Vous venez d’arriver sur la plage et vous voulez profiter de vos vacances pour vous détendre. Oui mais voilà dans les médias règne une ambiance anxiogène. Les déclinologues et les collapsologues de tous poils vous assènent leurs thèses apocalyptiques et du coup, vous avez l’impression que votre glace fond de plus en plus vite, que le château de sable de vos enfants s’écroule comme jamais, vos lunettes de soleil embuées vous font croire que vous aussi vous avez la capacité de voir du CO2 à l’œil nu, et tous vos voisins en maillot de bain qui vous cernent et ne vous laissent pas respirer, c’est de la chair triste comme le dit si bien le pape des déclinologues, Aurélien Barrau[1] !
Heureusement, il vous reste la lecture. Et pour vous prémunir contre l’été en pente rude que voudraient vous imposer ces prophètes de malheur, EuropeanScientist vous a concocté une petite liste de lecture des ouvrages qui vous permettront de ne pas céder à la panique et de prendre un peu de recul.
1) Néo-finalisme, de Raymond Ruyer : Retrouvez le sens de la liberté
Vous avez lu Yuval Noah Harari et depuis, vous avez peur qu’un jour les algorithmes digitaux prennent le pouvoir sur les « algorithmes biologiques que nous sommes » ? Vite, procurez-vous Néo-finalisme pour repartir sur de bonnes bases et repenser la nature du « vivant » ainsi que la liberté. Vous y ferez d’emblée connaissance avec le cogito axiologique de Lequier qui démontre qu’il est contradictoire de nier absolument la finalité et le sens en général[2]. La finalité, définie comme la formule « Agent > Travail > Idéal », est le moteur de la liberté de chacun d’entre nous et ce qui fait que chaque individu jouit d’autonomie et de responsabilité et ne pourra jamais se soumettre à un algorithme. Dans un monde désespérément en quête de sens, ce classique de la philosophie vous donnera le meilleur antidote pour échapper aux philosophies mécanistes et relativistes.
2) La Logique de la découverte scientifique, de Karl Popper : Interrogez la « vraie » science
Après ce fondement métaphysique, rien de tel qu’un retour à l’épistémologie. Aujourd’hui vous ne savez plus à qui vous fier ? Vous êtes pris entre les tirs croisés des charlatans qui répandent fake news et pseudo-sciences et certains idéologues qui voudraient que la science soit un horizon indépassable qui serve de norme pour faire de la politique (nous pensons ici au scientisme) ? Dans sa logique, Popper, lui, nous apprend ce qu’est une hypothèse scientifique et plutôt que de parler de « vérité » il emploie le mot de « corroboration ». Chaque hypothèse étant constamment soumise à des corroborations (c’est le principe même de la démarche scientifique), il n’y a pas de « vérités scientifiques » éternelles. Ainsi, vous pourrez déjouer les complots des platistes (à ne pas confondre avec les plagistes) et appliquer cette méthode aux modèles du GIEC, par exemple. Un ouvrage essentiel à l’ère de la post-vérité et des fake news !
3) Enlightenment Now, de Steven Pinker : Donnez raison à la Raison
Oui mais voilà, la méthode scientifique a beau être éprouvée, on rencontre de plus en plus d’esprits chagrins pour affirmer que la science n’a pas fait ses preuves. Ainsi, de nombreux collapsologues et prophètes de malheur sont persuadés que la civilisation contemporaine va bientôt s’effondrer et que les victoires dont elle se gargarise sont superfétatoires. Ouvrez vite Enlightenment now de Steven Pinker. Espérance de vie, santé, alimentation, taux de pauvreté… En plus de 75 tableaux, l’auteur passe en revue ce que la science à changé depuis 250 ans. D’excellents arguments pour clouer le bec à ceux qui voudraient s’asseoir sur l’idée qu’il existe bel et bien un miracle scientifique.
4) The Wizard and the Prophet, de Charles C Mann : Retrouvez l’équilibre homme vs nature
Autre argument massue qui peut vous angoisser : nous ne pourrons jamais nourrir 9 milliards de bouches, affirment les disciples de Malthus. C’est là un vieux débat que Charles C. Mann traite en passant en revue le travail et la pensée de deux acteurs essentiels du XXe siècle : Norman Borlaug et William Vogt. L’un fut le père de la Révolution verte et on estime que ses inventions ont permis de sauver des milliards de vie de la famine, l’autre est l’un des pères fondateurs de l’écologie scientifique et grâce à lui l’humanité a pris conscience des problèmes environnementaux. Deux regards différents sur l’humanité et l’environnement mais deux regards complémentaires qui vous permettront d’affiner votre pensée sur ces sujets, de consentir que tout n’est pas manichéen et qu’on peut trouver un équilibre entre ces deux visions en s’occupant à la fois de nourrir l’humanité sans pour autant détruire l’environnement.
