Après avoir vu Planet of Human de Jeff Gibbs et Michael Moore, vous ne regarderez plus les énergies renouvelables de la même façon. Allez-vous pour autant rejoindre le camp des transfuges de l’écologie qui se mettent à croire au nucléaire et aux biotech ? Quelle expérience vous faudra-t-il faire pour suivre le chemin des convertis ?
Plus jamais vous ne regarderez une éolienne comme avant
Avec bientôt 7 millions de vues sur Youtube, Planet of humans (Planète des hommes) (1), la nouvelle production de Michael Moore et Jeff Gibbs, est bien partie pour être un nouveau succès planétaire. En pleine pandémie, alors que les esprits sont totalement absorbés par le coronarvirus, on ne s’attendait pas à ce qu’un film qui étrille les énergies renouvelables fasse ainsi le buzz… et encore moins qu’il soit signé Michael Moore. Une double surprise d’une heure quarante, accessible à tout le monde puisqu’il est totalement libre d’accès. Et pour ajouter au tableau, le film se regarde comme une enquête policière : bien rythmé par Jeff Gibbs qui enchaîne commentaires et interviews pour mener le public à une conclusion implacable : les énergies dites renouvelables (solaire, éolien et biomasse) sont sans doute la plus grosse escroquerie de tous les temps et ceux qui en ont fait l’apologie sont, soient des pigeons qui se sont fait berner (les militants écologistes), soient de cyniques entrepreneurs qui ont profité de la situation et de la naïveté de certains militants de bonne foi pour s’enrichir. Ce dernier point est d’ailleurs la conclusion de ce film : toute cette entreprise de transition énergétique n’est qu’une vaste fumisterie menée tambour battant par des entreprises dont la plupart ont des intérêts dans l’utilisation d’énergies fossiles. Aussi, comme le montre Gibbs à plusieurs reprises, il semble totalement impossible de se passer des énergies fossiles (qui représentent 85 % de la demande d’énergie) quand on a recours aux énergies renouvelables.
Le premier exemple est d’ailleurs une sorte de révélation qu’il a expérimentée. Alors qu’il faisait un reportage sur un évènement dédié à la promotion des systèmes d’énergie solaire, il s’est mis à pleuvoir très fort. Afin de ne pas interrompre le concert qui battait son plein, les organisateurs ont dû lancer un groupe électrogène qui, lui, consommait…. du gasoil…. Sans cela, il aurait fallu « débrancher » le groupe de rock qui jouait.
Gibbs nous explique que cette déconvenue a totalement changé sa manière de percevoir les ENR et qu’il s’est lancé dans une longue enquête qui lui a permis de voir ce qui se cachait derrière chacune d’entre-elles. Ainsi, la centrale d’Ivanpah, située dans le désert de Mojave en Californie, inaugurée en grandes pompes par Arnold Schwarzenegger et présentée par lui-même comme une « nouvelle mine d’or », du fait qu’elle constituait la plus grande surface existante de miroirs solaires. Elle a sans doute fait rêver de nombreux acteurs hollywoodiens dont on connaît l’engagement pour l’écologie – nous n’oserions pas aller jusqu’à dire qu’il y en avait suffisamment pour refléter leurs ego – mais perd tout son charme aux yeux de l’écologiste authentique Gibbs qui découvre que pour installer des miroirs, on a dû arracher du désert une végétation centenaire (les fameux Joshua’s trees) et que pour faire tourner la centrale, il faut utiliser du gaz naturel !
La grande découverte de Gibbs et Moore tout au long de ce film est que « ce qui a nous a été vendu comme des sources d’énergie renouvelables » n’était en fait qu’une des solutions qui emploient encore plus d’énergies fossiles et de matières premières rares que l’industrie classique. C’est d’ailleurs la réponse à la question qu’ils se posent sur les éoliennes : « mais est-ce possible pour des machines faites par la civilisation industrielle, de nous sauver de la civilisation industrielle ? » Gibbs après ce travail d’introspection et ce long chemin de Damas s’est rendu compte que pour lutter contre les énergies fossiles, il devait lutter également contre les énergies renouvelables.
