Comment aborder 2022 sereinement ? Nouvelle vague de Covid liée à Omicron, risques de black-out électrique, inflation et menaces de pénuries alimentaires … Les temps s’annoncent difficiles apportant de l’eau au moulin des prophètes de malheur. Vous débattrez de tous ces sujets avec vos proches lors des repas de fêtes. C’est la raison pour laquelle, Europeanscientist a sélectionné une liste d’ouvrages qui tordent le cou aux thèses catastrophistes et qui sans éviter les vrais problèmes ne cèdent pas à la pression de certains qui voient tout sous le prisme d’un déclin inéluctable et culpabilisateur à l’égard de l’humanité qu’ils lient à une critique féroce de notre civilisation et à un manque de confiance en la science et la technologie. Voici donc une sélection de voix différentes. Ces auteurs ont pris la plume sans céder à la morosité de la collapsologie qui se présente désormais comme une science. Ces livres critiquent la mécanique des messages angoissants en apportant de la nuance. Loin de nier les problèmes, d’être techno-béats, voire cyniques, ils cherchent la juste mesure et nous permettent d’échapper à cette mauvaise conseillère qu’est la peur et avec elle les politiques discrétionnaires qui pointent le bout de leur nez. Une belle liste de cadeaux pour les fêtes de fin d’année afin de s’armer intellectuellement pour la nouvelle année.
Note : nous avons classé les ouvrages dans l’ordre alphabétique. La liste n’est pas exhaustive aussi n’hésitez-pas à nous laisser vos recommandations de lecture en commentaires. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs fidèles qui reconnaitront la sélection déjà publiée au début de l’été, ils n’auront pas cliqué pour rien toutefois car la liste a été mise à jour et est agrémentée de trois nouveaux ouvrages ainsi que de nouvelles version françaises de certains ouvrages traduits depuis.
Apocalypse zéro, pourquoi la fin du monde n’est pas pour demain, les erreurs de l’écologie radicale, l’Artilleur
Voici un ouvrage qui prend les lanceurs d’alertes dans sa ligne de mire. Ces dernier se trompent toujours : des années qu’ils annoncent la fin du monde alors que celle-ci est sans cesse reportée. Michael Shellenberger sait de quoi il parle, car il a été lui même pendant des années un militant écolo et anti-nucléaire. Ce que l’on apprécie dans cet ouvrage c’est son caractère vivant et incarné. Tel un journaliste, Shellenberger visite les pays concernés par les problèmes environnementaux. En relatant l’expériences des personnages qu’il rencontre, il démonte méthodiquement la doxa simplificatrice des ONG. Chaque problématique environnementale est intriquée dans une situation complexe. Par exemple, la réserve de gorilles de Virunga au Congo pose des problèmes avec les populations locales qui veulent pénétrer sur cet espace protégé pour y fabriquer du charbon de bois, un moyen de chauffage qui représente un progrès par rapport au bois. La solution serait de construire un gros barrage hydroélectrique mais pour l’instant seul un petit a été construit qui ne fournit de l’électricité que pour 20000 personnes, ce qui est largement insuffisant…. Chaque chapitre décortique ainsi les problématiques envrionnementalistes et les contextualise. Derrière on trouve un fil conducteur :
L’énergie est LE problème de l’humanité et certains l’ont bien compris qui agitent l’épouvantail du changement climatique. Mais Michael Shellenberger nous invite à la sérénités : rien ne sert d’annoncer la fin du monde, car nous disposons déjà de la solution : l’énergie nucléaire. C’est d’ailleurs parce qu’il a compris cela qu’il s’est converti de l’écologisme à l’écologie scientifique : un excellent ouvrage qui défend à la fois les gorilles et l’énergie nucléaire (pour une recension plus complète de l’ouvrage).
A noter que l’ouvrage existe désormais en Français
« Écologisme. Assaut contre la société occidentale », Samuel Furfari, VA-Editions
Il n’y a sans doute pas d’expert européen plus qualifié que Samuel Furfari sur les questions de l’énergie et de la géopolitique de l’énergie. Ce professeur de l’Université Libre de Bruxelles qui a dédié toute sa carrière à l’énergie en travaillant durant 36 ans à la Commission européenne et en enseignement la polllitque et la géopolitique de l’énergie est auteur de 18 ouvrages. Soulignons également que c’est un chroniqueur régulier d’Europeanscientist. Auteur d’une bible de 1200 pages sur la géopolitique de l’énergie, il se consacre désormais à l’écriture d’ouvrages accessibles au grand public. C’est le cas de « Écologisme. Assaut contre la société occidentale » paru le mois précédant chez VA Editions.
Dans cet ouvrage il soutient la thèse que nous subissons une attaque sans précédent contre notre société d’abondance et de progrès social sous prétexte de l’écologisme qui a pour objectif le contraire des pères fondateurs de l’UE qui, eux, préconisaient une « énergie abondante et bon marché ». Les activistes écologistes, qui pourtant ne représentent qu’une petite partie de la population européenne, sont parvenus à entrainer les médias, de sorte que l’on pourrait croire aujourd’hui que la chose la plus importante au monde est de mettre en application leur mode de vie non seulement dans l’UE mais aussi dans le monde encouragé à « ne pas suivre notre modèle de développement » .
