Cet article est le troisième de la série intitulée « que dit l’électrotechnique ? » proposée par Eric Van Vaerenbergh. Il fait suite à « Plus d’éoliennes pour mieux décarboner ? » et « Toujours plus de renouvelables sur le réseau électrique c’est possible ? »
Résumé
Même en renforçant ou en adaptant les réseaux électriques domestiques à basse tension, le déploiement massif de panneaux photovoltaïques (PV) restera un rêve impayable dû à la contrainte majeure de deux obstacles électrotechniques antagonistes.
Avec un déploiement massif des installations photovoltaïques, l’augmentation des sections des canalisations électriques va diminuer la probabilité des décrochages des onduleurs.
L’augmentation des sections des canalisations électriques accompagnée d’un déploiement massif des panneaux photovoltaïques va augmenter les niveaux de courts-circuits et la probabilité des incendies dans les habitations domestiques.
La solution à un problème aggravera l’autre problème.
Cette situation électrotechnique antagoniste fera que le déploiement massif des panneaux photovoltaïques sur les réseaux électriques domestiques basse tension restera une situation du « chat qui se mord la queue » et dont les gestionnaires des réseaux électriques ne la résoudront pas demain matin.
On retrouve insuffisamment cette mise en garde dans le discours des défenseurs des ENRINP. Soit c’est volontaire, ce qui serait très préoccupant, ou soit c’est par ignorance ce qui serait très grave.
Dans les deux premiers épisodes (1)(2), nous avons pu conclure qu’augmenter la puissance installée des énergies renouvelables intermittentes et non pilotables (ENRINP) comme les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, et ce, de manière irréfléchie sans respecter certaines limites et complémentarités :
- ne garantissait pas la décarbonation en suffisance d’un réseau électrique carboné,
- pouvait, en l’absence d’énergies renouvelables intermittentes pilotables (ENRIP) et/ou d’énergies renouvelables non intermittentes pilotables (ENRNIP) en suffisance, pérenniser les énergies carbonées. Nous avons vu que cela pouvait nécessiter des puissances installées de centrales carbonées supérieures à la demande de consommation. Nous avons vu que ce besoin était vital pour équilibrer l’offre et la demande sur les réseaux électriques dans les moments de variations rapides de disparitions ou d’apparitions de l’énergie primaire des ENRINP (vent et/ou soleil).
Cette dichotomie entre le problème des surtensions et des courts-circuits est analysée électrotechniquement dans cet épisode 3.
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La puissance de cour-circuit, une notion électrotechnique oubliée ou ignorée
Nombreuses personnes maîtrisent la notion de « puissance électrique active » en Watts (W). Moins de personnes la notion d’« énergie électrique » en Wattheure (Wh) abordée dans l’épisode 1. Encore moins de personnes maîtrisent la notion de « puissance électrique par minute » en Watts/minute (W/min) abordée dans l’épisode 2.
En plus de ces notions, il y en a une qui n’est jamais abordée dans le débat sur les énergies renouvelables intermittentes et non pilotables, il s’agit de la « puissance de Court-Circuit ». Cette notion est pourtant très importante pour garantir la sécurité des personnes et des biens par rapport aux risques électriques et en particulier par rapport au risque d’incendie. Elle a comme unité des volts ampères (VA).
Nombreuses analyses des ENRINP étudient la problématique énergétique en régime de fonctionnement établi. Elles regardent les puissances électriques nécessaires au niveau des moyens de production et des consommateurs sans analyser les modes substransitoires (des temps très courts de l’ordre de la milliseconde) et transitoires (des temps courts de l’ordre de la seconde aux minutes, voir des heures).
Exemples simples :
En régime établi, un récepteur électrique de 1000 W (exemple un chauffage électrique simple) absorbe 1000 W sur le réseau électrique. Il cessera d’absorber les 1000 W lorsqu’on le débranchera du réseau électrique, soit par sa prise de courant soit en interrompant sa connexion avec un interrupteur.
En régime transitoire (3), il se peut qu’un récepteur de 1000 W n’absorbe pas tout le temps 1000 W. Sa consommation pourrait s’adapter fonction d’un asservissement telle une régulation de la température d’une pièce à chauffer. Plus la température de la pièce s’approcherait de la température souhaitée, moins la consommation du moyen de chauffage serait importante. Dans cette situation, on obtient une consommation électrique variable dans le temps et demandant une production électrique disponible à la demande (pilotable) afin de pouvoir maintenir en toute circonstance un réseau électrique en équilibre. Ce pilotage du réseau serait d’autant plus vital par la multiplication de ces systèmes automatisés s’imposant avec des installations modernes cherchant l’efficacité énergétique.
