En réaction au rapport annuel sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières, le parlement européen enjoint les états membres de mieux protéger l’indépendance des médias.
Un rapport alarmant de Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète d’une dégradation globale de la liberté de la presse. Dans son rapport annuel, l’organisation dénonce un climat délétère envers la presse qui sape l’un des fondements essentiels des démocraties. Ce rapport « traduit un phénomène malheureusement manifeste, la croissance dans bon nombre de démocraties de l’expression de la haine contre les journalistes, et la libération de cette haine est vraiment dangereuse », résume Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation.
« Alors que l’Europe est de loin le continent où la liberté de la presse est la mieux garantie, ce modèle européen s’affaiblit : 4 des 5 plus grandes baisses du classement sont en Europe, la zone dont l’indice global en plus grande dégradation c’est l’Europe, et l’expression de la haine mène in fine à des violences physiques », poursuit-il. Un constat inquiétant, qui n’est pas passé inaperçu à Bruxelles, comme l’a montré la mobilisation de la commissaire en charge du numérique, la Bulgare Maryia Gabriel.
En effet, à l’occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse, le Parlement européen a décidé de passer à l’action afin de garantir la défense de la liberté de la presse et du pluralisme des médias dans les États membres. Dans une résolution adoptée par 488 voix pour, 43 contre et 114 abstentions, l’institution a décidé d’augmenter la pression sur les états de l’Union – responsables de plus de la moitié des cas d’abus contre les journalistes en Europe.
Les eurodéputés demandent ainsi une évaluation de l’impact de ses législations en matière de droits de l’homme, ainsi qu’un mécanisme de surveillance de l’État de droit en Europe et des droits fondamentaux. Ils appellent également à un renforcement à une augmentation du budget du Centre pour la liberté de la presse et le pluralisme des médias. Selon eux, le Centre doit contrôler la pluralité des médias – un autre enjeu majeur.
Les eurodéputés demandent ainsi aux États membres de mettre en œuvre des législations nationales plus strictes afin d’éviter le rachat d’un nombre toujours plus important de médias par quelques grandes fortunes – un phénomène préjudiciable à l’indépendance de le paresse, qui créé des conflits d’intérêts et « fait peser une menace sur l’indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias » d’après RSF.