Dans un entretien avec nos collègues d’Euractiv, Stavros Arachovitis, le ministre grec du Développement agricole et de l’Alimentation s’engage pour un maintien d’objectifs environnementaux ambitieux, mais aussi pour une meilleure promotion de l’agriculture de précision dans la nouvelle politique agricole commune (PAC).
On le sait maintenant depuis plus d’un an, le mot d’ordre de la prochaine politique agricole commune (PAC), pour les années 2021 à 2027, sera bien la « flexibilité ». Une qualité qui permettra de mieux faire face à la multitude de situation dans les différents pays membres et de ventiler avec plus d’efficience les quelques 400 milliards de budget – et qui entre en alignement avec sa mission de protection de la souveraineté alimentaire de l’Union Européenne. Pour autant, cette flexibilité n’est pas sans risque dans un marché partiellement uniformisé et hyperconcurrentiel.
C’est en tout cas ce que défend le ministre grec du Développement agricole et de l’Alimentation. Pour Stavros Arachovitis, aux manettes pour la rédaction du nouveau plan, « le fait qu’au cours des périodes de programmation précédentes, nous ayons eu des modèles « rigides » de la PAC basés principalement sur les besoins des pays du Nord a créé plusieurs problèmes dans la pratique ». Il s’agit en effet de la seule politique européenne qui est totalement intégrée ; et à ce titre elle doit représenter au mieux l’UE dans toute sa diversité.
LE nouveau modèle plus souple n’est pour autant pas exempt d’inconvénients. Le premier est l’irruption inévitable d’ « encore plus de bureaucratie pour les États membres ». Aussi pour M Arachovitis, il s’agit également « d’un processus totalement nouveau » qui « aura absolument besoin du soutien technique des services de la Commission ainsi que d’une période de transition pour résoudre tous les problèmes liés à sa mise en œuvre. » Pour lui, la tâche promet d’être délicate, longue, et ce alors même qu’on parle de baisse de budget.
Sa crainte est en effet qu’un changement de paradigme cumulé à une refonte de fond fasse inévitablement perdre la PAC en capacité, à la charge des objectifs environnementaux européens. « La Grèce, ainsi que la France, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Finlande, ont signé une déclaration commune sur le cadre financier pluriannuel et la PAC, d’une part, pour exprimer notre déception face à la réduction du budget de la PAC et, d’autre part, pour sonner l’alarme sur la durabilité de l’agriculture européenne » note-t-il. Chypre et la Bulgarie ont rejoint cette initiative plus tardivement.
Le ministre souhaite aussi que la nouvelle politique serve à la promotion de la numérisation dans l’agriculture – à l’image de l’initiative de renforcement de l’agriculture de précision qu’il a lancé dans son pays avec le ministre de la Politique numérique, Nikos Pappas. « C’est quelque chose dont l’agriculteur-propriétaire grec d’une ferme avec de nombreux champs a besoin pour adapter ses techniques de culture aux différentes conditions microclimatiques, gradients de terrain et, bien sûr, aux différents produits » souligne-t-il.