C’est une polémique dont Amazon se serait bien passé. L’entreprise florissante de Jeff Bezos est dans l’œil du cyclone depuis que l’agence Bloomberg a publié ce jeudi une enquête révélant que des milliers d’employés du groupe écoutent quotidiennement les utilisateurs de son enceinte à reconnaissance vocale Alexa. Des écoutes qui visent à améliorer le système (et à rattraper le concurrence dans ce domaine), mais qui ne sont pas sans poser des questions importantes quant au respect de la vie privée des utilisateurs d’Alexa.
Les maisons connectées représentent un saut dans l’avenir que beaucoup ont déjà entamé. Toutefois, avoir des appareils intelligents et connectés pose de nombreuses questions à commencer par celles relatives au traitement des données et au respect de la vie privée. Les propriétaires d’une enceinte Echo disposant de l’assistant personnel Alexa s’interrogent légitimement depuis les révélations de l’agence Bloomberg sur la manière dont sont enregistrées et utilisées leurs demandes et conversations. Après avoir interrogé de nombreux employés, Bloomberg en est arrivé à la conclusion que des milliers de personnes sont écoutées chaque jour par des employés d’Amazon ou d’entreprises prestataires.
Un des exemples pris dans l’article du média américain est la demande concernant la chanteuse Taylor Swift. Des employés écoutent cette demande effectuée dans des dizaines de pays dans le monde et tente de calibrer au mieux Alexa pour que les accents et intonations soient compris de la machine. Une nécessité d’autant plus importante que les principaux concurrents d’Amazon (Google, Siri) semblent avoir une longueur d’avance sur la technologie Alexa. Ces écoutes peuvent être qualifiées de légitimes, mais elles ne sont pas les seules qui arrivent aux oreilles des employés d’Amazon.
L’enquête de Bloomberg montre que des conversations entières sont enregistrées et envoyées directement à Amazon. C’est problématique d’autant plus que l’appareil se met en marche seul. L’utilisateur n’a pas appuyé sur le bouton ou prononcé le mot convenu pour qu’Alexa se mette en marche. Parfois, une incompréhension est à l’origine du phénomène. Ainsi, un simple « sa » ou « ça » en français peut-être compris comme « Alexa », le mot qui allume par défaut l’enceinte. L’opération peut se renouveler des dizaines de fois en une seule journée, faisant de la vie d’un utilisateur bavard, un vrai livre ouvert pour un inconnu connecté à son domicile.
Pire encore, au moins un employé a déclaré avoir été le témoin auditif de ce qui ressemble à un abus à caractère sexuel. Un acte qu’il a immédiatement signalé à sa direction et qui n’a suscité aucune réaction d’Amazon selon lui. Une absence de réponse que dément fermement l’entreprise. Une entreprise qui n’est pas censée connaître l’identité des utilisateurs écoutés, mais qui affiche le nom et le numéro de série de l’enceinte utilisée. Autant dire que l’anonymat n’est pas vraiment garanti. Alexa n’est que la partie nouvellement émergée de l’iceberg de données de plus en plus nombreuses et qui échappent aux utilisateurs.