Furfari fait un parallèle avec la religion quand celle-ci jouait encore un rôle séculier et n’hésitait pas à pratiquer l’inquisition. Car ce qui est d’autant plus gênant selon lui c’est que l’écologisme ne nous laisse pas le choix. La prégnance de cette idéologie multiforme et les nombreuses lois liberticides qu’elle promeut n’est pas sans rappeler également les heures les plus sombres du communisme. Outre le fait qu’on a fait de l’utopie de la réduction des gaz à effet de serre l’alpha et l’oméga de toutes les politiques publiques, on s’achemine vers une perte du principe de « jouir de la vie ». Si effondrement il y a, il pourrait donc bien survenir à cause des mesures préconisées par l’écologisme lui-même. Un ouvrage qui n’y va pas par quatre chemins donc pour dénoncer l’assaut de l’écologisme contre la société occidentale de bien-être, de qualité de vie, de soins médicaux, etc.
Enlightenment now, the case for reason, science humanism and progress, Steven Pinker, Viking
Voici un classique qui a déjà quelques années (voir deux recensions ici et ici), mais qu’il est bon d’avoir dans sa bibliothèque pour s’assurer données chiffrées à l’appuis que le Monde va mieux depuis ces 250 dernières années, c’est à dire depuis la Révolution des Lumières. Vous en doutez ? Prenons quelques données au hasard : nous vivons plus longtemps, l’espérance de vie moyenne d’un individu en 2015 est de 71,4 ans. Nous subissons moins les crises alimentaires (désormais ce sont 1,3 milliards de Chinois qui disposent de 3000 calories journalières et peuvent manger à leur faim). Quant à l’extrême pauvreté, alors qu’elle représentait 80% de la population en 1820, elle ne représente plus que 10% aujourd’hui … c’est toujours trop bien évidemment, mais il faut être de mauvaise foi pour nier le progrès. Vous pensez que notre air est plus pollué ? En 2015, l’EPA a estimé que les émissions de polluants de l’air ont diminué de 2/3 depuis 1970 : les émissions des cinq gaz les plus polluants ont drastiquement baissé alors que le nombre de véhicule, lui, n’a cessé de progresser !
Sur plus de 500 pages, illustrée par plus de soixante-quinze infographies et une copieuse bibliographie, ce professeur de sciences cognitives de Harvard, le canadien-américain, Steven Pinker, auteur également du best-sellers « La Part d’ange en nous » aligne les arguments massues pour convaincre les plus sceptiques qui douteraient encore que « depuis le 18ème Siècle et à la suite de la Philosophie des Lumières, le monde – contrairement à l’opinion actuellement répandue, ne s’est jamais aussi bien porté, et ce, parce qu’il réalise l’idéal des Lumières qui reposait sur la connaissance, la science et la Raison ».
Factfulness: Pourquoi le monde va mieux qu’on ne le pense, Hans Rosling with Ola Rosling and Anna Rossling Ronnlund, Flammarion
Dans le même genre qu’Enlightenment Now de Pinker (cf Supra) Factfulness est un chef-d’oeuvre qui devrait figurer au programme de lecture obligatoire de tous les établissements scolaires et être le livre de chevet des médias et des décideurs. Hans Rosling a un pedigree impressionnant : médecin suédois, professeur spécialiste de la santé au niveau mondial, il a conseillé l’OMS, l’UNICEF et co-fondé la branche suédoise de Médecin sans frontière ; il est devenu célèbre grâce à ses TED talks dont certaines ont été vues plus de 35 millions de fois, il a été listé comme l’une de personnes les plus influente par Time Magazine. Dans Factfulness, il entreprend de lister les 10 causes qui sont à l’origine de nos erreurs de jugement à l’égard du monde et de démontrer d’une manière générale pourquoi les choses vont bien mieux que nous ne le pensons. Tel un brillant alchimiste, il mélange les statistiques, la narration d’anecdotes vécues (Rosling a failli se faire découper à la machette dans un village africain !) et les analyses pour tirer à la fin de chaque chapitre une leçon pratique qui nous permet de nous débarrasser de nos a priori. Véritable Descartes des big data, Rosling chasse le malin génie qui nous trompe au quotidien, pour nous faire mieux entrevoir la réalité telle qu’elle est, ne pas céder à l’alarmisme et donc nous permettre de mieux agir. Et pour les mettre tout de suite dans le bain, l’auteur commence par tester ses lecteurs, avec un questionnaire qu’il a diffusé auprès de tous ses publics. Parmi ces questions on trouve « De combien le nombre de morts par an de catastrophes naturelles a-t-il changé ces 100 dernières années ? », « Au cours des 20 dernières années comment la proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a-t-elle varié », « En 1996 les tigres, les pandas géants et les rhinocéros noirs faisaient partie des espèces en danger. Combien de ces 3 espèces sont encore référencées comme étant en danger critique » ou encore « Combien de personnes dans le monde ont accès à l’électricité ? »… Rosling a été frappé de constater que tous ses panels – quel que soit le niveau d’éducation ou la formation – répondaient moins bien à ces questions que ne l’aurait fait un chimpanzé en répondant au hasard…. avec cette tendance majoritaire qui se dégageait : choisir la réponse