Berlin a donné son feu aval à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2. Ce projet attend encore les autorisations finales de la Finlande, la Suède et du Danemark.
L’agence maritime et hydrographique allemande a approuvé la semaine dernière du projet de gazoduc Nord Stream II, sensé passer par ses eaux territoriales. Piloté par la société Nord Stream 2 AG, une filiale du géant du gaz russe Gazprom, ce chantier vise à doubler les capacités du pipeline déjà existant, Nord Stream I. « Nous sommes satisfaits que tous les permis nécessaires au tronçon allemand (…) aient été établis », a réagi dans un communiqué séparé Jens Lange, haut responsable de la société. « Des permis devant être attribués dans les prochains mois », selon un communiqué de la société Nord Stream.
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé que Nord Stream II « ne présente pas de danger » et aidera à la « diversification des sources d’approvisionnement » du pays, en pleine transition énergétique. Mais Nord Stream II ne semble pas faire l’unanimité en Allemagne. Dans une lettre publiée dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, plusieurs hommes politiques allemands ont ainsi mis en garde contre le projet : « Une véritable coopération ne peut signifier que les Allemands et les Russes acceptent quoi que ce soit sur la tête de nos partenaires européens. L’UE est donc divisée et la confiance est perdue », ont-ils déploré.
Ce projet est en effet décrié par plusieurs pays européens. Ainsi, les parlements polonais, estonien, lituanien, letton, ainsi qu’ukrainien et moldave (hors UE) ont signé une déclaration commune contre le projet Nord Stream 2. Selon eux, le gazoduc « n’a pas pour but la diversification de l’approvisionnement en gaz naturel, mais vise à approfondir la dépendance énergétique des pays de l’UE, en particulier de l’Europe centrale et orientale, à la Russie ». Un bras de fer opposer en effet bras Moscou et la Commission européenne, qui y voit un moyen de contourner l’Ukraine – dont les relations avec Moscou sont glacées depuis l’invasion de la Crimée et son soutien aux séparatistes du Donbass.
Lors d’un dialogue citoyen organisé la semaine dernière à Varsovie, le commissaire au budget Günther Oettinger a réitéré ces craintes : « Ces jours ne sont pas parfaits pour Nord Stream 2. Nous ne devrions pas approfondir notre relation et donc dépendance aux ressources russes. La diversification doit être une ambition première de l’UE. » Le projet attend encore les autorisations finales de la Finlande, la Suède et du Danemark.