Depuis quelques mois maintenant, l’écologie politique ne cesse de défrayer la chronique. Les partis et les ONG rivalisent d’imagination pour sortir des programmes qui appellent des solutions toujours plus radicales. Or la plupart du temps les solutions proposées paraissent totalement irréalistes et complètement en décalage avec la réalité, oubliant par là-même que les vraies révolutions sociétales reposent toujours sur des innovations scientifiques. Sans tomber dans le scientisme, c’est bien la science et la technologie qui définissent les conditions de possibilité de nos sociétés et l’évolution de ces dernières ne se décrète pas au travers d’une idéologie politique, se prétend-t-elle « écologiste ».
Une surenchère au plan le plus « anti société de consommation »
Si on sait que depuis un certain temps, les partis écologistes fourbissent leurs armes et s’appuient sur le spectre du changement climatique pour dévoiler progressivement leurs plans, on constate une accélération dans le rythme des déclarations. Ainsi, début février, aux USA, la candidate Alexandria Ocasio-Cortez a annoncé vouloir mettre en place un Green New Deal. Dans ce plan ambitieux, elle vise à supprimer la pollution et 19 gaz à effet de serres dans le secteur des transports. Et pour atteindre cet objectif, elle n’a pas peur d’annoncer qu’elle substituera les déplacements aériens par le train, là où l’avion n’est pas nécessaire[1]. Une proposition qui semble totalement déconnectée de la réalité et qui coûterait une fortune aux contribuables US.
En France, début février également, le média Novethic qui se présente comme un « accélérateur de transformation responsable » a mis en ligne une infographie qui résume les propositions issues du cabinet d’analyse B&L évolution. Ils reconnaissent que ces mesures sont « pour beaucoup irréalistes mais qui marquent l’urgence de la question climatique ». Leur ambition n’est pas des moindres puisqu’il s’agit de réduire de 63 % les émissions de CO2 entre 2017 et 2030. Et pour atteindre cet objectif ils sont prêts à tout, comme par exemple à interdire dès maintenant « de vendre des véhicules neufs pour un usage particulier », instaurer dès 2025 « un couvre-feu thermique entre 22 h et 6 h pour atteindre une température moyenne de 17°C dans les logements », « interdire la publicité en ligne sur les sites internet », « Limiter à 1 kg de vêtements neufs pis sur le marché par an et par personne dès 2022 », « instaurer une loterie nationale distribuant 500 000 vols par an » ou encore faire passer « la consommation de viande par personne de 90 kg à 25 kg par an »… Pour ne citer que quelques-unes des propositions abracadabrantesques de ce rapport. Il y a ça et là également des propositions qui traînent pour limiter, voire interdire la reproduction humaine. Ainsi, l’essayiste Antoine Bueno propose un permis de procréer pour sauver l’humanité.
Icônes au service d’une idéologie verte
En parallèle de ces plans et propositions fortement liberticides à l’égard de notre modèle actuel de société, on voit surgir des icônes (anciennes et nouvelles) qui font des sorties pour jouer sur l’émotion des foules pour faire passer des messages qui, derrière un énoncé de bons sentiments, véhiculent des croyances et excitent les peurs. Ainsi le pape François en a appelé ses fidèles à déclarer davantage de pêchés contre l’environnement : « Quand j’administre le sacrement de réconciliation (la confession) – et aussi quand je le faisais avant -, c’est rare que quelqu’un s’accuse d’avoir fait violence à la nature, à la Terre, à la Création ».
Dans un autre style d’icônes, on a vu récemment les « people » monter au créneau aux côtés des ONG, notamment au travers de la pétition L’affaire du siècle. Ainsi, Marion Cotillard, Juliette Binoche, les chanteuses L.E.J, le cinéaste Cyril Dion et le chanteur Abd Al Malik se sont associés à Greenpeace, Oxfam, la FNH et Notre affaire à tous pour porter plainte contre l’État pour inaction climatique.
Enfin, nouvelle égérie en date de l’écologisme exacerbé, Greta Thunberg, l’adolescente suédoise s’est imposée dans le paysage médiatique à la suite de son discours lors de la COP 24 et a appelé récemment les lycéens à une grève pour le climat.
Les vraies révolutions doivent s’appuyer sur la science et la technologie
On le voit, l’écologie politique a le vent en poupe et ne cesse de gagner du terrain. Pour les élections européennes, le parti die Grünen semble très bien placé pour les élections européennes. Tous ces mouvements arrivent avec des propositions radicales pour changer la société, dont la plupart font passer la fin avant les moyens : l’important étant d’atteindre l’objectif climatique fixé.