la plus catastrophiste ou la moins optimiste (alors qu’à chaque fois il convenait de répondre l’inverse). D’où l’idée de rétablir les faits dans l’opinion en agrémentant d’une méthodologie en dix points qui permet de se débarrasser des illusions. Dans le premier chapitre, pilier de l’ouvrage intitulé « The Gap Instinct », Rosling nous explique comment « l’instinct d’écart » est naturel chez chacun d’entre nous. Il s’est rendu compte que les différentes audiences auxquelles il s’adressait avaient une conception du monde qui reposait sur des catégories dépassées : riches vs pauvres, ouest vs est, sud vs nord …. Or, cette conception du monde qui reposait sur des données des années 60 n’est plus valide aujourd’hui. Comme le montre les données les plus récentes des grands organismes internationaux (ONU, Banque mondiale UNICEF…) aujourd’hui il y a clairement quatre grands niveaux de revenus :
- Le niveau 1 : les plus pauvres avec 1 $ par jour de revenu qui représentent 1 milliard d’individus
- Le niveau 2 : avec 4$ par jour, pour 3 milliards d’individus
- Le niveau 3 : avec 16$ par jour, pour 2 milliards d’individus
- Le niveau 4 : avec 32$ par jour, pour 1 milliard d’individus
Malgré ces faits et ces données incontestables, notre instinct continuera de nous faire croire qu’il faut opposer les riches et les pauvres, tendance parfois renforcée par les biais que nous inculquent les médias qui aiment – ce n’est pas leur faute – opposer les catégories. Pour nous prémunir contre cet instinct qui nous fait voir le monde en noir et blanc, il faut avoir conscience que la majorité se trouve souvent entre les deux extrêmes. Ainsi il est évident que la plus grande majorité de l’humanité n’oppose pas les très pauvres aux très riches contrairement à ce que l’on croit, mais se trouve entre les deux. Roslin nous invite par conséquent à nous méfier de notre instinct et chaque fois que nous entendons parler « d’histoire de fossé » il faut que nous ayons le réflexe de penser à cette majorité qui comble le fossé entre les extrêmes. Tout l’ouvrage est ainsi une succession de conseil pour bien appréhender les statistiques en nous méfiant des idées préconçues (négativité, continuité, peur, taille, généralisation, destinée, exception, blâme et urgence) et par la même occasion des messages catastrophistes.
False Alarm, How climate change panic costs us trillions, hurts the poor, and fails to fix the planet, par Bjorn Lomborg, Basic Books
Dans un registre similaire d’Apocalypse Never de Michael Shallenberger (cf Supra), et avec de nombreux points communs, False Alarm de Lomborg s’en prend également directement aux messages trompeurs des prophètes de malheur et tente de démontrer que la société capitaliste avec la croissance qu’elle permet de générer reste la meilleure solution pour lutter contre la menace climatique. Notons au passage que cette similitude n’a rien d’étonnant car, tout comme Shallenberger, Lomborg est un militant écologiste qui s’est converti à la raison scientifique et ce très tôt, puisque c’est en 2004 qu’il publie, L’Écologiste sceptique, ouvrage dans lequel il dénonce déjà les manipulations de l’écologisme sur les thématiques tels que le réchauffement climatique, la surpopulation, la raréfaction des ressources énergétiques, la déforestation, l’extinction des espèces, le manque d’eau… Ce nouvel ouvrage s’appuie sur les données du GIEC ainsi que les travaux du prix Nobel Peter Nordhaus, dont Lomborg partage les diagnostics mais pour proposer des solutions différentes de celles que proposent généralement les catastrophistes de service qui prédisent la fin du monde et/ou préconisent la décroissance comme seule solution. Lomborg n’hésite pas à débusquer les trucages de la terreur climatique qui est davantage le fait de la politique que de la science, quand on nous dit par exemple, qu’il ne reste plus que quelques années pour agir. Il s’en prend également aux médias et au traitement biaisé de l’information. Un des exemples les plus frappants est la couverture de Time magazine avec Gutieres le secrétaire de l’ONU, pantalons relevés sur l’île de Tuvalu pour illustrer l’urgence climatique. En fait, les journalistes qui ont fait ce montage ne se sont appuyés que sur une partie de l’étude de Nature pour illustrer la montée des océans, négligeant totalement l’autre partie de l’étude, qui montrait, elle, que la superficie de l’île avait augmenté et cela à cause du phénomène d’accrétion (voir une recension plus complète de l’ouvrage).
Mais l’une des thèses les plus forte de Lomborg est sans doute qu’il nous faut continuer de privilégier la croissance, que le climat n’est pas « la lutte finale » et qu’il est inutile, voire stupide, de miser uniquement sur les politiques couteuses et sans efficacité pour faire diminuer les émissions de CO2, alors que nous devrions davantage miser sur des politiques d’adaptation et d’innovation. Autrement dit, une société prospère sera mieux à même de s’adapter au réchauffement climatique qu’une société paupérisée. Une tautologie direz-vous ? Pourtant certains qui appellent à la décroissance semblent l’avoir ou vouloir totalement l’oublier.
