Enlightenement now ( littéralement les Lumières aujourd’hui) c’est le titre du dernier ouvrage du célèbre Professeur de Sciences Cognitives de Harvard, le canadien-américain, Steven Pinker, auteur du best-sellers « La Part d’ange en nous ». Cette somme de 500 pages, riche de plus de soixante-quinze infographies et d’une copieuse bibliographie est pour un site comme European scientist une véritable « Bible ». La principale idée est que « depuis le 18ème Siècle et à la suite de la Philosophie des Lumières, le monde – contrairement à l’opinion actuellement répandue, ne s’est jamais aussi bien porté, et ce, parce qu’il réalise l’idéal des Lumières qui reposait sur la connaissance, la science et la Raison ». C’est donc cette thèse que l’auteur démontre, chiffres à l’appui. Avant de rentrer plus profondément dans l’ouvrage et d’en discuter les affirmations, ce que nous ferons dans une deuxième partie, nous aimerions commencer par appâter le lecteur en lui donnant simplement un petit vade-mecum des données les plus marquantes qui servent de preuve à l’auteur pour affirmer que nous avons d’excellentes raisons de continuer de croire en la Raison.
1/ 71,4 ans : c’est l’espérance de vie moyenne d’un individu en 2015.
Nous vivons plus longtemps
On trouvera les sources de ce chiffres sur le site « Our World in Data ». Comme le montre ce graphique, l’espérance de vie a connu une vraie progression seulement à partir de la fin du 19ème siècle, sachant qu’en 1800 aucun pays n’avait d’espérance de vie au-dessus de 40 ans.
2/ 100 millions (plus de) : c’est le nombre d’enfants qui ont pu être sauvés de la mort grâce au contrôle des maladies infectieuses depuis 1990. Nous vivons en meilleure santé
Ainsi d’après Nicholas Kristof, éditorialiste du New York Times, « Depuis 1990, plus de 100 millions d’enfants ont été sauvés grâce à la vaccination, à la promotion de l’allaitement maternel, au traitement de la diarrhée, etc.[1]»
3/ 3100 calories : c’est l’alimentation disponible en moyenne par personne et par jour pour les 1,3 milliards de Chinois[2]
Nous sustentons mieux nos besoins alimentaires.
Pinker démontre que le Monde est capable désormais de manger à sa faim, y compris les pays les moins avancés. Petite remarque intéressante de l’auteur : les famines ont toujours été essentiellement dues à des causes politiques. Ainsi sur les soixante dix millions de personnes qui sont mortes de famine au 20ème siècle, 80% étaient des victimes du communisme et de son système collectiviste.
4/ 10 % : c’est le pourcentage de la population qui vit encore dans l’extrême pauvreté en 2015. En 1820, 90 % de la population vivait dans l’extrême pauvreté.
L’extrême pauvreté disparait progressivement de la planète et les richesses ne cessent de croître.
5/ .56 : C’est le point culminant du coefficient de Gini International dans les années 70.
Ce coefficient, rappelons-le, permet de mesurer l’inégalité entre les pays. Après être passé de .16 (pas de très grande inégalité) en 1820 à .56 (inégalité) en 1970, ce coefficient a commencé à stagner, puis à chuter démontrant ainsi l’effet Kuznets : L’enrichissement d’une population génère des inégalités dont certains profitent en premier, mais après quelque temps cet enrichissement finit par profiter au reste de la population. Ce qui prouve d’après Pinker que les populations pauvres s’enrichissent désormais plus vite que les populations riches ne deviennent plus riches[1].
Nous vivons dans un monde de moins en moins inégalitaire.
6/ 2/3 : En 2015, l’EPA a estimé que les émissions de polluants de l’air ont diminué de 2/3 depuis 1970.
Ce, alors que sur la même période la population a augmenté de 40%. Ces personnes ont conduit deux fois plus et sont devenues 2,5 fois plus riches.
La science et la technologie permettent d’améliorer notre environnement
Après avoir égrainé cette petite sélection de donnée positives nous verrons dans la deuxième partie comment l’auteur articule son constat et sa démonstration et comment il évite les écueils.
[1] « Just since 1990, more than 100 million children’s lives have been saved through vaccinations, breast-feeding promotion, diarrhea treatment and more. If just about the worst thing that can happen is for a parent to lose a child, that’s only half as likely today as in 1990. » Why 2017 maybe the best year ever, The New York Time
[2] Un apport suffisant d’après les recommandations du gouvernement US, pour un jeune actif
[3] « To confirm that these gains really constitute a decline in inequality – that poor countries are getting richer faster than rich countries are getting richer – we need a single measure that combines them, an internation Gini, which treats each country like a person. Figure 9-1 shows that the interantional Gini rose from a low of .16 in 1820, when all countries were poor, to a high of.56 in 1970, when some were rich, and then, as Kuznets predicted, it plateaued and began to droop in the 1980s.But an international Fini is a bit misleading, because it counts an improvement in the leaving standards of a billion Chinese as equivalent to an improvement in the standards of, say, four million Panamanians. Figure 9.1 also shows an international Fini calculated by the economist Branko Milanovic in which every country counts in proportion to its population, making the human impact of the drop in inequality more apparent » In Enlightenment now, Steven Pinker, p.105
This post is also available in: EN (EN)DE (DE)
Oui, mais ne sommes nous pas sur le sommet de la colline ou continué d’avancer sinifie redescendre?