Record de capitalisation pour les start-up technologiques européennes, nouveaux fonds pour l’ESA, nouveau budget pour la défense… en l’espace de quelques jours, les bonnes nouvelles se sont succédées pour l’innovation européenne, rompant ainsi avec la sinistrose ambiante, en voici le détail.
L’investissement des start up technologiques continue de croître
34 milliards en capital risque, c’est le montant global du financement reçu par les start-up technologiques européennes. Ainsi, d’après le rapport annuel d’Atomico sur l’État de la Tech Europénne[1], c’est un record pour l’année 2019 et c’est d’autant plus remarquable qu’on a pu observer une croissance de 40 % avec l’année 2018, alors même que le financement pour les start-up asiatiques s’est réduit de moitié – 63 milliards – et a diminué de 1 % pour les start-up US avec 117 milliards.
Comme le note le site Sifted, certaines pépites se sont distinguées dans le secteur bancaire tel que Revolut et Monzo, dans le tourisme GetYourGuide ou encore Bolt, dans la mobilité urbaine. En exergue, les auteurs du rapport ont cette remarque encourageante : « Pourquoi l’Europe ne sait-elle pas développer la technologie ? Il est temps d’arrêter de poser cette question. Nous avons une preuve irréfutable que l’écosystème européen peut soutenir de grandes entreprises. »
L’ESA signe un budget record
14 milliards c’est le budget dont disposera désormais l’Agence Spatiale Européenne pour la décennie à venir[2]. Pour rappel, cette agence qui définit sa mission ainsi : « façonner les activités de développement des capacités spatiales européennes et à faire en sorte que les citoyens européens continuent à bénéficier des investissements réalisés dans le domaine spatial ». Elle regroupe 22 membres dont elle se charge de coordonner les ressources financières et intellectuelles. Le plan, signé le 22 novembre à Madrid, s’annonce comme étant le plus ambitieux et les États membres ont été sollicités pour approuver une série de programmes compréhensifs. Il s’articulera autour de quatre grands axes, dont le premier est la recherche scientifique avec Lisa le premier observatoire d’ondes gravitationnelles et la mission Athena chargée d’étudier les trous noirs.
Ensuite vient l’axe conquête de l’espace, avec l’objectif de mettre pour la première fois les pieds sur la Lune et la participation à la mission US « Mars sample return ». Le troisième axe concerne l’accès à l’Espace et Ariane 6 qui tentera d’apporter une réponse au Falcon 9 de Musk.
Dernier axe enfin, l’observation de la Terre avec le programme Copernicus qui va se doter de six nouvelles sentinelles. A noter également des programmes originaux déjà en cours comme celui de faire hiberner les astronautes. Un budget très encourageant, même s’il reste inférieur à celui des USA et de la Chine.
Nouveau commissaire et budget en hausse pour la défense
13 milliards c’est le budget de la défense européenne qui vient d’être annoncé à la suite de la nomination du Français Thierry Breton comme commissaire chargé de la Défense, et également du marché intérieur, du numérique, des services, de l’industrie, et de l’espace. Les objectifs fixés par cet ancien ministre sont clairs : avoir une industrie de défense indépendante. Idée qu’il a développé lors d’une interview à la BFM Business : « La défense va être un enjeu absolument essentiel pour les cinq ans qui viennent de cette Commission et ce sera sous ma responsabilité, avec pour la première fois la création d’une industrie européenne de défense coordonnée pour partie par la Commission européenne. » Aussi, appelle-t-il à la création d’un fond européen pour soutenir l’industrie de défense et développer les projets communs.
Certes, les 34 milliards investis par les capital-risqueurs pour les start-up technologiques européennes sont d’une toute autre nature que les 14 milliards de budgets pour l’ESA et 13 milliards pour la Défense qui sont des budgets votés par le Parlement européen. Toujours est-il que pour la fin de notre petite démonstration, ces sommes signent un léger frémissement de l’innovation en Europe, et nous pouvons donc oser cette addition. 61 milliards pour l’innovation technologique en Europe, c’est un chiffre significatif qui nous change un peu de la rengaine habituelle – celle qui laisse entendre que l’Europe s’illustre davantage sur la législation et la taxation que sur l’innovation.
Ainsi, comme nous l’écrivions récemment, dans l’édito « Exporter les peurs du progrès, en importer les fruits… un destin européen ? », nous préférons voir une Europe aller de l’avant avec des capital-risqueurs qui investissent des montants records dans les start-up européennes, des parlementaires européens qui votent des budgets records pour l’Espace et mettent des moyens pour que l’Europe puisse se défendre par elle-même. Car plus que jamais nous avons besoin d’une Europe engagée pour les sciences et technologies et pas une colonie d’autres supers-puissances. Mais ne crions pas trop vite victoire.
Cet « engagement pour le progrès technologique » aura besoin d’être encore confirmé. Comme nous le laisse supposer une autre nouvelle passée inaperçue : l’UE vient d’autoriser 8 nouveaux produits génétiquement modifiés pour l’alimentation et l’utilisation… ce qui va dans le bon sens. Hélas ces plantes ne seront toujours pas acceptées pour la culture. Ce qui veut dire que l’on continuera de les importer sans pouvoir les cultiver sur le sol européen. Une situation pour le moins paradoxale qui, elle, reflète une forme de scepticisme technologique qui règne sur le vieux continent[3].
[1] https://2019.stateofeuropeantech.com
[2] http://www.esa.int/About_Us/Corporate_news/ESA_ministers_commit_to_biggest_ever_budget
[3] Today, the Commission authorised eight Genetically Modified Organisms (GMOs), all for food/feed uses (maize MZHG0JG, maize MON 89034 x 1507 x NK603 x DAS-40278-9, maize MON 89034 x 1507 x MON 88017 x 59122 x DAS-40278-9, maize Bt11 x MIR162 x MIR604 x 1507 x 5307 x GA21, the renewals of soybean MON 89788 and of soybean A2704-12, the renewal of cotton LLCotton25, and the renewal of oilseed rape T45). All of these Genetically Modified Organisms have gone through a comprehensive authorisation procedure, including a favourable scientific assessment by the European Food Safety Authority (EFSA). The authorisation decisions do not cover cultivation. All Member States had the right to express their view in the Standing Committee and subsequently the Appeal Committee. Given the outcome of the process the European Commission has the legal duty to proceed with the authorisation. The authorisations are valid for 10 years, and any products produced from these Genetically Modified Organisms will be subject to the EU’s strictlabelling and traceability rules. For more information on GMOs in the EU see here.