Greta a tué Einstein, La science sacrifiée sur l’hôtel de l’écologisme, Jean-Paul Oury, VA-Editions
Avec une couverture et un titre provocateurs, cet ouvrage vise à faire prendre conscience au public d’un changement de paradigme : comme le remarque en introduction Jean-Paul Oury, docteur en histoire des sciences et technologie et éditorialiste pour Europeanscientist, si dans un numéro spécial de 1999, Time magazine avait choisi Einstein comme personnage le plus représentatif du 20ème siècle, 20 ans plus tard il a choisi Greta Thunberg comme personnage de l’année. Sur le plan symbolique l’auteur y voit un point d’orgue qui illustre la perte de confiance dans la science prométhéenne résultat de plusieurs années d’agit-prop de l’écologisme qui s’en est pris aux totems de celle-ci : les OGM, le nucléaires, les antennes relais / la 5G, le glyphosate … tout cela pour imposer des solutions labellisées « made in nature », telles que le bio, les ENR, les véhicules électriques ou encore l’homéopathie. La critique rationnelle a totalement été mise de côté au point qu’on néglige les externalités négatives de ces solutions qui ont obtenu la sainte onction, par le truchement d’une opération de marketing. Force est de reconnaitre que c’est l’idéologie qui a pris le pas sur la science, la technologie et que ces dispositions ont de forte chance de nous mener vers la décroissance, certains idéologues ne se cachent d’ailleurs plus désormais et appellent celle-ci de tous leurs voeux…. L’écologisme semble avoir parfaitement réussi son OPA sur le concept de nature…
Aussi l’auteur en appelle à ce que le public renoue avec la confiance qu’il avait jadis en la science prométhéenne. Pour cela il faut qu’il comprenne que la science et la technologie ne sont pas opposées à la nature, bien au contraire. Par leur biais, l’homme ne fait que se doter de nouveaux outils qui copient l’efficacité de celle-ci. Ainsi : les NBT permettent de modifier le génome sans franchir la barrière des espèces, l’agriculture intelligente favorise une production intensive tout en respectant l’environnement, le nucléaire totalement décarbonné respecte les objectifs climatiques, ou encore l’IA raisonnée et non fantasmée nous assiste dans la résolution de problèmes complexes. Des solutions qui permettent d’achever une meilleure harmonie homme-nature.
La biodiversité avec ou sans l’homme ? Réflexion d’un écologue sur la protection de la nature en France
Alors que jusqu’à présent nous n’avons évoqué que des ouvrages qui combattaient Les catastrophismes, voici un livre qui s’en prend à une thèse bien particulière : la sixième extinction de masse. Selon Christian Lévêque, écologue, président honoraire de l’Académie d’Agriculture de France, directeur de recherche émérite de l’IRD, auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie et la biodiversité, celle-ci n’est pas autre chose qu’un « slogan qui participe au climat anxiogène ». Cet ouvrage qui va totalement à contre-courant de la doxa actuelle, pose dans son titre une question fondamentale : soit l’homme est extérieur à la nature et on peut croire qu’il l’agresse, soit il en fait partie et alors son action à son égard devra être jugée autrement. Après cette question préliminaire il revient sur la scientificité du concept de biodiversité un mot valise dans lequel chacun met ce qu’il veut y trouver. Le fait que ce mot possède en lui un a priori négatif, lui confère une dimension idéologique : on croit spontanément que l’homme de par son action, détruit la nature. Ces discours systématiquement à charge contre l’homme ont quelque chose d’outrancier et ne permettent pas de comprendre la complexité des interactions entre l’homme et la nature. Par exemple, beaucoup de nos systèmes écologiques ont été co-construits par l’homme. Si on prend l’exemple des bocages qui sont totalement artificiels, alors ces systèmes sont tout à fait favorables à la biodiversité. Lévêque souligne également la difficulté épistémologique qu’il y a de cerner la notion d’espèce, difficulté qui remonte à Linné… Forcément le discours sur la biodiversité finit par donner lieu à des abus de langage surtout dans le milieu des ONG qui insistent sur le fait que l’homme détruit la nature… il est pourtant important d’introduire des nuances : par exemple la disparition d’espèce est fréquente sur les milieux insulaires (95% des espèces enregistrées comme éteintes), mais beaucoup moins sur les milieux continentaux. Loin de nier l’existence de véritables problèmes et la disparition de certaines espèces emblématiques (telles que les rhinocéros) l’écologue dénonce surtout les biais idéologiques des ONG qui prêchent un discours apocalyptiques sur la biodiversité et ce, parfois de manière hypocrite : leurs visions fixistes font qu’elles n’aiment pas les espèces invasives et luttent pour les faire disparaître. Lévêque pour échapper à ces contradictions défend un anthroposystème, une vision qui permet de transcender les clivages entre des disciplines telles que l’écosystème, le géosystème ou encore le socio-système. Cette matière devrait nous aider à mieux questionner notre rapport à la nature. Autre notion importante : ceux qui sonnent le tocsin en matière de biodiversité mettent l’accent sur les espèces qui disparaissent alors qu’il y a un changement de composition et remplacements d’espèces.
