Une association de groupes audiovisuels publics français, italien et allemand veut développer des fictions ambitieuses pour concurrencer les géants américains comme Netflix ou Amazon.
Cinq groupes de télévision publics du Nord de l’Europe ont décidé de former « l’Alliance », un collectif œuvrant à la coproduction de séries – douze par an. Officiellement lancé à Lille à l’occasion du festival Séries Mania, ce projet est porté par France Télévisions, la RAI (Italie) et la ZDF (Allemagne) avec l’association de la RTVE (Espagne), la RTBF et la VRT en Belgique, et la RTS (Suisse). « Tous les autres diffuseurs publics européens » ont été invités à rejoindre cette entreprise de « coopération prioritaire » en matière de fiction internationale.
Pour Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions à l’initiative du projet, l’objectif est de produire des séries « de plus grande envergure », « susceptibles de rayonner hors d’Europe », et « maintenir les droits de ces fictions à l’intérieur des services publics européens ». Pour elle, il s’agit là d’un moyen de s’affirmer face aux géants internationaux privés comme Netflix. Elle ajoute qu’à terme, il sera nécessaire d’également s’orienter « vers une ou des plateformes » de diffusion.
L’Alliance devrait permettre de soutenir les auteurs européens et encourager « la prise de risque », « la diversité des formes et des œuvres » (plus de la moitié des séries françaises diffusées en première partie de soirée sont des séries policières de 52 minutes) et enfin l’ouverture internationale. « Nous nous sommes inspirés de l’alliance ‘Nordic12’ avec laquelle nous voulons collaborer », a expliqué la présidente de France Télévisions.
Parmi les premiers projets de l’Alliance figure une fiction autour de l’artiste et inventeur Léonard de Vinci – intitulé Leonardo. L’artiste, dont on fêtera le 500e anniversaire en 2019, « incarne non seulement la relation entre l’Italie et la France mais aussi et surtout le génie européen » a expliqué l’Alliance dans un communiqué de presse. Une autre série, Mirage, sera tournée début 2019 à Dubaï, racontera l’expérience d’« une Française expatriée à Dubaï, qui croit à un mirage quand elle retrouve, quinze ans après sa mort supposée et sous une nouvelle identité, son ancien mari ».
Thomas Bellut, directeur de la ZDF voit cette alliance comme un moyen « d’atteindre des budgets qui soutiennent la comparaison internationale, pour créer des séries prestigieuses ». Et s’il existait un problème structurel, les moyens ne manquent pas : en 2017, Delphine Ernotte soulignait déjà que les « services publics européens investissent chaque année 14 milliards d’euros dans la création originale de contenus, contre 7 milliards pour Netflix ».