Les régimes subtransitoires peuvent cependant être totalement indépendants des consommateurs. C’est par exemple une situation où un court-circuit entre des phases ou entre une phase et le réseau de mise à la terre se produit accidentellement. Il peut se présenter soit sur le réseau électrique lui-même, soit à l’intérieur d’un équipement électrique.
Lors de la présence de ce court-circuit, toutes les sources (le réseau électrique lui-même et par exemple tous les panneaux photovoltaïques) connectées au réseau électrique vont alimenter le court-circuit le temps que les protections électriques l’interrompent (Relais de protection haute tension, disjoncteurs et/ou fusibles à basse tension).
En Belgique et en France, les niveaux de court-circuit dans les habitations domestiques quand il y a un branchement avec une puissance limitée, ne peuvent excéder 3000A (4). En d’autres mots, le gestionnaire du réseau de distribution doit mettre en œuvre tous les moyens qui s’imposent pour garantir que cette limite ne soit jamais dépassée, sans quoi des risques électriques et plus particulièrement d’incendie, sont beaucoup plus probables (Problème de pouvoir de coupure des protections disjoncteurs, voir même de contraintes thermiques).
Afin de pouvoir vulgariser et mettre en évidence ce problème électrotechnique, prenons un exemple simple repris en Figure 1, mais concret avec une rue où il y a plusieurs habitations (1 à 8) les unes à côté des autres et toutes équipées d’onduleurs de panneaux photovoltaïques. Lorsque dans une des maisons il y a un court-circuit, par exemple dans la maison 7, la puissance de court-circuit du réseau de distribution (le transformateur alimentant le quartier considéré) et la puissance de court-circuit de tous les onduleurs des panneaux photovoltaïques de toutes les maisons connectées au même réseau électrique vont contribuer à alimenter le court-circuit en même temps, le temps que les protections (disjoncteurs et/ou fusibles) interrompent le court-circuit.
Quand on observe les caractéristiques des d’onduleurs, certains fabricants (5)(6) annoncent des valeurs de courant de court-circuit variant en fonction des puissances.
Sur une première période de 30-50 millisecondes, les courants peuvent varier, fonction des fabricants et des puissances des onduleurs photovoltaïques domestiques, de 7,55 A pour les moins puissants à 175A pour les plus puissants.
Pour les temps supérieurs à 30-50 millisecondes, les courants peuvent varier fonction des puissances ces onduleurs photovoltaïques de 4,6 A pour les moins puissants à 159 A pour les plus puissants.
50 millisecondes c’est la période durant laquelle des protections domestiques sont susceptibles d’interrompre un court-circuit, les fabricants des protections annonçant des temps de déclenchement variant entre 1 et 20 millisecondes (7).
Imaginons un réseau électrique domestique alimentant des quartiers de maisons équipés d’onduleurs photovoltaïques générant 4,6 A de courant de court-circuit durant 30-50 millisecondes.
Dans l’exemple repris ci-dessus, en vulgarisant les calculs, la somme des courants de court-circuit de l’ensemble des onduleurs à l’endroit du court-circuit sera de :
ne doit pas être comptabilisé dans la somme des courants pour comptabiliser la valeur des courts-circuits provenant du réseau. Étant donné que la valeur de Itr ne doit pas dépasser 3000 A légalement, nous allons prendre en hypothèse (en réalité cela peut être plus ou moins) que à l’entrée de chaque maison, ne dépasse jamais les 2500 A.
En réalité cette valeur varie fonction des longueurs et sections de canalisations situées entre le transformateur lui-même et les habitations, ce qui oblige la réalisation d’une modélisation par calculs permettant de connaître les valeurs exactes des courants de court-circuit qui peuvent varier d’une habitation à l’autre, fonction de leur position sur le réseau électrique.
Rigoureusement, la somme doit être vectorielle, mais pour faciliter la compréhension des phénomènes électrotechniques, nous allons sommer algébriquement les valeurs de courant en négligeant l’erreur engendrée, celle-ci ayant un impact négligeable sur l’objectif de l’explication.
On peut aussi calculer le nombre maximal d’onduleurs admissible pour ne jamais dépasser les 3000 A de courant de court-circuit qui est la valeur limite et légale.