Un argument de plus pour soutenir que les systèmes ne sont pas figés et qu’il y a une vraie dynamique. Si on ne comprend pas cela, alors on suppose un climax illusoire et on refuse de voir qu’il n’y a que des états transitoires. Le changement d’état est permanent soit du fait de l’humanité, soit du fait du climat, soit du fait de la biologie des espèces : il ne sert à rien alors de parler de bon état écologique et l’ériger en objectif à atteindre, voici sans doute la grande conclusion qu’on tirera sur le plan philosophique de cet ouvrage essentiel.
La religion anti-ondes : comment médias et associations ont fabriqués les électrosensibles
Les lecteurs d’Europeanscientist connaissent bien Sébastien Point. Auteur pour notre site il combat régulièrement les pseudo-science. Dans « La religion anti-ondes: Comment médias et associations ont fabriqué les électrosensibles », le président de la section Rayonnements non ionisants de la Société française de radioprotection se penche sur le phénomène de l’ électrohypersensibilité (EHS). Alors que le physicien et ingénieur nous démontre par A+B que les ondes ne sont pas la cause de ce syndrome, le chercheur doté d’un diplôme de psychopathologie, émet l’hypothèse qu’il repose davantage sur des causes d’origine psychologiques. Au travers d’un travail interdisciplinaire on découvre qu’il y a un véritable biais de confirmation doublé d’un effet Dunning-Kruger dans ce phénomène : « le public inquiété par les discours anti-ondes, se renseigne sur internet, et y collecte énormément d’informations, sans se rendre compte que cette collection d’informations est très souvent entachée par le biais de confirmation, un biais cognitif par lequel un individu accorde naturellement plus d’intérêt aux informations qui confortent ses propres convictions préétablies. » Un peu d’histoire des sciences et technologies permet de rétablir la vérité sur les ondes, celles-ci sont partout : la lumière visible, les rayonnements ultraviolet et infrarouge du Soleil … Bien-sur, l’ère industrielle a généralisé la présence dans le monde d’autres types d’ondes, comme les ondes hertziennes et l’expert souligne que « celles-ci ont des effets biologiques qui, à partir d’un certain niveau d’exposition, d’une certaine intensité, peuvent provoquer des effets sanitaires. Il existe donc un champ scientifique dédié à l’évaluation et à la protection des personnes vis-à-vis des rayonnements, c’est la radioprotection, très bien représentée en France par la Société Française de Radioprotection. Grâce aux ingénieurs, physiciens et biologistes travaillant dans ce domaine, les valeurs conduisant à ces effets sanitaires sont bien connues et les appareils émetteurs d’ondes (qu’il s’agisse par exemple de votre lampe de chevet ou de votre téléphone portable) doivent respecter des intensités maximales d’émissions. Le respect de ces limites, qui bénéficient d’ailleurs de marges de sécurité importantes, garantit l’innocuité de ces dispositifs. » Mais rien n’y fait et les mouvements anti-ondes continuent de propager la panique et de générer des peurs dans les foules en s’appuyant sur des études catastrophistes qui, comme le remarque notre expert ne sont jamais en « double aveugle » mais toujours des études de « cas témoins », ce qui ne leur procure pas une grande fiabilité. Certains petits malins en profitent également pour vendre à bon prix des dispositifs anti-ondes … Selon Point, il faut cependant conserver la tête sur les épaules « électrohypersensibilité et exposition réelle aux ondes sont décorrélées » ce qui n’empêche pas d’apporter une explication : « quand des personnes, souffrant déjà d’une vulnérabilité biologique à l’anxiété (à cause d’une hypertrophie des hippocampes cérébrales), sont exposées aux informations inquiétantes entourant les ondes qu’elles entrent dans la phobie des ondes, à travers un double mécanisme circulaire que je décris dans mon ouvrage, et dont les moteurs sont l’amplification somatosensorielle d’une part et la réussite des stratégies de défense et d’évitement d’autre part. » Voici donc un excellent rempart contre la peur des ondes qui aura bien plus d’effet sur le lecteur que n’importe quel autre gris-gris que l’on trouve désormais en magasin spécialisé.
