L’Allemagne est accusée de se servir de ses réserve stratégique énergétiques pour mentir sur ses efforts de transition énergétique.
Alors que la réforme du marché de l’électricité européen débute, une controverse est venue tendre les échanges préliminaires. La France, la Pologne, l’Italie, la Hongrie, la Grèce, l’Irlande et le Royaume-Uni sont montés au créneau afin de dénoncer ce qu’ils estiment comme une manœuvre déloyale allemande. Les 7 pays accusent en effet Berlin d’avoir transféré en catimini les capacités de production de 8 centrales à charbon vers ses « réserve stratégique » afin de se conformer en apparence aux exigences européennes.
Ces réserves stratégiques constituent ce qu’on appelle des mécanismes de capacité, qui ont pour rôle d’assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité. Ces derniers permettant de financer les centrales électriques – généralement au charbon ou au gaz – qui restent en veille mais conservées en état de marche. Elles peuvent être réactivées comme des réserves stratégiques en cas de surconsommation d’énergie.
« L’une de nos inquiétudes porte sur le manque d’équilibre de l’approche du Parlement européen envers différents types de mécanismes de capacité » explique une missive conjointement écrite par les six états membres, qui demandent que les règles « s’appliquent à tous de la même manière ». Pour eux, « réserves stratégiques […] devraient fonctionner uniquement dans des situations critiques » et non comme un moyen de redistribuer le même jeu à l’insu des autres parties.
« Par conséquent, nous ne pouvons accepter que la priorité soit donnée aux réserves stratégiques en tant qu’option privilégiée […] Par ailleurs, tous les mécanismes de capacité, y compris les réserves stratégiques, devraient respecter les normes de performance d’émissions établies dans le nouveau règlement » note le ministre de l’Énergie polonais, Krzysztof Tchórzewsk, particulièrement courroucé. Varsovie a en effet dû multiplier les efforts pour réduire sa consommation de charbon.
Le secteur électrique allemand est d’une grande complexité, du fait notamment de sa grande décentralisation, de sa dépendance encore importante au charbon, mais aussi de la volonté politique affichée par le gouvernement de sortir du nucléaire – ce qui rend sa marge de manœuvre très réduite au vu de ses engagements de réduction d’émissions de CO2. Si les réformes mises en place par le pays devraient permettre un mix très propre et diversifié à moyen terme, à court terme, Berlin fait office de mauvais élève.
La Commission a validé le système Allemand en février dernier. Mais le Parlement estime que ce mécanisme affranchit les centrales allemandes des contraintes environnementales, y compris des futures limites d’émissions de CO2, et lui permet de devancer les négociations sur la réforme du marché de l’électricité.