Dans l’exemple, 108 est le nombre maximum d’onduleurs de panneaux photovoltaïques admissibles sur le réseau considéré pour ne pas dépasser les limites légales de 3000 A de courant de court-circuit.
Prenons maintenant l’exemple ou les onduleurs seraient les plus puissants et délivreraient un courant de court-circuit de 175 A. Dans ce cas la valeur du courant de court-circuit généré serait :
Dans cette situation le nombre admissible d’onduleurs sur le réseau serait déjà dépassé. En réalité le nombre maximum d’onduleurs ne pourrait jamais dépasser :
2,86 (soit 2) est le nombre maximum d’onduleurs de panneaux photovoltaïques admissibles sur le réseau considéré pour ne pas dépasser les limites légales de 3000 A de courant de court-circuit.
Par ces deux calculs simplifiés (où en réalité il faut des modélisations des réseaux précises), on peut voir immédiatement les limites du taux de pénétration des ENRINP décentralisées tels que des panneaux photovoltaïques sur un réseau électrique.
C’est aux gestionnaires des réseaux électriques de s’assurer que cette limite légale de 3000 A, en tout temps n’est jamais dépassée. Son dépassement imposerait la mise en place de moyens de protection complémentaires et éventuellement l’adaptation de tous les raccordements électriques à basse tension domestiques et/ou des installations électriques elles-mêmes (8). Afin de ne pas dépasser cette limite, un cadastre par réseaux électriques des ENRINP installées devrait être rigoureusement suivi. En cas de risque de dépassement de la limite des 3000 A et sans adaptation des raccordements électriques, et/ou des installations elles-mêmes, les gestionnaires des réseaux électriques devraient interdire, pour des raisons légales, le branchement de nouvelles installations photovoltaïques sur le réseau. On peut tout de suite comprendre le sentiment de discrimination que cela pourrait générer parmi les citoyens qui souhaiteraient en installer et qui se le verrait refuser.
Face à ce constat, certains vont argumenter qu’il faut renforcer les réseaux électriques. Le renforcement des réseaux par l’augmentation des sections des canalisations électriques par exemple ou l’augmentation du déploiement de batteries de stockage.
L’augmentation des sections des canalisations ne fera que diminuer les impédances des canalisations, ce qui aura comme conséquence d’augmenter les niveaux de court-circuit et la probabilité de dépasser la limite légale de 3000 A. Le discours affirmant qu’il faut renforcer le réseau électrique en augmentant les sections des canalisations accentuera également l’augmentation des niveaux de courts-circuits et les risques électriques dans les habitations domestiques.
L’ajout de batteries de stockage n’aurait qu’un effet dégradant étant donné qu’elles augmentent la puissance de court-circuit lorsqu’elles sont chargées. Elles ne feraient qu’accentuer dans le mauvais sens le problème évoqué.
2. Les surtensions, une notion électrotechnique qui met hors jeu des panneaux photovoltaïques en surnombre
On entend de plus en plus de citoyens et propriétaires de panneaux photovoltaïques se plaindre qu’ils ont subi des pertes de production d’électricité parce que leur onduleur s’est mis en sécurité (9).
Mais quel est le problème électrotechnique et quelles solutions faut-il envisager ?
Pour le comprendre, il faut analyser les phénomènes de chute de tension distinctement.
Si on prend l’exemple de la Figure 2 avec les hypothèses suivantes,
- l’impédance du câble 1 est identique à l’impédance du câble 2,
- les deux maisons absorbent un courant identique,
- en sortie de transformateur du côté basse tension, on a la tension U fournie par le transformateur.
Le câble 1 va être le siège d’une chute de tension dépendant du courant qui va le traverser. Ce courant peut être une somme de courants absorbés variant en fonction des consommateurs connectés à ce câble. La chute de tension totale à l’extrémité des deux canalisations électriques se calcule par la simple loi d’ohm avec Z en tant qu’impédance en ohm.
Si le courant est nul, la tension de sortie du transformateur se retrouve à une valeur identique à l’extrémité du câble 1 et du câble 2.
Si le courant n’est pas nul, les tensions U3 et U4 aux extrémités respectives de chacun des câbles 1 et 2 seront plus faibles que la tension U en sortie du transformateur. Une chute de tension ne pouvant se produire que lorsqu’un courant traverse une canalisation électrique.