5) Elon Musk d’Ashley Vance : Rêvez de nouvelles conquêtes scientifiques
Avec le cinquantième anniversaire de la mission Apollo 11, vous n’échapperez pas au discours sur la folie de la quête de l’espace, aux coûts faramineux et aux bilans carbones désastreux. Il y a sans doute un fond de vérité dans toutes ces critiques, mais autres temps, autres mœurs, cela ne doit pas vous empêcher de rêver à de nouvelles missions sur Mars. Pour cela munissez-vous de la biographie d’Elon Musk par Ashley Vance, vous y comprendrez comment, parti de quasiment rien, ce personnage hors du commun qu’est Musk a réussi à créer Space-X. Vous verrez alors qu’avec un peu d’ingéniosité on réussit à entreprendre de grands projets tout en optimisant les coûts. Un sublime alliage de rationalité scientifique et de douce folie entrepreneuriale.
6) The changing world of energy de Samuel Furfari : Comprenez la complexité du monde de l’énergie
Comment trouver l’énergie pour tout cela ? L’avenir de l’humanité n’est-elle pas la bicyclette plutôt que la navette ? Si vous aimez pédaler il va falloir donner de l’huile de coude, car d’après certaines voix, l’énergie se fait de plus en plus rare. D’autres sont persuadés que la transition énergétique passe par une conversion totale aux énergies renouvelables. Les politiques quant à eux misent sur une augmentation de la taxe carbone et l’interdiction des vols moyens courriers – entre autres mesures vexatoires. On le voit la problématique de l’énergie est l’une des plus complexes qui ait sans doute jamais existé. C’est pour cela qu’à moins de 1 250 pages avec 437 figures et cartes, il est impossible de traiter ce sujet. C’est ce que nous propose la bible de Samuel Furfari, professeur à l’ULB et auteur sur European Scientist selon lequel « Les idéologues qui veulent faire passer la planète avant l’humanité se trompent ; l’histoire montre que c’est le progrès technologique qui favorise la consommation d’énergie, qui elle créée de la qualité de vie et qui induit la protection de l’environnement. »
7) La Mort de la mort de Laurent Alexandre : Gardez la foi dans les pouvoirs « surhumains » de la médecine
Oui mais de toutes façons, énergie ou pas, à la fin nous serons tous morts comme disait l’économiste Keynes. Peut-être pas. Car si on écoute le docteur Laurent Alexandre dans son livre La Mort de la mort, il y a de fortes chances que la génomique et les thérapies géniques, les cellules souches, les nanotechnologies réparatrices, l’hybridation entre l’homme et la machine, permettent d’inventer un jour un homme nouveau. Un homme augmenté et fruit de la techno-médecine. Le trans-humanisme, nouvel espoir de l’humanité [3]?
8) Panique dans l’assiette de Gil Rivière Wekstein : Déjouez les pièges de toutes les mal-bouffes y compris les esbroufes du bio
Les peurs alimentaires sont sans aucun doute l’un des phénomènes les plus remarquables de ces trente dernières années. Alors que l’humanité n’a jamais autant et aussi bien mangé, certains vous affirment carrément qu’ils ont peur quand ils passent à table. C’est cette fabrique de la peur qu’analyse le journaliste Gil Rivière Wekstein. Il parle d’un « syndrome de la boîte de conserve ». C’est-à-dire qu’un aliment nous apparaît suspect car il n’est plus possible de le toucher, de le sentir et de le regarder pour savoir s’il est sain. On ne sait plus d’où ces aliments viennent, comment ils ont été fabriqués et ce qu’ils contiennent. Ensuite, ces peurs se sont accentuées avec l’arrivée des plats préparés industriels et avec la malbouffe. Une analyse qui vous redonnera les crocs (à lire avec modération, il va de soit !)
9) Ils croient que la Nature est bonne de Jean De Kervasdoué : Ne vous laissez-plus impressionner par l’écologisme
Si vous êtes arrivés jusque là c’est que vous êtes désormais prêts à faire face au pire de tous les arguments : il faut se débarrasser de l’homme pour faire place à la Nature. Ne rigolez pas certains extrémistes pensent vraiment ainsi. Présentez-leur l’ouvrage de Jean De Kervasdoué et sortez l’artillerie lourde pour faire face à l’écologisme (compris comme idéologie politique et non comme science). Pour ne prendre qu’un exemple de l’auteur, la coupure avec le monde agricole a eu des conséquences terribles sur l’installation de certaines idées fausses et l’opinion ignore tout de l’agriculture et de sa modernité par exemple[4].
