La campagne électorale en Italie a été marquée par une recrudescence de vidéos et photos manipulées qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
L’expression « fake news » est – une nouvelle fois – sur toutes les lèvres au lendemain des élections législatives italiennes. La révélation d’un grand nombre de « publications manifestement délictueuses » a en effet entaché la campagne et le vote de dimanche dernier. Ces dernières auraient contribué au climat très tendu de cette campagne : un militant d’extrême gauche a été poignardé à Pérouse et du leader d’un groupe d’extrême droite a été roué de coups à Palerme.
Les services de police spécialisés dans la surveillance d’internet et des réseaux de télécommunications ont reçu quelque 600 signalements depuis mi-janvier et eux-mêmes identifié et bloqué 128 fausses informations relatives aux élections du 4 mars. L’Italie, déjà considérée comme le maillon faible de l’Europe en matière de désinformation, avait été mise en garde par The New York Times contre la multiplication de contenus mensongers durant la campagne.
D’après un rapport de la société Ghost Data d’Andrea Stroppa, expert en cybersécurité, la page officielle d’un des sites promouvant la candidature à la Présidence du conseil du leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvin, partagerait le même code d’identification Google avec des sites conspirationnistes et pro-Poutine. Cela laisse entendre que des hackeurs se seraient fait passer pour des partisans de la ligue afin de diffuser de fausses informations – voire que le parti était dans le coup.
La majorité de ces fausses informations ont pour objectif d’ « influencer la campagne électorale », analyse le Corriere della Sera. Il est ainsi question de prétendus moyens alloués aux migrants, des députés qui votent pour leurs collègues absents ou l’absence de certaines formations politiques sur les bulletins de vote des Italiens installés à l’étranger. Une photo truquée de la secrétaire d’État Maria Elena Boschi aux funérailles du parrain mafieux Totò Riina a également largement circulé sur les réseaux sociaux.
Enfin, de fausses allégations affirmaient que des députés italiens soutiendraient des partis « nazis » au parlement ukrainien – le terme « Nazi » désignant pour les pro-russes tous ceux qui s’opposent à une partition du pays dans le conflit Ukrainien. De nouvelles accusation qui pointent une nouvelle fois vers la Russie. L’ingérence de Moscou n’est toutefois pas une nouveauté : La Stampa souligne que les renseignements américains avaient décelé dès l’automne 2016 une « offensive russe réelle et déjà en cours pour influencer la politique italienne ».