Sur la Figure 2 ci-dessous, on peut voir un dépassement de la limite acceptable de la tension minimale au point A pour tous les utilisateurs situés sur le réseau électrique à droite du point A. Cette diminution de la tension est trop importante et surtout préjudiciable pour le réseau électrique et les équipements qui y sont connectés (10).
Une première solution que certains gestionnaires de réseaux électriques mettent en place sur la Figure 3, c’est l’augmentation de la tension U en sortie des transformateurs à la valeur U5. Cela peut se faire en fonction de la disponibilité des réglages qui existent constructivement au niveau des transformateurs et que des dispositions nécessaires sont prises pour continuer à disposer d’une tension comprise entre les limites non dommageables et normées.
Dans ce cas, le point A sur la Figure 4 sera atteint plus loin sur le réseau électrique et moins de consommateurs seront impactés par une tension trop faible (dans l’hypothèse où il y en aurait entre le nouveau point A et la maison 2) . Évidemment, la limite sera atteinte quand la tension U en sortie de transformateur sera à la valeur maximum du réglage possible.
Ces deux premières situations sont des situations quotidiennes qu’on rencontre sur les réseaux électriques et sans présence de panneaux photovoltaïques.
Voyons ce que cela donne maintenant avec des panneaux photovoltaïques.
Dans cette Figure 4, il est considéré une réinjection maximale de la production des panneaux photovoltaïques sur le réseau via le câble 1 et le transformateur. Il est pris en hypothèse qu’il n’y a pas de consommation sur les équipements situés sur le câble 1 et le câble 2 (les deux maisons) avec aucune injection de courant par la maison 2, celle-ci n’étant pas équipée de panneaux photovoltaïques.
On peut remarquer que cette réinjection crée une tension supérieure à la tension acceptable à droite du point B jusqu’à une valeur U9. Cette surtension est le résultat du passage du courant réinjecté qui crée une chute de tension sur le câble 1. Étant donné qu’il n’y a aucune consommation sur les deux câbles, avec l’absence de courant circulant sur le câble 2 étant donné qu’il est l’extrémité du réseau électrique, la tension U9 est la même sur toute la longueur du câble 2. Toutes les installations photovoltaïques connectées au réseau à droite du point B, étant en situation de surtension, elles ne pourraient pas produire et réinjecter leur production sur le réseau électrique. Leurs onduleurs se mettraient en sécurité par surtension (décrochage si la tension est supérieure à 253V sur une période de 10 minutes et si la tension dépasse 264,5V (11) instantanément) sans même pouvoir commencer à produire. Il est nécessaire de préciser, même si ce problème électrotechnique ne fait pas l’objet du présent épisode, que les niveaux de tensions de 253 et 264,5V sont déjà dommageables pour le matériel électrique et/ou les installations. Par exemple, ils réduisent la durée de vie des équipements électriques.
À présent, sur la Figure 5, prenons l’hypothèse qu’il y a des consommations telles que sur la Figure 2 sur les câbles 1 et 2 avec la présence d’une production des panneaux photovoltaïques issue de la maison 1.
On peut constater une tension U10 résultante au niveau du point de raccordement de la maison 1.
On peut remarquer une tension U11 résultante au niveau du point de raccordement de la maison 2
Contrairement à la situation où il n’y avait aucune consommation (Figure 4, situation qui générait des surtensions sur le réseau et des décrochages des onduleurs), on peut constater dans cette Figure 5 le faite que si les deux maisons consomment de l’énergie électrique en même temps que l’installation photovoltaïque produit, cela diminue les surtensions sur le réseau électrique et évite le dépassement de la tension maximale admissible et le décrochage des onduleurs.
On peut voir dans cet exemple simplifié l’origine de l’augmentation des probabilités des surtensions sur un réseau électrique en l’absence de consommation lorsqu’il y a des panneaux photovoltaïques qui produisent sur le réseau.
Cette situation pourrait contraindre les gestionnaires de réseaux électriques à agir continuellement sur les réglages des tensions de sorties des transformateurs:
– à la baisse lorsque les panneaux photovoltaïques produisent sur le réseau et en l’absence de consommation,
– à la hausse lorsque les panneaux photovoltaïques ne produisent pas sur le réseau et en présence de forte consommation.
Cela nécessiterait pour les gestionnaires de réseaux de revoir trop régulièrement les réglages de la tension de sortie des transformateurs.