Les Ecolos nous mentent, Jean de Kervasdoué et Henri Voiron, Albin Michel
Parmi notre sélection, cet ouvrage de Jean de Kervasdoué et Henri Voron est sans doute celui qui affiche le titre le plus percutant. Et la dernière de couv’ qui annonce la couleur en listant les questions auxquelles prétend répondre l’ouvrage est à la hauteur : « La France va manquer d’eau », « Les OGM sont dangereux », « Le diesel pollue plus que l’essence », « la pollution atmosphérique provoque 48000 décès par an », « la viande rouge est cancérigène » … Sur toutes des thématiques qui font souvent la une de l’actualité et qui ont permis de faire les choux-gras de l’écologie, les deux auteurs, experts de renom – Kervasdoué est à la fois économiste de la santé, diplômé de l’Agro et des Eaux et forêts, et Voron est hydrologue et ingénieur en chef des Ponts et des forêts – vont démontrer qu’il y a le plus souvent tromperie et que par conséquent oui, « les écolos nous mentent ». Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas de nier ici l’existence de véritables problèmes écologiques : ainsi la surpêche en est un et les auteurs lui consacrent un chapitre, la pollution des déchets de matière plastique également, faute de traitement des ordures. Véritable abécédaire, cet ouvrage énumère les problèmes les uns après les autres et rétablit les vérités. Ainsi dans le chapitre « Qui a dit qu’on allait manquer d’eau ? », les auteurs dénoncent les contrevérités qui sont proférées par les écologistes sur la thématique de l’eau : « la mouvance alarmiste annonce que la fréquence des catastrophes naturelles devrait augmenter ; l’avenir le dira. En attendant, le climat en France reste tempéré. L’eau y est abondance. En conséquence les crues y sont fréquentes, comme à l’automne 2019. » Ils rappellent également un principe de base de la chimie « Il faut comprendre qu’on ne peut pas « consommer » l’eau. La molécule (H2O) est stable, indestructible, indéfiniment recyclable et recyclée » ce qui leur permet ensuite d’expliquer que les peurs du manque d’eau sont totalement infondées et que « quand une grande sécheresse sévit dans le sud de l’Afrique, économiser l’eau à Paris ne donne pas une goutte à boire aux éléphants qui, au même moment, meurent de soif au Zimbabwe ! »
Tout l’ouvrage consiste ainsi dans une déconstruction des croyances qu’a réussi à nous inculquer l’écologie militante, un rappel de quelques principes scientifiques fondamentaux, la dénonciation des déclarations absurdes de certains médias ainsi que la démagogie des politiques.
« L’utopie de la croissance verte. Les lois de la thermodynamique sociale ». Philippe Charlez, Laffont éditions
Expert en Questions Energétiques de l’Institut Sapiens, Philippe Charlez est avec JM Jancovici et Samuele Furfari reconnu parmi les meilleurs spécialistes de la transition énergétique tant sur le plan technique, qu’économique et sociétal. Après « Croissance – Energie – Climat. Dépasser la quadrature du cercle » sorti en 2017 aux Ed. De Boek Supérieur, Charlez a publié fin octobre aux Ed. JM Laffont un nouvel ouvrage « L’utopie de la croissance verte. Les lois de la thermodynamique sociale ».
Ce livre de près de 500 pages est divisé en deux parties.
Dans la première intitulée « La société de l’équivoque » Philippe Charlez décrit à partir de données historiques les vices et les vertus de la société de croissance. Mais surtout il explique le fonctionnement de la société de croissance fonctionne à partir d’un concept bien connu e, thermodynamique (d’où le sous-titre « Les lois de la thermodynamique sociale ») la « structure dissipative ». De façon similaire aux autres systèmes naturels qu’ils soient inertes (galaxies, planètes, étoiles) ou vivants, la société de croissance produit sa richesse matérielle (biens) et informative (services) aux dépends de son environnement en y puisant des ressources et en y rejetant des déchets dont le CO2 responsable du réchauffement climatique. Comme toute structure dissipative, la société de croissance est un système ouvert (libre échange), ordonné (i.e. organisé) et inégalitaire. En démontrant scientifiquement que la production de richesses est indissociable d’inégalités, Philippe Charlez démonte avec élégance la pensée unique présupposant que réduire les inégalités réduit la pauvreté. C’est au contraire à partir d’un état inégalitaire que l’on peut réduire la pauvreté et le cas échéant les inégalités. La mondialisation démontre sans ambiguïté cette chaîne inversée des valeurs. Au contraire, l’égalitarisme résultant d’une potentielle décroissance détruit la richesse et donc accentue la pauvreté ; elle ne peut conduire à terme qu’à la pauvreté absolue pour tous.
La seconde partie « Quelle croissance pour quel mix énergétique » aborde le sujet clé du mix énergétique permettant d’accéder à une société neutre en carbone à l’horizon 2050.
Optimiser la société de croissance demande de découpler énergie et richesse en créant autant, voire davantage de richesses avec moins d’énergie. Ce découplage a toutefois ses limites et ne peut suffire à décarboner totalement la société. Décarboner l’habitat, les transports et l’industrie nécessitera de remplacer les « équipements fossiles » par des « équipements électriques ». Principal fournisseur d’énergie dans le futur, le mix électrique idéal serait composé d’une moitié de renouvelables décentralisés (éolien, solaire + hydroélectricité) dont les intermittences seraient compensées par des petites centrales au gaz voire des petites centrales nucléaires (SMR). En revanche, dans les régions ne disposant pas de gisements de vent ou de soleil, le nucléaire (fission puis hypothétique fusion) s’imposera comme incontournable clé de décarbonation. Les énergies fossiles n’auront pas pour autant disparu. Leur utilisation se restreindra à certains transports et processus industriels dont les émissions résiduelles seront compensées par une mise en œuvre massive du Carbon Capture Storage.
