D’après la Commission, les plateformes en ligne ne seraient pas assez transparentes, perpétuant le risque de désinformation. Aussi, cette dernière demande aux GAFA de fait plus d’efforts pour honorer les engagements du code de bonne conduite qu’elles signé avec Bruxelles.
La Commission européenne juge l’état de la transparence sur les réseaux sociaux « inquiétante » malgré les engagements des grandes plateformes numériques à lutter contre la désinformation. Aussi enjoint-elle ces derniers à renforcer la lutte contre la désinformation en ligne, visant toute particulièrement la transparence des publicités politiques sur Facebook et Twitter.
« Nous avons besoin de voir plus d’avancées dans les engagements faits par les plateformes en ligne pour lutter contre la désinformation », indique un communiqué de la Commission publié le 28 février. Celui-ci accompagne le rapport Premiers résultats intermédiaires mensuels du code de bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation de l’exécutif européen.
« Les plateformes n’ont pas fourni assez de détails montrant que les nouvelles politiques et outils sont déployés dans des délais opportuns et avec des ressources suffisantes à travers tous les États membres » expliquent les commissaires en charge de la justice (Věra Jourová) de la sécurité (Julian King), de l’économie numérique (Mariya Gabriel) et du marché unique numérique (Andrus Ansip).
Les géants américains se sont engagés à respecter un « code de pratiques contre la désinformation » en janvier dernier. Mais la Commission juge leurs progrès trop lents. A l’approche des élections européennes (23 et 26 mai prochains) l’exécutif européen craint la propagation d’infox (fake news) en masse sur les réseaux sociaux, susceptible d’influencer l’opinion des électeurs.
Le président du groupe libéral au Parlement européen, Guy Verhofstadt, a réagi à ce rapport par une mise en garde : « L’intégrité des prochaines élections européennes et de nos démocraties est en danger », a-t-il tweeté. « On ne peut pas continuer comme ça. Les arguments en faveur d’une réglementation sont écrasants. »
Aussi, la Commission a décidé de frapper du poing sur la table. En cas d’inaction des réseaux concernés, elle se dit même prête à durcir leur position et « envisager une régulation » si « des résultats concrets suffisants ne sont pas constatés à long terme » – une solution jusqu’alors exclue après une longue négociation avec les GAFA.
La menace a fait réagit Facebook : « Nous sommes en train de développer des indicateurs de performance autour de la publicité politique, mais ceux-ci ne seront disponibles seulement quand les archives publicitaires seront lancées en dehors des États-Unis ».
« Quant au nombre de faux comptes que nous avons éliminés de Facebook, nous fournissons des données à ce sujet dans notre rapport semestriel sur la transparence. Nous nous engageons à soumettre des rapports à la Commission européenne pour mettre en lumière les progrès effectués dans chaque domaine du code de conduite » explique la compagnie de Mark Zuckerberg.
Même son de cloche chez Twitter : « Nos rapports continueront de mettre la lumière sur nos efforts pour garantir la sécurité, l’intégrité et la transparence dans la période précédant les élections européennes », a déclaré un porte-parole. « Nous sommes impatients de détailler dans notre prochain rapport les nouvelles règles sur la transparence des publicités politiques pour les élections. »
Google n’a pour sa part pas réagi. Le groupe avait annoncé un ensemble de nouvelles règles à l’approche des élections européennes, mais elles n’ont visiblement pas totalement convaincu à Bruxelles.