L’intégration de dispositifs de régulation de la tension serait inévitable étant donné qu’aujourd’hui, la toute grande majorité des transformateurs ne peuvent faire varier leur tension de sortie que via une adaptation manuelle de dispositifs sur le transformateur lui-même (12) après sa mise hors tension. Ce scénario n’est évidemment pas réaliste et ne peut pas être envisagé.
Parmi d’autres solutions évoquées, la plus annoncée serait le renforcement des réseaux électriques. Un renforcement consisterait à augmenter les sections des canalisations pour diminuer les chutes de tension et donc indirectement les risques de surtensions. Malheureusement, cela aura l’effet pervers d’augmenter les puissances de court-circuit sur le réseau (par diminution des impédances des canalisations électriques) et de limiter encore plus le nombre d’installations photovoltaïques sur un même réseau à cause du problème n°1 évoqué ci-devant. On est face à un problème paradoxal où la solution de l’un accentue le problème de l’autre limitant les installations de panneaux photovoltaïques qu’on souhaite justement augmenter. On se retrouve clairement dans une situation où le chat se mord la queue.
D’autres solutions avancées sont :
– Limiter le nombre d’installations photovoltaïques. On peut deviner les problèmes des règles d’attribution et des potentiels recours judiciaires des citoyens par rapport à des refus.
– la limitation de la puissance injectée pour diminuer les courants injectés lorsque les tensions deviennent trop élevées. Cette solution est évidemment inverse à l’objectif et d’un producteur qui souhaite rentabiliser son investissement en bénéficiant des avantages financiers d’une production maximale possible. On pourrait l’envisager si les producteurs étaient prévenus clairement, ce qui n’est pas le cas et qui n’est pas géré techniquement actuellement. Mais quel producteur conscientisé à l’avance souhaiterait investir dans un moyen de production qui ne pourra qu’être de plus en plus limité au fur et à mesure que d’autres producteurs s’installent sur un même réseau électrique ?
– autoriser le raccordement d’un nombre important d’installations photovoltaïques sous réserve que les onduleurs soient équipés d’une fonction de réglage de la puissance réactive adaptée au problème de tension. Mais cette fonctionnalité présente des limites (13).
Conclusions générales
1) L’augmentation non contrôlée du nombre d’installations photovoltaïques va mécaniquement augmenter les puissances des courts-circuits sur les réseaux électriques. Ces augmentations pourraient générer des dangers pour les installations « domestiques » si la limite de 3000 A (limite appliquée pour la France et la Belgique, une vérification pour les autres pays doit être faite) de courant de court-circuit est dépassée. Les puissances de court-circuit à ne pas dépasser pour des raisons de sécurité (incendie principalement) impliquent d’imposer une limitation des installations photovoltaïques sur un même réseau électrique. La nécessité de la mise en place de batteries locales souvent avancée ne résoudra pas ce problème électrotechnique. Que du contraire, il va l’accentuer étant donné que l’ajout de batteries locales ne fera qu’augmenter la contribution à la puissance de court-circuit sur les réseaux électriques. Ce problème de puissance de court-circuit est trop rarement ou jamais abordé. Il est une contrainte électrotechnique et légale très importante pour la sécurité des personnes et des biens sur les réseaux.
2) L’installation de panneaux photovoltaïques sur un réseau électrique qui n’a pas été dimensionné historiquement pour accueillir de nombreuses centrales de productions d’énergies électriques décentralisées présente de grandes probabilités de surtension et de mise hors service automatique des installations photovoltaïques.
Ces surtensions et mises hors service empêcheront les propriétaires de pouvoir bénéficier de leur production. Cela représente un manque à gagner non négligeable pour les propriétaires et un réel échec par rapport aux besoins de production électrique décarbonée pour atteindre les objectifs climatiques et les coûts engendrés.
Le renforcement des sections des canalisations, solution de renforcement souvent évoquée, où il ne faut pas oublier le besoin d’efficacité en matière d’utilisation des ressources (cuivre, aluminium), pourrait mettre rapidement une limite au déploiement des panneaux photovoltaïques à cause de l’augmentation des puissances de court-circuit que cela générera.
Cela obligerait entre autres de changer toutes les protections incapables de résister à des courants de court-circuit supérieurs à 3KA et situées dans tous les tableaux électriques des maisons individuelles.
