Bruxelles se penche sur la double casquette d’Amazon – vendeur et plateforme de vente – pour s’assurer que le géant de Seattle ne se livre pas à un usage abusif des données fournies par ses petits concurrents et usagers.
Amazon est le dernier des GAFA à faire l’objet des attentions de Bruxelles. « Nous avons commencé une enquête préliminaire sur un éventuel abus de position dominante concernant les pratiques d’Amazon », indiquait la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, mercredi 19 septembre dernier, lors d’une conférence. « La question est que fait Amazon avec les données laissées par les petits concurrents sur sa plate-forme » -t-elle développé à l’occasion du Global Business Forum à New York, la semaine dernière.
De fait, Amazon est à la fois un commerçant – qui vend ses propres produits – et un hébergeur, qui propose les produits d’autres vendeurs. Ces derniers lui reversent une commission sur leurs ventes via la plateforme. « Amazon est une entreprise à deux visages. D’une part, il s’agit d’une plate-forme sur laquelle les commerçants indépendants et les PME peuvent offrir leurs services. Les petites entreprises peuvent prendre une part du gâteau du commerce électronique avec les services offerts par Amazon et saisir les opportunités qui existent et c’est génial », explique la Commissaire.
« Mais c’est aussi une énorme entreprise, active sur les mêmes marchés : les librairies… tout ce que vous voulez, l’épicerie, le cinéma… toute la gamme. En attendant, elle dispose de toutes les données de ces petits acteurs et nous voulons maintenant savoir comment ces données sont utilisées » poursuit-elle. Aussi, la Commission veut s’assurer que la multinationale ne profite pas de cette position pour favoriser ses propres produits et donc, s’octroyer un avantage commercial. Pour Bruxelles il est important de « savoir ce qu’il advient de ces données, car cela concerne la concurrence ».
Amazon a connu une croissance ans précédent ces dernières années. Grâce à sa plateforme de vente en ligne et sa meilleure utilisation des données personnelles, elle a atteint une valorisation en bourse de 1.000 milliards de dollars en août dernier. L’UE est en effet « préoccupée (…) par la transparence et le respect de la vie privée et des données des citoyens », souligne Mme Vestager. « On peut parler d’innovation, mais il ne faut pas oublier que la concurrence est le principal moteur de l’innovation. C’est ce qui vous permet de garder une avance sur votre concurrent. »
L’appel de Bruxelles fait écho aux accusations du président américain, Donald Trump, n’a de cesse de dénoncer les « pratiques anticoncurrentielles » d’Amazon. Pour autant, il n’est pas encore question de sanction. Rappelons par exemple qu’après trois ans d’enquête sur ses pratiques fiscales, la procédure contre la groupe américain McDonald’s a finalement été abandonnée.