Alors que la France et l’Espagne militent en faveur d’une taxe européenne visant les géants du numérique tels que Google, Apple, Facebook et Amazon, l’Allemagne a réclamé samedi, par la voix de son ministre des Finances, un délai sur son adoption.
La proposition européenne pour mieux taxer dans l’UE les géants du numérique, tels que Google, Apple, Facebook et Amazon, rencontre de nouvelles réserves. L’idée était de taxer de manière transitoire les revenus tirés de certaines de leurs activités, en particulier la publicité et la revente de données personnelles à hauteur de 3 % en attendant une réforme fiscale en profondeur. Une mesure visant à rééquilibrer le taux d’imposition effectif des GAFA, qui atteint à peine à 9,5% contre une moyenne de 23,2% pour les autres secteurs d’activité en Europe, d’après la Commission européenne.
C’est le Président français Emmanuel Macron qui a le premier poussé cette proposition, avant d’être rejoint par plusieurs autres pays, notamment l’Espagne. Alors que les ministres de l’Economie et des Finances de la zone euro qui se rencontraient samedi dernier à Vienne, le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a émis des doutes sur un projet qui résulterait en une « diabolisation des grandes entreprises numériques », qui serait jugée « inefficace » par Berlin. SI bien qu’aujourd’hui, les intentions de l’Allemagne sur cette taxe, sur lequel comptaient les réformistes, sont floues.
« Les interrogations de l’Allemagne sont compréhensibles », mais « nous devons aller de l’avant et trouver une solution d’ici à la fin de cette année », a répondu samedi le ministre français des Finances, Bruno Le Maire. « Les peuples européens ne peuvent pas comprendre que leurs propres entreprises aient un niveau de taxation 14 points plus élevé que celui des géants du numérique ». Ce dernier a toutefois assuré : « Nous avançons avec Olaf Scholz avec la volonté, comme d’habitude, de trouver un accord entre la France et l’Allemagne ».
« Olaf Scholz semble perdre tout sens de la justice fiscale S’il renonce à s’attaquer à cette injustice et à cette concurrence déloyale, le ministre allemand défendra alors les privilèges des géants du numérique au détriment de l’intérêt général. Et contribuera à vider les caisses publiques », ont dénoncé les eurodéputés Eva Joly et Sven Giegold, en charge des questions économiques et fiscales pour le groupe des Verts/ALE.
Cependant, les doutes allemands font écho à la crainte de certains états membres que la proposition « temporaire » de la Commission ne devienne définitive, au détriment de l’UE. A cela il faut ajouter que des pays comme l’Irlande ou le Luxembourg, proposant des régimes fiscaux très avantageux aux entreprises étrangères, ont déjà indiqué leur claire opposition à cette taxe. Aussi, avec une Europe divisée, impossible d’avancer sans l’Allemagne.