L’ajout d’un dispositif de protection limiteur de court-circuit à 3000 A (fusibles adaptés par exemple) pourrait être envisagé, mais il aurait le dangereux inconvénient, s’il n’est pas démultiplié dans les tableaux électriques, de tenter les utilisateurs à l’inhiber étant donné que, quel que soit le circuit où aurait lieu le court-circuit, cela serait systématiquement cette protection générale de limitation qui protégerait et mettrait hors tension toute l’installation et non le circuit individuel incriminé.
Sans prise de conscience de ces contraintes électrotechniques antagonistes, l’ensemble des investissements prévus pour le renforcement des réseaux seront un vœu pieux et un coût qui ruinera les citoyens inutilement, sans compter l’augmentation des risques pour les citoyens.
(4) https://economie.fgov.be/fr/file/83554/download?token=pqw9O1tN – RGIE Sous-section 5.3.5.5.e du livre 1 de l’arrêté royal du 8 septembre 2019 pour la Belgique et le Chapitre 5.7.2 de la norme NF C14-100 dans le cas d’un branchement à puissance limitée pour la France.
(5) https://files.sma.de/downloads/Iscpv-TI-fr-21.pdf
(7) https://www.eaton.com/content/dam/eaton/products/backup-power-ups-surge-it-power-distribution/eaton-catalogue-tertiaire-2020-fr-fr.pdf (page 23/104) – https://download.schneider-electric.com/files?p_enDocType=Catalog&p_File_Name=32AC197F.pdf&p_Doc_Ref=32AC197F (page 428/550) – https://www.researchgate.net/figure/Les-courbes-de-declenchement-4368-Differents-types-de-disjoncteur-Divisionnaire-ou_fig45_329980788
(8) https://www.synergrid.be/images/downloads/technical-prescription-c10-11-ed2-2-20210315-tekst-fr.pdf (page 56/85)
(9) https://www.7sur7.be/belgique/le-reseau-wallon-incapable-d-absorber-l-energie-des-230-000-panneaux-photovoltaiques~ade16113/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F – https://www.lalibre.be/economie/mes-finances/2023/04/03/installations-photovoltaiques-mises-hors-reseau-a-cause-du-soleil-aujourdhui-il-ny-a-rien-de-pire-que-la-politique-energetique-wallonne-4UDFY3LP6NAY7LFJ2PG4WKUGUI/
(10) https://nrjsolaires.com/blogs/news/les-effets-negatifs-de-la-chute-de-tension-le-long-du-cable
(12) https://www.usinenouvelle.com/expo/img/transformateur-sec-mt-011968150-product_zoom.jpg
(13) La gestion de la puissance réactive par les onduleurs, bien que bénéfique pour la stabilisation du réseau, présente plusieurs limites et défis :
1. Limitation de la Puissance Apparente:
Tout onduleur a une limite de puissance apparente (S), qui est la combinaison de la puissance active (P) et réactive (Q) qu’il peut fournir. Si un onduleur est déjà à sa capacité maximale pour la puissance active, sa capacité à fournir ou à absorber de la puissance réactive pourrait être limitée.
2. Efficacité Réduite:
La fourniture ou l’absorption de puissance réactive peut entraîner des pertes supplémentaires dans l’onduleur, réduisant ainsi son efficacité globale.
3. Vieillissement des Composants:
Une utilisation prolongée à haute capacité, en particulier avec des niveaux élevés de puissance réactive, peut accélérer le vieillissement de certains composants de l’onduleur, réduisant sa durée de vie.
4. Inadéquation pour de Grands Déséquilibres:
Dans les situations où il y a un grand déséquilibre de puissance réactive sur le réseau (par exemple, dans un réseau très inductif), la capacité des onduleurs photovoltaïques à fournir de la puissance réactive pourrait être insuffisante pour compenser entièrement ce déséquilibre.
5. Stabilité du Réseau:
Dans certaines situations, une surcompensation réactive (trop capacitive ou trop inductive) peut potentiellement causer des problèmes de stabilité ou des oscillations sur le réseau.
6. Coûts Accrus:
Les onduleurs capables de gestion avancée de la puissance réactive peuvent être plus coûteux que les modèles plus simples. De plus, la nécessité de systèmes de communication et de contrôle pour la régulation en temps réel peut entraîner des coûts supplémentaires.
7. Limites de Communication et de Contrôle:
La régulation efficace de la puissance réactive peut nécessiter des communications en temps réel avec les opérateurs du réseau ou d’autres dispositifs. Les délais ou les interruptions de communication peuvent entraver cette régulation.
Image par Markus Winkler de Pixabay
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