Si la décroissance ou la croissance 100% verte conduisent à des impasses, le nationalisme est tout aussi nuisible à la transition écologique. Parallèlement au nucléaire, la coopération internationale apparait comme une seconde clé. Sans rêver d’un « melting pot mondial » cette coopération se concrétisera dans des alliances régionales pertinentes, gérant de façon coordonnée leurs destins énergétiques. L’Europe représente sur ce point un laboratoire d’exception notamment à travers ses réseaux d’échange de gaz et d’électricité.
On vous trompe énormément, l’écologie politique est une mystification, Thierry Godefridi, Palingénésie
Pour ceux qui ont lu « Ecologisme nouveau totalitarisme » du philosophe belge Drieu Godefridi, il y a un lien de parenté évident puisque « On vous trompe énormément » a été écrit par son père, Thierry Godefridi, juriste, économiste et également philosophe de formation. L’air de famille est donc bien prononcé et la filiation naturelle. Le fil conducteur de cet ouvrage réside dans les mensonges de l’écologisme politique avec cette approche originale que l’ouvrage est une compilation de thèses d’autres auteurs qui se sont bien documentés et qui permettent de comprendre pourquoi et comment nous nous sommes laissés berner par le catastrophisme. En ne relatant que ce qui va mal, les écologistes nous trompent à la foi par l’exagération et par l’omission des bénéfices incommensurables de notre mode de vie. Ainsi le chapitre « la Vérité si j’informe » s’appuie sur « La langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement » d’Ingrid Riocreux pour montrer comment les médias qui « informent » une « réalité sans forme » ont choisi de privilégier sciemment les thèses catastrophistes.
Thierry Godefridi décortique le mécanisme de tromperie en s’appuyant sur les ouvrages « L’urgence climatique est un leurre » de François Gervais, « La Guerre des métaux rares » de Guillaume Pitron, « Eoliennes, la face noire de la transition écologique » de Fabien Bouglé, « De Chrétien écolo ? » de Samuele Furfari, ou encore du roman « Etat d’urgence » de feu Michael Crichton le médecin auteur de Jurasic Park…Pour citer les principaux. Cette formule excellente permet de bien vulgariser en relatant des bonnes pages et nous offre une sorte de « parcours d’initiation ». Après avoir lu « on vous trompe énormément » on dispose d’un manuel avec tous les remèdes pour ne plus se laisser berner.
Réarmer la raison: de l’écologie raisonnée à la politique raisonnable, Michel de Rougemont
Docteur science et technologie et consultant, le suisse Michel de Rougemont défend sans relâche la science et les technologies sur https://blog.mr-int.ch. Notons qu’il chronique aussi régulièrement sur Europeanscientist. Au travers de son essai joliment baptisé Réarmer la raison, de l’écologie raisonnée à la politique raisonnable, il tente de mettre en perspective l’avènement d’une société post-moderne qui a abandonné la rationalité… fait paradoxal, étant donné que jamais auparavant, l’humanité n’a été si prospère – qu’il s’agisse des pays riches ou pauvres….
L’impact de l’humanité sur l’environnement – au travers de l’industrialisation et des échanges globaux – a eu pour conséquence une désillusion vis-à-vis de la science et des techniques, rendues coupables par la société, des déséquilibres écologiques … Au final c’est l’idée de progrès qui a été remise en cause.
L’auteur passe en revue rapidement l’avènement de l’écologie moderne et des défis qui se présentent au sociétés (préservation de la nature ou du traitement des déchets) avec un focus particulier mis sur la notion de risque et une étude de la question climatique.
Aucun aspect n’est laissé de côté et Michel de Rougemont met en évidence ses capacités d’analyse au travers d’un esprit universel et de connaissances généralistes et multi-disciplinaires : ainsi, il passe en revue les questions liées à la biologie, à l’agriculture, ainsi qu’à la fourniture d’énergie… L’économie et la politique sont également présentes au coeur du sujet, puisque l’auteur va jusqu’à proposer une analyse de la notion de valeur et des différentes formes possibles de vie en société. La partie la plus intéressante en ce qui concerne notre revue étant l’analyse des mouvements alarmistes à l’origine desquels de Rougemont voit plusieurs causes : craintes primitives, questionnements eschatologiques, idéologies de domination, ainsi que de simples mais puissants désirs de saisie du pouvoir, culminant maintenant par l’appel à une gouvernance mondiale bien détachée des peuples….
Et surtout (comme l’indique le titre) c’est l’abandon de la raison qui permet à ces mouvements de prospérer et de faire émerger de nouveau prêtres et de nouveaux cultes. Un ouvrage qui tente une synthèse globale et qu’il est impératif de lire pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de la genèse de notre société déchirée entre les bienfaits du progrès et la mauvaise conscience écologique et qu’il est essentiel d’avoir lu pour réarmer votre raison face au déluge alarmiste.