10) Non ce n’était pas mieux avant de Johan Norberg : Reprenez confiance en l’avenir
L’objectif de tous les prophètes de malheur, vous l’aurez finalement compris, est de décrédibiliser notre civilisation contemporaine et notre mode de vie issu du progrès scientifique et technique pour nous inciter à nous replonger dans le passé. Cela paraît un truisme, mais il suffit de regarder la vidéo de Yves Cochet qui se prépare pour la fin du monde pour s’en convaincre[5] – au passage, vous aurez remarqué qu’il a beaucoup plus de place avec ses sept hectares de terrain que vous sur votre petit carré de serviette. Mais il vous faut résister à la tentation nostalgique du « c’était mieux avant ». Et si vous cherchez des arguments pour étayer votre discours, alors procurez-vous l’ouvrage de l’écrivain suédois Johan Norberg. Il vous aidera à reprendre foi dans notre époque mais également dans l’avenir… Une excellente idée pour finir vos vacances en meilleure condition !
[1] https://diacritik.com/2019/07/01/la-chair-est-triste/
[2] « Il est bien clair qu’affirmer en général que tout acte est un pur effet de causes, et n’a ni fin ni sens, c’est proférer une absurdité exactement parallèle à celle de certains déments qui disent : “je suis mort”, ou : “je n’existe pas.” Car celui qui affirme, affirme comme vrai, et avoue donc qu’il a cherché le vrai, ce qui est fondamentalement incompatible avec le fait d’avoir été mû par de pures causes. » in Néo-finalisme, Raymond Ruyer, PUF p. 2.
[3] En complément on n’hésitera pas à lire Le Mythe de la singularité de Jean-Gabriel Ganascia qui tempère légèrement le côté un peu surnaturel du trans-humanisme.
[4] En complément, on recommande également l’ouvrage de Drieu Godefridi, L’Écologisme nouveau totalitarisme.
[5] https://www.youtube.com/watch?v=pRJAtj1Yz7k.
On peut rajouter « Toutes ces idées qui nous gâchent la vie » de Sylvie Brunel
Tout à fait ! ll est sur ma liste d’ouvrages à lire ainsi que l’ouvrage de madame Brunel sur les paysans
De bonnes lectures négationnistes pour aller droit dans le mur ! Merci !
Et bien, commencez par en lire au moins un, n’importe lequel, avant de dégainer du « négationnisme » à tout va. Vous verrez, c’est le premier pas qui coûte. Mais attention, cela risque de vous obliger à réfléchir…
Y a pas de quoi.
Merci pour votre courage ! A titre personnel, j’ai renoncé à répondre à ce genre d’insultes. Je préfère passer du temps à informer ceux qui doutent en leur donnant des chances d’échapper aux griffes de ces dangereux idéologues.
Ave-vous seulement lu un seul de ces ouvrages ? Si oui pouvez-vous clarifier quel propos est négationniste ? Que je sache aucun ne remet en cause les consensus scientifique.
Non mais vous êtes sérieux là ?
« Les idéologues qui veulent faire passer la planète avant l’humanité se trompent ; l’histoire montre que c’est le progrès technologique qui favorise la consommation d’énergie, qui elle créée de la qualité de vie et qui induit la protection de l’environnement. »
Il n’y a rien qui vous choque ? Négationnisme, je n’aurais pas employé ce terme mais oui, vous êtes dans un déni aveugle de la situation dans laquelle nous nous trouvons. La consommation d’énergie induit la protection de l’environnement. Non mais les bras m’en tombent…
Quelques bons livres, d’autres moins, mais dans l’ensemble : hors-sujet. La collapsologie ne conteste pas l’apport de la science… en revanche, elle fait remarquer que notre consommation repose largement sur l’exploitation de minerais, dont les filons se raréfient et sont de moins en moins rentable à éxploiter : les prophéties collapsologues ne sont pas apocalyptiques, mais font remarquer que cette situation ne peut pas durer éternellement, et que la société va subir de fortes transformations lorsques les alternatives s’imposeront à nous.
Arrêtez-moi si je me trompe, mais l’alchimie n’est pas une science, et nous n’avons pas le secret de la transmutation pour disposer de ressources immédiatement exploitables en quantité illimitée.
Je pense que cet article entretient une confusion entre le collapsologue et le hippie… et je suis donc bien en peine d’y trouver des livres qui pourraient me convenir, pour mettre de l’eau dans le vin collapsologue que j’ai bu chez des Bihouix ou Jancovici.