Hélas, force est de constater que la plupart des révolutions durables qui ont réussi à apporter un véritable bénéfice à l’humanité, n’ont pu avoir lieu que parce qu’elles s’appuyaient sur une innovation scientifique et technologique. Il en va ainsi par exemple de la Révolution Verte de Norman Borlaug qui a permis à l’agriculture de faire un bond technologique de 1960 à 1990. Grâce aux progrès technologiques réalisés dans le domaine de la chimie, des semences et de la mécanique, des politiques industrielles et de développement agricoles ont pu être menées avec de grand succès qui ont permis de nourrir l’humanité. A contrario, on sait par exemple que les expériences menées par le biologiste russe Lysenko et qui s’appuyaient largement sur l’idéologie politique pour affirmer par exemple que la génétique ne jouait aucun rôle dans la sélection variétale des espèces de blés, ont mené à de terribles famines avec plusieurs millions de morts à la clé. Certes, l’agriculture intensive doit trouver un second souffle, mais l’agriculture intelligente et les NBT sont bien parties pour prendre le relais et atteindre les objectifs souhaités par les écologistes tout en s’appuyant sur l’innovation technologique.
Dans le secteur de l’énergie, l’avènement du nucléaire représente un autre exemple de technologie qui a permis une véritable révolution sociétale. Ainsi, comme l’affirme dans Forbes Michael Shellenberger un expert en énergie et environnement : le seul New Deals qui ait jamais marché a été rendu possible par le nucléaire, non avec les énergies renouvelables. Et pour confirmer sa thèse qui est une réponse à la candidate Ocasio Cortez, il cite le cas de la France et de la Suède : « Dans les années 1970 et 1980, ils ont construit des centrales nucléaires à la vitesse requise pour atteindre les prétendus objectifs climatiques du Green New Deal. En 2017, la Suède a produit 95 % de son électricité totale à partir de sources zéro carbone, dont 42 et 41 provenant des centrales nucléaire et hydroélectrique. La France a produit 88 % de son électricité totale à partir de sources zéro carbone, avec 72 % et 10 %, respectivement, d’énergie nucléaire et hydroélectrique. »
Révolution verte, Green New Nuclear Deal, voici deux exemples qui illustrent bien à quel point de vraies révolutions bénéfiques pour la société ont lieu, qui s’appuient sur la science et la technologie et qui rendent possibles de nouveaux aménagements durables et susceptibles d’évolution ; ceci est carrément à l’opposé d’une écologie politique qui nous dicterait de manière arbitraire la façon dont nous devons vivre au quotidien, au mépris de nos libertés et en déconnexion totale avec la réalité. Ceci n’est pas pour autant opposé aux valeurs d’une écologie scientifique, bien au contraire. Une raison de plus de se méfier des utopies de l’écologie politique et un appel pour revenir au bon sens de l’écologie scientifique.
[1] « building out highspeed rail at a scale where air travel stops becoming necessary. » https://assets.documentcloud.org/documents/5729035/Green-New-Deal-FAQ.pdf
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Au sommet des chefs d’états réunis à Rio … Une lettre leurs a été fournie qui les mettaient en garde « contre une idéologie irrationnelle qui s’opposait au progrès scientifique et technique et nuisait au développement économique et social ».
Cette lettre, signée par 264 scientifiques dont de nombreux prix Nobels, s’appelait l’appel de Heidelberg. A l’heure actuelle elle à été nommée « la lettre de la honte ».
Les scientifiques devraient se souvenir qu’ils sont experts dans leurs domaine d’excellence mais des incompétents dans les autres disciplines. L’écologie est une discipline scientifique et de nombreux tenants de « l’écologie politique » s’appuient sur des travaux de cette discipline.
Il conviendrait de ne pas étendre la honte de l’appel de Heidelberg à d’autres scientifiques (mauvais ?) plus nombreux.
Bien cordialement.
« Sans tomber dans le scientisme, c’est bien la science et la technologie qui définissent les conditions de possibilité de nos sociétés et l’évolution de ces dernières ne se décrète pas au travers d’une idéologie politique, se prétend-t-elle « écologiste ». »
Voilà typiquement une profession de foi scientiste: la politique est inutile (voire nuisible), ce sont les sciences et les technologies qui gouvernent le monde. Arrêtons donc de penser et d’agir, soumettons-nous aux machines !