Une histoire naturelle de l’homme, l’écologie serait-elle une diversion ? Bertrand Alliot, L’Artilleur
Voici sans doute l’ouvrage qui défend la thèse la plus originale de toute notre petite liste. Ecrit également par un ancien militant écologiste, à la fois ingénieur maître en gestion de l’environnement et docteur en science politique, « histoire naturelle de l’homme » pose des questions fondamentales au sujet de l’écologie. Bertrand Alliot commence avec une image forte en comparant l’homme à un ours sur son tas d’ordures, une analogie qui nous fait comprendre que nous recherchons la simplicité et souhaitons améliorer notre confort de vie : de la même manière que l’ours préfère sa décharge à la forêt, nous préférons la ville à la campagne. Le renard, la huppe, la cigogne, le bernard l’hermite, l’alouette, la fouine, de la grue… l’auteur convoque tout un joyeux bestiaire pour illustrer sa thèse… Il faut souligner que celle-ci est osée puisqu’il soutient que l’écologie a échoué et qu’au final, elle n’est qu’une diversion : « L’écologie échoue dans la mesure où elle véhicule un mythe qui, c’est sa nature, parle d’un être qui n’existe pas dans le monde réel. » Véritable converti, Alliot, n’hésite pas à dénoncer l’hypocrisie de ceux qui sonnent le tocsin au travers de grands discours, de grandes conférences internationales sur le climat, d’appels à la mobilisation… selon lui des mises en scène qui n’ont pas vraiment d’impact sur les problèmes. D’ailleurs il insiste sur le fait que les écologistes sont des consommateurs comme les autres qui n’ont pas forcément la volonté de modifier leurs modes de vie. Il va même jusqu’à dire que certains grands orateurs de l’écologie sont les pires. Selon lui l’échec de l’écologie est total car malgré une apparente prise de pouvoir politique, ses demandes telles que la baisse des émissions de CO2, le ralentissement des prélèvements de matière premières, la fin de l’érosion de la biodiversité, la baisse de la consommation… se caractérisent dans la réalité par le contraire.
Les victoires de l’écologie politique ne sont que celle d’un récit mythique qui bien qu’il réussisse à marquer les esprits n’a aucune prise sur la réalité. Un ouvrage donc qui au travers d’une série de réflexions et d’analyses permet de bien mettre en perspective le rapport homme-nature et de mieux comprendre le continuum qui les relie au sein d’une même histoire naturelle…. Une vision réconfortante à mille lieux de toutes les visions alarmistes qui cherchent justement à les opposer pour toujours plus nous effrayer. Un bel ouvrage qu’il faut lire et de relire en prenant le temps de méditer : une excellente posologie pour éviter de paniquer.
Unsettled: What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters, Steven E. Koonin, Benbella
On ne présente plus Steven E. Koonin, physicien théorique, ancien conseiller scientifique de Barack Obama à la Maison Blanche. S’étant intéressé à la thématique du climat très tôt, il a publié de nombreuses chroniques notamment dans le Wall Street Journal. Avec Unsettled, publié au début de l’année 2021, il n’a pas manqué de défrayer les chroniques car il contrevient à la doxa qui colporte les scénarios les plus catastrophistes du GIEC. Avec cet ouvrage l’expert de renommée internationale veut remettre les pendules à l’heure et ambitionne de revenir à un discours débarrassé de la couche « politique » et des biais « médiatiques » pour bien cerner « ce que la science peut dire et ce qu’elle ne peut pas dire » au sujet du climat… Et contrairement à ce que l’on entend trop souvent, la question est loin d’être « réglée » d’où le titre de l’ouvrage « Unsettled ». En l’occurrence l’auteur propose notamment un bilan complet de ce que l’on sait sur le réchauffement climatique, quelle part joue l’humanité dans ce phénomène, il explique le phénomène d’émission de CO2 et s’interroge sur leur extrapolation, se penche sur les résultats alambiqués des modèles, passe en revue le traitement parfois biaisé des cataclysmes « météo » (météo que l’on confond trop souvent avec la science du climat), tels que les canicules, les tempêtes, les fortes précipitations ou les incendies. L’auteur jette un regard critique sur l’accroissement du niveau des océans (un phénomène bien réel mais dont nous ne savons pas quelle part est due à l’activité humaine et quelle part résulte de cycles sur le long terme) et qui subit un effet de loupe du fait de la construction accrue dans des zones inondables… Pour Koonin, la situation est sérieuse, mais il n’y a pas lieu de parler d’apocalypse aussi l’auteur prend à partie ceux qui « ont cassé la science du climat » en affirmant que celle-ci était « fixée ». Dans une deuxième partie il propose des solutions : il évoque avec une touche de réalisme les technologies qui seront mieux à même d’assurer la transition énergétique, notamment avec le nucléaire, mais aussi avec un développement important d’une technologie telle que la géo-ingénierie. Quand on voit les critiques reçues par cet ouvrage, on comprend à quel point il est devenu difficile de parler de ce sujet sachant que Koonin comme il le dit dans un podcast enregistré avec Alex Epstein n’a fait que citer les travaux du GIEC dans son ouvrage, mais sans utiliser les scénarios les plus catastrophistes.
On comprend à quel point il est compliqué d’aborder ce sujet et politiquement incorrect de contredire la doxa, car bien que l’auteur ait rédigé l’ensemble de son travail sur les travaux