A l’approche des élections européennes de 2019, le Parlement européen annonce une campagne d’information à destination du grand public visant à mieux lutter contre les « fake news » au niveau européen.
Quel est l’impact des fausses informations sur la vie politique européenne ? Il serait significatif, d’après le directeur de la communication du Parlement européen, Jaume Duch. « La question des fausses informations est fondamentale, mais n’est pas nouvelle. Les fake news sur des questions européennes existent depuis longtemps. D’ailleurs, le Brexit est le résultat de 30 années de fausses informations », explique ce dernier. Aussi, le Parlement a décidé de lancer une campagne d’information qui « ne sera pas neutre » afin de réduire au maximum « l’implication de puissances extérieures dans la désinformation européenne. »
« Ce qui est nouveau c’est d’abord leur ampleur et puis le fait que beaucoup de ces fake news sont créées non pas à l’intérieur mais probablement à l’extérieur de l’UE », a-t-il signalé. « C’est un problème dont nous devons nous préoccuper, grandement, avec l’arrivée des élections européennes, car de ce point de vue ce sont des élections très sensibles. » Cette position reprend les mises en garde de la commissaire européenne au Numérique, Mariya Gabriel, qui avait appelé à « redoubler d’efforts » contre la désinformation en ligne pendant les périodes électorales.
« C’est justement à l’occasion d’élections que nous nous sommes rendus compte à quel point ce phénomène peut avoir des conséquences sur le choix des électeurs », avait-elle souligné. Même son de cloche pour Jaume Duch, qui rappelle que ces élections « sont techniquement la superposition au même moment de 27 élections nationales et que par conséquent, les fake news arriveront non pas par une seule porte mais par 27 ». Aussi, son directeur de communication a assuré que le Parlement « allait redoubler d’effort pour communiquer en vue des élections de mai prochain, durant lesquelles l’avenir du projet européen sera en jeu ».
L’enjeu de cette campagne d’information est de « restaurer continuellement la légitimité » de l’Union. Elle visera tout particulièrement les jeunes électeurs, « qui n’ont connu ni la guerre ni les ruines sur lesquelles l’UE s’est relevée », rapporte le site Euroefe . Jaume Duch estime tout de même qu’après une période d’abus, une page est en train de se tourner pour le bloc. « Ce n’était pas évident de sortir de cette crise politique, de grands empires se sont effondrés pour beaucoup moins grave que cela. » Cela serait notamment dû au fait que le Brexit a permis « aux gens de voir le coût que cela a de vouloir être en dehors de l’UE ».
Un rapport réalisé par un groupe d’experts indépendants, rendu à la Commission le 12 mars dernier préconisait une prise de position forte afin de lutte contre la désinformation. « Tout le monde attend désormais que la Commission joue son rôle. Une approche trop douce, essentiellement favorable aux plates-formes, découragerait beaucoup de monde et enverrait un signal dangereux à ceux qui répandent des fausses nouvelles ou se livrent à de la propagande », mettait en garde Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, l’une des organisations qui ont participé au projet. Un appel qui semble avoir été partiellement entendu par les eurodéputés.