Les députés discutent actuellement de la proposition de loi voulue par Emmanuel Macron sur les fake news (fausses informations), alors que le texte est loin de faire l’unanimité.
Après avoir été modifiée le 30 mai par la commission des affaires culturelles, la loi sur les fake news devait être voté hier en fin de journée par le parlement français. Ce texte faire barrage aux fausses informations en période électorale, comme celles qui ont été diffusées durant la campagne présidentielle américaine en faveur du candidat Donald Trump ou la campagne du Brexit. Leur révélation a incité plusieurs états membres à prendre des mesures contre cette désinformation idéologisée – notamment la France
« La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat » a souligné la ministre de la Culture et de la Communication, Françoise Nyssen. « La manipulation de l’information, c’est un poison lent qui détruit notre crédibilité, qui abîme notre vie démocratique ». Bruno Studer, le rapporteur de la loi va plus loin : « Nous devons inverser la courbe de l’abstention, qui se nourrit de la diffusion massive, artificielle d’information dangereuse visant à mettre en danger les scrutins électoraux ».
Le texte vise en particulier les plateformes numériques (Facebook, Google, Twitter), sur lesquels des contenus sont partagés – parfois jusqu’à la viralité – sans pour autant que leur exactitude ne soit vérifiée. L’approche française s’est caractérisée comme l’une des plus musclées, alors que Bruxelles propose des mesures plus modérées, ne proposant par exemple pas de mesures législatives contraignantes. La Commission a ainsi demandé aux réseaux sociaux d’élaborer un code de conduite anti fausses informations d’ici juillet.
Et c’est justement l’ambition du projet français qui bloque : après plusieurs heures de discussion, la séance a été levée à 1 heure du matin, alors que 157 amendements n’avaient toujours pas été examinés. D’aucuns (EU Dinsinfo Lab, RSF et d’autres ONG) estiment que e texte n’est pas réaliste et qu’il pourrait être retourné contre la presse. Une doléance reprise par nombre d’élus français. « À l’heure où nous parlons, je n’ai pas l’impression que ça chahute dans les rangs mais les variations saisonnières sont tellement brusques » a ironisé Richard Ferrand, le patron du groupe LREM (Majorité présidentielle en France).