La justice allemande a donné son aval a un maintien temporaire à l’élimination industrielle des poussins mâles par la filière avicole.
La Cour administrative fédérale, la plus haute juridiction administrative allemande devait se prononcer sur l’élimination par la filière avicole des poussins mâles, qui ne pondront jamais d’œufs, et à ce titre ne sont pas utiles au secteur. Aussi, ces derniers sont quotidiennement éliminés pour ne conserver que les oisillons femelles. « Leur croissance est très lente. Les élever n’est donc pas viable économiquement », se justifie Syndicat national des accouveurs (SNA)
Cette pratique coûte la vie à 45 millions de poussins tous les ans. Une situation qui a poussé des associations de défense des animaux à engager une action devant la justice allemande en 2013 – action qui est depuis remontée jusqu’à la Cour administrative fédérale. « La pratique actuelle [d’éliminer les poussins mâles] repose sur un motif raisonnable jusqu’à l’apparition, dans un délai a priori rapproché, de méthodes pour déterminer le sexe dans l’œuf » a estimé la Cour, confirmant les arrêts précédents.
La juge Renate Philipp, chargée du dossier, a ainsi décidé d’une autorisation « transitoire » pour permettre de trouver une alternative au sexage – plus concrètement le broyage ou l’asphyxie au dioxyde de carbone des poussins mâles au moment de leur naissance. La Cour n’a à ce jour n’a pas fixé de calendrier précis pour organiser l’abandon progressif de cette pratique. Celle-ci est en effet contraire à une loi allemande qui dispose que « personne ne doit infliger à un animal des douleurs, des souffrances ou des dommages sans motif raisonnable ».
« À un jour, les poulettes rejoignent les élevages. D’abord dans un bâtiment chauffé pendant dix-huit semaines pour atteindre leur maturité sexuelle », détaille Maxime Chaumet, secrétaire général du Comité national pour la promotion de l’œuf, l’interprofession des œufs. « Ensuite, les poussins mâles partent en grande partie à l’équarrissage » note-t-il. Ils sont alors réutilisés dans d’autres secteurs, notamment sous forme de farines utilisées comme combustibles dans les cimenteries
D’après la ministre de l’Agriculture allemande, Julia Klöckner, « tuer des animaux dès leur naissance en raison de leur sexe, ce n’est pas possible ». Aussi, celle-ci a annoncé que huit millions d’euros vont être alloués à la recherche d’alternatives aux pratiques actuelles. Des méthodes de sexage dans l’œuf avant l’éclosion sont actuellement testées en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais celles-ci ne sont pas encore applicables à l’échelle industrielle.