L’installation de compteurs intelligents – une des mesures de l’UE pour économiser l’énergie – ne se fait pas au même rythme dans tous les pays de l’Union européenne.
Le compteur intelligent (ou connecté) était annoncé comme la prochaine grande révolution dans la distribution d’énergie en Europe. De fait, ce petit boîtier est capable de transmettre les données aux fournisseurs d’électricité, évitant ainsi le déplacement d’un technicien, et permet aux particuliers de suivre de près leur consommation d’énergie (82% des britanniques disposant de ce dispositif affirment le consulter régulièrement et prendre des mesures pour réduire leur consommation). L’idée est d’identifier les gestes et les appareils qui coûtent cher, les fraudes et de mieux échelonner la consommation dans le temps.
Aussi, dans un souci de réduction de la consommation d’énergie, l’UE a demandé aux pays membres de s’équiper de tel dispositifs. Afin de mieux les accompagner, elle a fixé un objectif de déploiement en deux temps : 80 % en 2020 et 100 % en 2022. Aujourd’hui, 22 pays des 28 pays membres de l’UE ont d’ores et déjà commencé l’installation de ces boitiers, mais l’état de ce déploiement varie largement d’un pays à l’autre. L’Italie, la Suède, l’Estonie et la Finlande sont les bons élèves, ayant déjà atteint l’objectif de 2020 – et même celui de 2030 pour les plus avancés.
Le Royaume-Uni, le Luxembourg, l’Espagne, le Danemark, la Grèce et les Pays-Bas et la France sont bien placés pour atteindre l’objectif européen, malgré la grande complexité de certains de leurs marchés énergétiques. Il existe également des résistances locales fortes dans certains pays – comme la France. Mais d’autre rechignent. Première réserve : le coût de l’opération. Pourtant, « le prix de ces compteurs a diminué. Ils constituent l’une des réponses au défi de la transition énergétique », comme le souligne Brugel, le régulateur bruxellois de l’électricité.
Aujourd’hui, la Belgique, le Portugal, La Tchéquie et la Lettonie sont en retard sur leur déploiement et l’Autriche, pourtant bien partie, s’est retrouvée paralysée, retapée par la complexité de son marché. Même situation en Allemagne, où on compte pas mois de 800 entreprises de distribution d’électricité et quatre gestionnaires de réseaux. La Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, Chypre, la Slovénie et la Pologne rechignent quant à eux encore à une généralisation des compteurs intelligents. Et ce, malgré « un fort taux de satisfaction » dans les pays où ils ont été déployés (Thierry Legrand, spécialiste des questions de distribution d’énergie et contributeur chez Smart Grids).
Derrière ces réserves, on retrouve de nombreuses polémiques notamment sur la nocivité potentielle des appareils, la peur des citoyens d’être piratés via leur compteur connecté ou la protection des données personnelles qu’ils échangent. De véritables campagnes à charge, basées majoritairement sur des spéculations et des arguments fallacieux, ont eu lieu dans plusieurs pays européens.