Et pour lui il y a des coupables que l’on peut facilement pointer du doigt : ainsi, Bill Mc Kibben, militant écologiste et fondateur de l’ONG 350.org et le Sierra Club, la plus vieille association écologique américaine, font la promotion de la biomasse, une solution qui utilise des incinérateurs pour brûler des pastilles de bois afin de produire de l’électricité, et, d’après Gibbs, pousse non seulement à une déforestation massive, mais également conduit à l’usage de combustibles fossiles, ce qui a pour résultat de rejeter une grande quantité de CO2 dans l’atmosphère. Gibbs montre les combines réalisées par ces fervents écologistes pour sanctuariser l’énergie issue de la biomasse comme faisant partie des solutions durables. Et n’oublions pas le rôle fondamental de Al Gore qui est « Le » principal acteur de cette situation avec ces campagnes incessantes de sensibilisation de l’opinion public sur le réchauffement climatique anthropique. Gibbs et Moore démontrent en long et en large comment il a profité financièrement de la situation…. aussi, à la fin, du film, les auteurs jouent de sarcasme en rappelant qu’après avoir vu leur film, Gore et Blood (son partenaire ancien de Goldman Sachs) ont ouvert un nouveau fond d’investissement durable et responsable de plusieurs milliards… dans une banque aux îles Caïmans … ça fait mal.
Gibbs et Moore deux nouveaux transfuges de la deep écologie ?
Après avoir vu ce film nous nous sommes posé la question de savoir si Gibbs et Moore avaient rejoint ce que nous avons baptisé le « club des convertis » ? C’est-à-dire le cercle de moins en moins fermé de ceux qui, ex-fervents promoteurs de la deep-ecology, ont finalement ouvert les yeux pour se rendre compte que l’idéologie qu’ils défendaient était intenable et que s’ils voulaient vraiment défendre leur cause – la sauvegarde de la planète – ils devaient se ranger derrière les solutions proposées par la science et la technologie… Mais Gibbs et Moore ne vont pas au bout de leur raisonnement. En effet, on s’attend jusqu’à la fin du film, à ce qu’ils proposent une autre solution, mais en fait, on découvre, de manière assez convenue, qu’il s’agit de faire en creux la promotion de la deep ecology, qui implique la décroissance et des thèses malthusiennes qui l’accompagnent généralement : réduire la population sur Terre. Quant à Michael Moore, on se dit que s’il a produit ce film, c’est parce que ça lui permet de rajouter un chapitre de plus à sa critique inlassable du capitalisme. On est alors forcément déçu par cette fin sans véritable solution… Non ces deux cinéastes ne sont pas de nouveaux techno-prophètes « convertis »… même s’ils ont fait une critique fort louable de l’hypocrisie de certains promoteurs des énergies renouvelables et de leurs imperfections et mis au grand jour la vérité qu’elles cachent : cette appellation regroupe des solutions qui nous poussent à consommer davantage d’énergies fossiles et donnent, par conséquent, un résultat opposé de celui attendu… et peut-être que venant de leurs bouches les oreilles du grand public voudront bien l’entendre.
Écoutons la voix des convertis
Moore et Gibbs ne sont pas les premiers à dénoncer l’hypocrisie des énergies renouvelables et de ce fait, on n’apprend pas grand chose en regardant ce film si ce ne sont des vérités qui ont déjà été développées en long et en large dans nos colonnes par des auteurs comme Samuel Furfari, Bernard Durand ou Jean-Pierre Riou et bien d’autres ailleurs. Mais ce qui nous intéresse, c’est que ce sont des anciens militants écologistes qui le disent.
Ainsi, Gibbs commence le film en expliquant qu’enfant, il a mis du sable dans le réservoir d’un bulldozer qui était venu pour arracher les arbres de la forêt située derrière la maison de ses parents. Et qu’il a toujours été un fervent défenseur de la nature et de l’environnement. Il y a donc une forme de parcours initiatique, à la suite de l’observation d’une réalité. Une expérience qui le pousse à changer de point de vue et à abandonner une manière idéologique de voir le monde. Et c’est cela à vrai dire qui est intéressant. On préférera de fait l’histoire d’autres convertis tels que par exemple Michael Schellenberger. Cet expert en énergie, dont nous avons plusieurs fois parlé, explique son parcours initiatique dans de nombreuses vidéos TedX (2) et comment il est passé de la deep ecology à la promotion des énergies renouvelables, puis finalement à la promotion du nucléaire. Chez lui, c’est la prise de conscience que si notre problème était le CO2 et que les ENR n’empêchaient pas l’utilisation d’énergies fossiles, mais bien au contraire en requéraient davantage (voir le cas de l’Allemagne qui est obligée d’avoir recours à des centrales à charbon) alors la seule solution totalement décarbonnée était forcément l’énergie nucléaire. Mais Schellenberger est loin d’être seul et surtout le premier. Avant lui le célèbre écologiste et brillant statisticien, Björn Lomborg avec son « Skeptical environmentalist » (3) a expliqué en long et en large pourquoi le recours aux technologies bien conçues pouvait être davantage profitable.
