hardi-Evrard, la Frcuma a publié un dossier détaillé sur la question. SI elle peut paraître assez austère et inutilement technique, elle permet une augmentation de rendement sensible. « Il faut accepter d’y passer du temps au départ » note Benjamin Pierrot, responsable du pôle flores adventices d’Arvalis.
Une autre initiative innovante est l’application Picore (qui ne requiert que 50 Mo de mémoire pour fonctionner) permet à un agriculteur de disposer en cabine d’un indicateur en temps réel de la quantité et de la qualité de pulvérisation. « Tout le monde s’est approprié le système sans aucune difficulté et chacun a pu réaliser une économie de l’ordre de 15 à 20 % de pesticides », explique Vincent de Rudnicki, électronicien ingénieur de recherches à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture et créateur de l’appli. Elle transmet automatiquement le relevé de chantier sur un serveur pour un meilleur suivi.