Un amendement propos par le Parlement européen à la directive « vie privée et communications électroniques » (ePrivacy) pourrait interdire les détecteurs de logiciels de blocage de publicités – une décision qui risque d’affecter un marché de l’hébergement de site déjà moribond.
Les logiciels de blocage de publicité – ou adblockers – ont sérieusement secoué le marché de la publicité sur internet. De nombreux internautes se sont en effet équipés d’adblockers afin de surfer sans publicité – ce qui prive les hôtes de site des revenus généras par la publicité accueille sur leur site. Aussi, ces derniers ont contre-attaqué : un tiers de 10 000 sites les plus visités du web a développé des détecteurs d’adblockers. Un usager ne pourra ainsi consulter le site lorsque d’un logiciel de blocage de publicité est activé sur sa page.
Compte tenu des règles européennes, on peut estimer qu’un tel système nécessiterait au moins un accord préalable des internautes européens (en particulier vu la politique de la Commission et l’article 39 actuel). Aussi, le Parlement a soumis un amendement aux règles en place qui imposerait aux sites d’employer « d’autres moyens justes et raisonnables » que la détection d’adblockers pour gérer l’accès à leur contenu. Derrière cette formule un peu vague pourrait se cacher une interdiction des détecteurs et d’autres mesures coercitives visant les internautes employant un logiciel de blocage.
Bloquer l’accès de son site à des usagers munis d’un adblocker ne serait donc plus possible. Les hôtes des site pourraient donc tolérer les usagers qui bloquent des publicités – et perdre beaucoup d’argent – ou utiliser des publicités non-ciblées – qui rapportent moins de la moitié du revenu des publicités « personnalisées ». Ces deux options pénaliseraient le marché européen des startups web. Une autre voie serait de faire payer un supplément aux usagers qui ne veulent pas de publicités sur internet. La somme prélevée serait versée aux hôtes des site sites visités. Mais il n’est pas certain que les internautes acceptent de payer pour un service qu’ils obtenaient jusqu’alors gratuitement.
Cet amendement n’est même pas une si bonne chose pour la protection des données personnelles – la navigation privée permet déjà de ne pas laisser de traces sans pour autant endommager le modèle économique de l’hébergement en ligne. Il n’est pas exclu que la Commission trouve une solution innovante pour mettre un terme à cette guerre du blocage. Si ça n’est pas le cas, cet amendement pourrait compromettre un modèle économique qui assurait à tous – même les plus fragiles économiquement, d’avoir un accès libre à internet.
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