La Commission européenne doit bientôt publier ses propositions sur l’intelligence artificielle. L’occasion pour la nouvelle équipe d’annoncer la couleur.
La Commission européenne dévoilera le 19 février ses recommandations sur l’intelligence artificielle (IA) dans un livre blanc – un document de réflexion sans réelle portée législative. L’exécutif européen a toutefois déjà fait connaitre sa position sur les grands axes qu’elle compte défendre, notamment sur les « standards élevés en matière de transparence et de responsabilité » auxquels devront se conformer les acteurs du secteur. Autrement dit, les entreprises devront partager avec les autorités européennes davantage d’informations sur les algorithmes qui régissent leurs programmes et la circulation des données prélevées.
Bruxelles a en effet adopté une position de méfiance par rapport aux développement rapide des technologies de l’IA. Citant un exemple très concret, la reconnaissance faciale, la vice-présidente de la Commission, également chargée du numérique Margrethe Vestager, a estimé que cet outil « pourrait être utilisée à des fins qui porteraient un grave préjudice à la protection des données, mais aussi aux valeurs fondamentales comme le droit de réunion ». Elle tranchera dans le futur avec une « stratégie sur les données » dont l’objectif est clair : « Pour être un acteur géopolitique, il faut pouvoir être garant de sa souveraineté technologique » explique-t-on à la Commission.
« Les opportunités sont énormes », résume une source à la Commission européenne. Mais « la surface de risques sera sans précédent et les possibilités d’intrusion vont exploser ». Pas question de rater le coche, donc. Pas question non plus de subir les pratiques d’entreprises multinationales non plus. Aussi, pour limiter la casse, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton explique que « l’UE est prête à accueillir tous les acteurs, mais selon ses propres règles ». Pour ce dernier, il est crucial de « proposer des solutions pour que les données produites par l’activité européenne soient traitées en Europe afin de bénéficier à l’innovation et à la recherche de nos entreprises ».
L’approche européenne irrite aux Etats-Unis, pays hôte des plus grandes multinationales s’appuyant sur ces technologies. Dans un communiqué, la Maison-Blanche a indiqué que « l’Europe et [ses] alliés devraient éviter d’utiliser une approche maladroite et anti-innovation, pour privilégier un système de régulation semblable [à celui des États-Unis] ». Washington veut tenter d’éviter l’adoption une réglementation excessive de l’IA dans le secteur privé, qui risquerait de pénaliser ses champions. Interrogée sur l’approche «géopolitique» de la Commission, la commissaire au numérique a répondu que le maintien de règles du jeu équitables entre les entreprises locales et les concurrents étrangers resterait son principe directeur.