Le distributeur de fonds Calastone a choisi de transférer l’intégralité de ses activités sur la blockchain – une technologie encore marginale utilisée par les cryptomonnaies. L’opération devrait lui permettre de faire des économies de plusieurs milliards tous les ans.
L’entreprise britannique Calastone, spécialiste de la distribution de fonds d’investissement a déclaré lundi vouloir transférer réseau de transactions sur la blockchain en mai 2019. A compter de cette date, l’ensemble des transactions qu’elle traite passera par la technologie des chaînes de blocs – une technologie de stockage et de transmission d’informations utilisée par les cryptomonnaies, dont nous avons par le passé parlé en détail ans plusieurs publications. L’entreprise britannique estime en effet pouvoir, ce faisant, réduire ses coûts gestion 3,4 milliards de dollars de livres par an.
Ce transfert concerne pas moins de neuf millions de messages par mois, valorisés à plus de 170 milliards de livres sterling (192 milliards d’euros). « Notre infrastructure partagée sur la blockchain soulage les points de friction, y compris dans les secteurs tels que la réconciliation et le règlement. Nous créons un environnement qui marque un point d’inflexion pour l’avenir du secteur des fonds », explique Mr Campbell Brierley, directeur de l’innovation au sein de l’entreprise.
A ce jour, l’entreprise doit envoyer trois messages électroniques aux parties de chacune de ses opérations d’achat de fonds : un premier pour passer l’ordre d’achat, un deuxième pour confirmer que le premier a bien été reçu et un troisième pour confirmer le prix. Or la blockchain permet un seul envoi, vérifiable et irréversible, intégrant les processus de négociation et de règlement. « Plus vous pouvez automatiser, plus vous réduisez les risques, plus vous simplifiez, plus vous pouvez accélérer », note à ce propos Andrew Tomlinson, responsable du marketing de Calastone.
Ce choix ne fait toutefois pas l’unanimité dans le secteur. Ainsi Matthias Hübner, consultant chez Oliver Wyman, ce transfert de l’intégralité des services de Calastone est prématuré : « Jusqu’à quel point la technologie est-elle sûre ? Y a-t-il un risque de fraude ? Est-ce que des données peuvent simplement être perdues ? » Pour d’autres, toutefois, à l’image de l’entreprise de gestion d’actifs Invesco, cette technologie est indispensable pour réformer un secteur de la gestion d’actifs, constamment contraint à réduire les commissions.