Notons que le secteur de l’énergie n’est pas le seul à connaître cette vague de convertis. Les biotechnologies ont également les leurs. Ainsi, Patrick Moore – sans lien de parenté avec Michael à notre connaissance – ancien fondateur de Greenpeace avait fait trembler l’écolo-sphère en 2016 en dénonçant avec plus d’une centaine de prix Nobel, ces ONG qui ne voulaient pas entendre parler du Riz Doré (le fameux Golden Rice génétiquement modifié et enrichi en vitamine A) et de ce fait se trouvaient à l’origine de nombreuses morts d’enfants dans ces pays qui auraient pu bénéficier de la technologie, un véritable crime contre l’humanité (4). Un autre exemple connu est celui de Mark Lynas, également un ancien militant écologiste qui, dans un long discours adressé prononcé en 2015 à Oxford devant la communauté scientifique (5), a expliqué pourquoi après avoir été longtemps milité contre les OGM, il avait fini par comprendre que cette technologie jouait un rôle fondamental pour nourrir l’humanité qui allait devoir faire face à de terribles cataclysmes avec le réchauffement climatique. Précisons au passage que Patrick Moore et Lynas sont également deux fervents défenseurs de l’énergie nucléaire, le premier étant climato-sceptique et le second pensant que seule la technologie peut résoudre le problème du réchauffement climatique.
Tout le monde a le droit de changer d’avis
Le point commun de tous ces transfuges de la deep-ecology vers les solutions scientifiques est qu’ils ont vécu une expérience ou un cheminement de pensée qui a transformé leur manière de voir le monde et leurs présupposés idéologiques. Nous sommes tous susceptibles de connaître ce genre d’expérience intellectuelle. En faisant chacun un petit travail d’introspection, nous pouvons retrouver ce qui nous fait pencher d’un côté ou de l’autre.
Jeune thésard à la fin des années 1990, alors que j’étais plutôt sceptique à l’égard des biotechs, et que l’expression péjorative « bricoleurs du vivant », m’interpellait, j’ai eu une révélation quand je suis tombé sur une coupure de presse où le journaliste présentait comme un héros un jardinier amateur qui avait fait des croisements à l’aveugle et avait fini par faire pousser sur son balcon une variété de tomate tigrée. Dans l’article, aucun questionnement pour savoir si cela présentait un danger, si le jardinier du dimanche savait ce qu’il faisait, s’il avait respecté le principe de précaution… Alors qu’à la même période les journalistes fustigeaient toutes les nouvelles expériences scientifiques et qu’ils n’hésitaient pas à poser toutes ces questions à un laborantin issu d’une grande firme de biotechnologie. J’ai alors commencé à douter en voyant ce deux poids-deux mesures et ce traitement biaisé de l’information. Cette expérience de pensée m’a fait réaliser ce qu’était l’essence des modifications du vivant et que la peur que certains médias s’évertuaient à propager à l’égard des biotechnologies n’avait pas plus sa raison d’être que pour n’importe quel autre type de modification du vivant.
Tout cela pour dire qu’il est essentiel pour chacun d’entre nous de conserver une ouverture d’esprit totale, car nous ne sommes jamais à l’abri de faire une découverte qui nous fasse entrevoir le monde autrement et regarder la vérité en face. C’est ce qu’ont fait Gibbs et Michael Moore en dénonçant l’hypocrisie des ENR…. il leur a sans doute fallu du courage pour défendre une telle position qui n’est pas du tout politiquement correcte. Il ne leur reste plus qu’à franchir le pas pour l’étape d’après qui est de faire confiance à la raison et laisser la place à la science et à la technologie.
Car si personne ne produit suffisamment d’énergie pour alimenter les serveurs de Google alors comment feront-ils pour diffuser gratuitement (c’est à dire payé par la publicité) Planet of Human sur Youtube ?
(1) https://youtu.be/Zk11vI-7czE
(2) https://youtu.be/ciStnd9Y2ak
(3) https://youtu.be/D2Qat3L0HwY
(5) https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20130107trib000740999/l-etonnant-mea-culpa-d-un-militant-anti-ogm.html
Ce film es percutant , on voit bien qu’il faut attendre de nouvelle avancée de la science pour rendre les énergies renouvelables vraiment renouvelables . Peut-être dans 20 ou 30 ans , d’ici la il y a les centrale a fusion qui on de la perspectives si il réussise a les faire marcher .
excellentes informations, merci, JJ